Chronique de Concert
White Hills + Quètzal Snakes + Vacant Lot
The Vacant Lot est un duo du nord-est des Etats-Unis qui suit les Whites Hills sur leur tournée européenne. Le chanteur guitariste, statique et planqué derrière ses lunettes noires, armé d'une Vox Phantom VI (identifiée après investigation), envoie un déluge de riffs brumeux gavés de fuzz et chante d'une voix désincarnée et lointaine. Il se cale sur son acolyte qui bidouille ses machines et autres laptops planqués derrière un flight case et balance des rythmes et des motifs électro répétitifs. Celui-ci s'emparera du micro sur un ou deux titres. D'emblée, le ton est donné, on pense inévitablement à Suicide et aux Spacemen 3 (j'apprendrai d'ailleurs après coup que le duo a déjà collaboré avec Sonic Boom). Rien de très surprenant, certes, mais on se laisse facilement porter par ces rythmiques entêtantes et ces mélodies à trois accords. Le duo pratique une musique très référencée mais finalement plus subtile et inattendue qu'elle ne le paraît au premier abord, et jouée avec une réelle conviction. Les films stroboscopiques en noirs et blanc projetés au fond de la scène s'accordent parfaitement avec le psychédelisme sombre et electro de The Vacant Lot.
Viennent ensuite les Quètzal Snakes que j'avais vus en ces lieux il y a quelques mois. Le concert met un peu de temps à démarrer (problème d'accordage, on dirait). Ca commence par une plage instrumentale exécutée (ou improvisé?) à une seule guitare, un peu dans l'esprit du Neil Young électrique. Place ensuite à un mur sonique de trois guitares jouées à fond et porté par une rythmique tribale. Le quintet est toujours aussi déchaîné et furieux. On est plus vraiment dans les ambiances garage psyché brumeuses tendance Warlocks de la dernière fois mais davantage dans un trip noisy et urbain.
L'énergie est bien là, les Quètzal Snakes ont une bonne maîtrise de la distorsion et de l'électricité mais cette énergie est un peu trop déployée au détriment des compositions souvent noyées dans ce mur de guitares, et qu'ils gagneraient à peaufiner davantage. Même s'ils ont une réelle présence en live, les Quètzal Snakes m'ont un peu donné l'impression de chercher leur son ou de vouloir donner une nouvelle orientation à leur musique sans que cela ne soit bien défini.
White Hills est power trio qui se définit lui même comme un groupe de "Fuzzed out motorik spacerock.". Cette définition de leur musique parle d'elle-même. Les membres de White Hills vont prouver qu'ils savent allier la puissance du Stoner aux motifs ensorcelants du Space Rock et aux rythmes " motorik " du Krautrock tendance Neu ! et ceci de manière assez originale et jamais prévisible.
Le trio va livrer un set très pro et bien senti. Le guitariste chanteur Dave W. et sa comparse bassiste Ego Sensation sont tous les deux sanglés dans des combinaisons en cuir et ne semblent pas le moins du monde perturbés par les 60 degrés celsius de la salle. Leur jeu est parfaitement en place et leur son très maîtrisé. Ils sont soutenus par un batteur masqué d'un loup argenté qui martèle inlassablement ses fûts. On a droit ainsi à une heure d'un Space Rock puissant et intense, captivant du début à la fin, qui mise aussi sur une certaine finesse grâce aux plans de guitares acides de David W.
La musique des White Hills n'est jamais lourde ou plombante et amène le Space Rock vers des voies inexplorées jusqu'alors. Ils joueront, entre autres, deux ou trois titres de leur dernier album, le trippant et très recommandé So you are...So you'll be. Après un rappel, la tension et la chaleur redescendent. Je sors de la Machine un peu épuisé par toute cette puissance sonique mais plutôt satisfait par cette soirée, riche de par l'éclectisme et la qualité de la programmation.
Critique écrite le 23 septembre 2014 par Phil2guy
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