Avis et critique du concert de Yann Tiersen le 16 mars 2002, La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand, par Pierre Andrieu

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Chronique de Concert

Yann Tiersen

La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand 16 mars 2002

Critique écrite le 18 mars 2002 par Pierre Andrieu

C'est avec un plaisir non dissimulé que j'ai assisté au concert de Yann Tiersen dans une grande Coopé remplie à ras bords. Je l'avais vu en 1999 à Thiers lors du festival Rock Au Max mais j'avais malencontreusement loupé sa prestation à Issoire récemment. Je garde un super souvenir de son concert en plein air à Thiers, les oreilles dans les étoiles. Ce soir, monsieur Tiersen a l'air las et déprimé. Ou il se fait chier, ou bien il n'a pas envie de faire l'animateur de soirée, ce que je comprends tout à fait... Cependant, un petit sourire ou autre chose qu'un "merci" murmuré aurait été agréable. A cause de cette attitude, on a l'impression qu'il enchaîne les titres pour finir le plus vite possible son boulot. Certains, comme Pascal Comelade, trouvent sa musique trop facile, d'autres la trouve trop délibérément mélancolique ; quant à moi, je suis mélancolique et j'aime la facilité, Yann Tiersen répond donc à mes attentes. Trêve de plaisanteries, le succès colossal peut énerver mais ce n'est pas parce qu'il a eu un César et vendu des brouettes de C.D. que par un coup de baguette magique sa musique va devenir trop commerciale pour être écoutée. Il est aussi ridicule de faire un triomphe seulement aux artistes à succès que de les snober parce qu'il vendent des disques.

Le spectacle commence avec "La Valse d'Amélie", la musique d'un très beau film de Jean-Pierre Jeunet, n'en déplaise aux Nains Rockuptibles. Une belle histoire d'amour avec des violons, Audrey Tautou, de l'accordéon et des nains de jardin voyageurs, ça fait du bien ! Tous les morceaux seront magnifiques ce soir, même la coupure de son pendant un morceau interprété seul au violon ("Sur le fil") n'a pas gâché notre plaisir : sans sono, ça le fait aussi ! Les tâtonnements indépendants de la volonté de l'éclairagiste n'ont pas réussi non plus à entamer notre enthousiasme. Suite à une panne ayant tout déréglé, la salle est éclairée pour les moments intimistes, la batterie est illuminée alors que le batteur n'est pas là, laissant le quatuor à cordes et le "chef d'orchestre" jouer dans la pénombre. Un peu énervant mais, de temps en temps, les machines comme les humains se rebellent, qu'y pouvons-nous messieurs dames ? Pas grand chose ! Cette console d'éclairage a du être mal traitée lors de la balance et elle s'est vengée. Cela n'empêche pas Yann Tiersen d'alterner les titres instrumentaux et chantés, tout en changeant très souvent d'instrument : piano, guitare, basse, accordéon, xylophone, melodica, violon...

Dès les premières notes vocalisées par Claire Pichet, je me sens tout ému et je suis bien content d'être dans le noir pour que personne ne me voie y aller de ma petite larme. Certes la chanson est incroyablement belle mais la voix de cette jeune-femme est, elle, totalement bouleversante. Et ce n'est pas fini, c'est maintenant au tour de Christian Quermalet de charmer nos oreilles avec sa voix grave. A la batterie, à la guitare, au chant, seul ou avec les Married Monk, ce monsieur a beaucoup de talent. Comme il faut bien un peu pinailler, il m'a semblé qu'un morceau interprété seul au piano, faisait très fortement penser au thème de "La leçon de piano" de Michael Nyman. Passons... Entendre "Life on Mars" de David Bowie chanté par Neil Hannon aurait été un instant de bonheur supplémentaire mais comme Mick Jagger l'a si bien dit : "You can't always get what you want". J'ai bien aimé les morceaux chantés par Yann Tiersen, sa voix fait penser à Dominique A sur la plupart des titres ou à Gainsbourg quand il reprend le grand Serge. Sa voix est lasse, il n'y met pas un grand entrain mais si on considère la teneur des textes, c'est compréhensible... Peu avant la fin, l'orchestre au grand complet joue "Monochrome". Je vous demande d'arrêter de composer et de chanter des chansons aussi émouvantes sinon je vais encore pleurer, merci.
De temps à autres pendant le concert, les deux guitaristes appuient sur leurs pédales de distorsion pour choquer un peu les fans exclusifs de mademoiselle Poulain. Dans ce même état d'esprit, un long morceau instrumental, bruitiste et dissonant sera joué en rappel pour rappeler que les musiciens font ce qu'il veulent avec leurs notes. C'est sur une présentation complète des protagonistes de ce spectacle façon théâtre que le concert s'achève. A bientôt, à Bourges.

(Photos prises par Hum! à Marseille)

Critique écrite le 18 mars 2002 par Pierre Andrieu
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