Chronique de Concert
Fatals Picards (+ Roultaboul et les Banaboo)
Ce vendredi soir, deux membres curieux de LiveinMarseille ont bien failli rater la sauterie des Fatals Picards, pour cause de traquenard - qu'on se le dise, la gastronomie en resto associatif et un timing serré ne sont pas forcément compatibles. D'autant qu'en arrivant à l'Espace Julien, la billeterie fermée, restait à convaincre ses (toujours ô combien aimables) videurs de soit nous laisser passer, soit de bien vouloir nous chercher quelqu'un de la salle. Mais bon, vous avez déjà vu un videur comprendre vos problèmes, vous ?
Décliner son pedigree pour essayer de les convaincre et se faire envoyer caguer comme de vulgaires resquilleurs a quelque chose d'extrêmement déplaisant - pas une folle envie non plus de leur expliquer qu'on a déjà écrit bénévolement des centaines de chroniques de disques et de concerts (dont quelques dizaines ici-même), que les artistes qui ne gagnent presque plus d'argent sur leurs disques ont besoin de remplir les salles de concert et que nous y contribuons de notre mieux depuis des années, que si les artistes ne tournent plus un jour, la salle fermera et leur emploi disparaîtra, etc, etc.
A propos, petit message perso au type avec le pass all-access et le t-shirt Roultaboul et les Banaboo : tu ne pouvais rien pour nous (même pas aller poser une question à quelqu'un...) ? Je ne peux rien pour ton groupe non plus, à part dire que ça a l'air de ska local tout à fait standard et que finalement j'ai sans doute bien fait de ne pas arriver trop tôt...
Bref un appel au secours à notre Pirlouiiiit préféré et un autre à l'organisation (qui était bien là, évidemment) nous ont permis d'entrer quand même et d'atteindre la salle à la seconde où les Fatal Picards sont arrivés sur scène ! De ce groupe on connaît surtout le dernier opus, le plutôt bien torché Pamplemousse Mécanique qui nous a fait franchement marrer - et c'est bien de celui-là qu'ils vont jouer le plus !
Avec des textes méchants et drôles (à condition de ne pas les écouter trop souvent - c'est toute la faiblesse d'un groupe au ton humoristique), avec un son rock qui tient bien la route et un passage remarqué à l'Eurovision où ils ont fait avant-derniers (oui, c'est vrai, c'est dommage d'échouer à une marche du podium, je trouve aussi... je crois que seuls les Wampas pouvaient faire mieux et d'ailleurs j'avais voté pour eux !), les Fatal Picards ont acquis une notoriété certaine qui leur permet de remplir convenablement l'Espace Julien (à défaut de le bourrer).
Et ce notamment avec ce public que je croise parfois et que j'appelle de "(télé)spectateurs" - et ce n'est pas péjoratif (disons, qui vient pour ce qui a été vu à la télé) et qui a des avantages : des gens qui ne semblent pas aller très souvent voir des concerts mais qui du coup font preuve d'un enthousiasme réel - le genre qui tape dans les mains et chante les refrains sans se faire prier. Le genre aussi, et ça c'est un peu moins drôle, qui venant au concert une fois par an, parce que c'est son groupe préféré, connaît du coup absolument toutes les paroles par coeur et veut le montrer. C'était le cas de notre voisin, qui ne les chantait toutefois pas aussi juste qu'il semblait le croire.
Bref la salle semble déjà convenablement chauffée quand Yvan & Paul, sapés comme pour un mariage Deschien, entrent sur scène avec leur groupe. Puis nous invitent d'entrée à Applaudir comme des malades (titre approximatif puisque c'est une des chansons bonus du Pamplemousse), puis à groover sur le folk-rock très enlevé de Moi je vis chez Amélie (Poulain bien sûr...) et celui de la Française des Jeux. Petit moment de calme pour se faufiler plus devant avec le Mariage de Kevin et d'ma soeur... du vécu pour eux, pour nous aussi - qui n'a jamais été assis avec un sale con à un mariage ?! Voilà ensuite l'un de nos préférés, la très maligne, drôle et méchante Sécurité de l'Emploi (tous mes amis instits l'adorent) - c'est quasiment le pogo dans la fosse, quelques slammeurs font même un tour de chauffe.
Entre les chansons, leurs dialogues déconneurs sont suffisamment naturels pour qu'on puisse les croire improvisés - c'est rodé et drôle, que ce soit pour introduire l'hilarante Seul et Célibataire (et ses fabuleuses comparaisons : comme Claude François chez Castorama, comme une orphelin à la fête des mères... quasiment du Groland dans le texte !), pour se moquer de Superbus, ou pour saper le moral à l'inventeur du calimucho, alias ce salopard de Djembe Man (que je fréquente beaucoup moins, je dois dire, depuis la fin de mes études !), ou encore pour se moquer des gens (et dieu sait qu'il y en a surement ce soir) qui confondent droite et gauche au moment de voter...
Enchaînement subtil avec la jolie Mon père était tellement de gauche puis prétexte à de la chansons de gauche sérieuse avec les Bourgeois, java punk qui fait en effet assez Têtes Raides. Voici alors L'amour à la Française, qui rend vraiment bien, dansante et tout (leur groupe est impeccablement en place), et en tout cas mieux qu'à la télé ! Puis une chanson très bien sur les chasseurs (Chasse Pêche et Biture après enquête), inconnue de nous mais bien cruelle, tout autant que la formidable Commandante (qui sonne un peu moins Noir Désir que sur album, mais quand même !), après un "vibrant plaidoyer" contre la guerre ! Je redécouvre par contre la très drôle Goldorak est Mort (qui les avait fait connaître), avec un petit pogo, qui conclut déjà la première partie après 1 h 10 (déclenchant une légère panique à la console de son - "Eh, oh, dis-leur qu'il leur reste 40 minutes à jouer !!").
Evidemment nos spectateurs enthousiastes ne se font pas prier et les rappellent très vite. Pour toi Public (?) leur permet un délirant discours misogyne (les femmes, les chiens, les punks, tous égaux !), avant d'enchaîner sur la défoulatoire Bernard Lavilliers (un type qui semble les avoir pas mal énervés !), chanson qui fait jumper le public en rythme. Le rappel se conclut sur Dors mon fils (là aussi ça sent le vécu) - pas mes chansons préférées en somme. Le deuxième rappel sera plus enthousiasmant, avec la reprise punk-rock de Partenaire Particulier, puis la terriblement débile mais irrésistible chanson Schizophrène (pas entendu un truc pareil depuis le Julien des Nonnes Troppo) et enfin celle du Punk à chien, très conne et (donc) très drôle.
Au final on repart en se disant qu'on est peut-être un peu vieux pour ce genre de groupes de rock pour djeuns - les musiciens semblent pourtant avoir notre âge... Et cependant leurs parodies semblent bien s'adresser à des gens de notre génération (ados ayant écouté Cure puis Noir Désir par exemple), la preuve en est qu'on a encore une fois bien rigolé à les écouter ! Au final après une arrivée catastrophique et après avoir failli renoncer, on a donc passé un très agréable moment. Merci à Sonia de l'Espace, merci aux Fatal Picards, et bonne route !
PS : 3 petites vidéos souvenir (a'y est !) par ici !
Critique écrite le 10 novembre 2007 par Philippe
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> Réponse le 12 novembre 2007, par syl20
[espace julien - 09-11-2007] Alors en reponse a ta critique, le voisin qui chante par coeur les chansons des fatals picards c'etait moi et je n'ai jamais eu la pretention de chanter juste :) Concernant la chanson chasse peche et biture si elle est inconnu de vous c'est que vous avez pas du bien prendre le temps d'etudier la fiche (NdPh : eh oh, reste poli, je ne suis pas journaleux ! ;-)) des fatals puisque c'est une des chansons phare du debut des fatals ( au meme titre que goldorak) Je vous siganle que les (télé)specateurs se trouvaient tous a l'arriere de la salle ceux qui se trouvait dans la fosse etaient tous des personnes qui aiment aller a des concerts (on est pas obligé de connaitre les paroles pour aimer la musique ) concernant les roultabouls dont je suis fan aussi la tu as tout faux ....... au... La suite | Réagir
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