Chronique de Concert
Years + The Happiness Project + Do Make Say Think
C'est d'abord Years, projet solo de Ohad Benchetrit, guitariste de Do Make Say Think et Broken Social Scene, qui pose les jalons d'une soirée dédiée à la mélodie. Celle qui pétille, celle qui étirée jusqu'à plus soif vient s'immiscer dans chaque parcelle de chair et d'âme. Ohad est un orfèvre doublé d'un perfectionniste. Years est un réceptacle qui rassemble tout le matériel sonore qu'il n'a pas pu faire éclore au sein d'autres projets, et se veut donc particulièrement hétérogène. 3 morceaux et 3 guitares (dont celle offerte à sa fille pour son 4ème anniversaire) pour 3 façons de distiller une atmosphère intimiste non dénuée de moment électriques et puissants. Epaissi par un jeu de boucles et une ligne de trompette, le propos de Years sait atteindre des apogées véritablement orchestrales et enthousiasmantes.
Parfois, il suffit de regarder juste sous son nez pour dénicher une source d'inspiration et de création. Cela, Charles Spearin l'a bien compris. C'est en observant son voisinage du downtown Toronto que le bassiste de Do Make Say Think trouve de quoi nourrir The Happiness Project, une entité thématique couchant en musique les expressions gestuelles, vocales et finalement sensorielles au sens large, du bonheur.
Rejoint par la majeure partie des membres de Do Make Say Think, Charles use de phrases et de discours enregistrés auprès de ses voisins comme base rythmique et/ou mélodique. Progressivement, le tout est décliné en véritables morceaux qui font le lien entre le "parlé" et le "chanté". Difficile d'être totalement envoûté par ce processus très personnel, et ce malgré les quelques explications contextuelles de Charles avant chaque tirade. Le set contiendra tout de même son lot de moments fébriles et intenses, notamment lorsque les deux batteurs, à l'unisson et tout en force, propulsent le tout vers l'avant.
Do Make Say Think est sans aucun doute une des meilleurs cartes du label Constellation Records. En presque 15 ans d'existence, le collectif de Toronto a forgé une poignée d'albums incontournables qui jalonnent tout un pan des musiques instrumentales. Leur marque de fabrique est avant tout cette propension naturelle à joindre les 2 pôles, comme un trait d'union entre la mélancolie dépressive et les moments de pures béatitudes.
Ce n'est pas leur dernier album qui fera dire le contraire tant les 2 faces apparaissent comme le yin et le yang, opposées mais aussi complémentaires. Leur long set sera à cette image - céleste puis minimaliste, hanté puis rassurant, sombre puis ensoleillé - mais toujours emprunt de cette poésie contemplative qui fait le propre de l'âme de Do Make Say Think.
Deux guitares, deux batterie, deux trompettes, un violon, une base et un saxophone, de quoi faire voler en éclat chaque fragment de silence, de quoi construire de véritables épopées musicales, riches et viscérales ("Make", "Auberge Le Mouton Noir"), qui resteront comme les points d'orgues d'un concert tout en contraste. Alignés comme pour matérialiser leur mur sonore, les canadiens ne faibliront à aucun moment. Alternant les atmosphères, jouant du quasi-mutisme comme des fracas les plus assourdissants, Do Do Make Say Think déverse un faisceau d'émotions d'une grande richesse et surtout d'une grande sincérité, palpable jusque dans les regards et les sourires exaltés de chacun des interprètes.
Pioché dans l'ensemble de leur large répertoire, chaque titre est exécuté avec un engagement passionnel total et un dévouement particulièrement touchant, jusqu'aux 2 rappels, qui finiront de convaincre que Do Make Say Think est définitivement un groupe majeur, intègre et surtout extrêmement créatif. Leur nouvel album, Other Truths, arrive à point nommé pour réchauffer les coeurs au creux de l'hiver.
Chronique initialement publiée sur www.metalorgie.com
Critique écrite le 08 novembre 2009 par Senti
Envoyer un message à Senti
Voir toutes les critiques de concerts rédigées par Senti
> Réponse le 10 novembre 2009, par Pirlouiiiit
Quid de Deschamps sensés ouvrir ? ça a été annulé ? Réagir
> Réponse le 10 novembre 2009, par Sami
Deschamps ont joué très tôt dans la soirée, deux titres d'au moins dix minutes chacun, hypnotiques et assourdissants à souhait, mais encore fallait il pouvoir accéder à la petite salle où ils étaient programmés, certains s'en sont vu refuser l'entrée pour d'obscures raisons. Je partage l'enthousiasme de Senti pour ce concert de Do May Say Think, une musique belle et puissante qui vibre de tous ses pores, finalement assez accessible depuis le succès d'Arcade Fire qui leur doivent beaucoup. Réagir
Do Make Say Think : les dernières chroniques concerts
Do Make Say Think / The Happiness Project / Years par Nikko
Le Ramier, Toulouse, le 02/11/2009
Que dire de ce concert... J'ai presque peur d'écrire quelque chose ou de tenter de décrire avec des mots, ce concert si particulier, si riche, et qui a tout simplement été... La suite
Montévidéo - Marseille : les dernières chroniques concerts
Charlie O. + La Maison Tellier + Petit Fantôme (Festival Avec le Temps / Gravitations) par Pirlouiiiit
Espace Montevideo, Marseille, le 12/03/2017
Cette année le festival Gravitations couplé avec la presque fin de celui de Avec le Temps tombe en même temps que le Ccarnaval de la Plaine. Il a plu, ce matin mais ça n'a pas... La suite
Laydown par Phil2guy
Montevideo - Marseille, le 19/10/2016
Dans le cadre des mercredis de Montevideo, le GRIM a fait venir ce soir Laydown, trio mené par l'hyper actif (et décidément très doué) Pedro Lopez, guitariste chanteur que l'on a... La suite
Festival B-Side : Moon Duo + Acid Baby Jesus par Phil2guy
Marseille- Le Grim, le 01/06/2015
L'avant dernière soirée de la 8ème édition du Festival B-side se déroule au GRIM qui accueille une formation très attendue, les californiens de Moon Duo, lancés sur une tournée... La suite
Siestes Acoustiques-Festival Gravitations par Phil2guy
GRIM-Marseille, le 19/04/2015
Question : comment un tuer un dimanche après-midi pluvieux ? En allant assister aux Siestes Acoustiques au GRIM dans le cadre du Festival Gravitations organisé par le chanteur... La suite