Chronique de Concert
Ich Bin Dead + The A-Phones
Le marathon rock de la semaine commencé en compagnie, qui de Kid Congo, qui du Legendary Tiger Man, se continue en réconciliant ce soir les factions dissidentes autour du nouveau gang prometteur - et vraisemblablement futur meilleur groupe de punk-rock phocéen du monde : The A-Phones, suivi d'un retour très attendu, revu et corrigé des déjà cultes Ich Bin Dead. La Machine est remplie des gens "bien élevés" (sorry, private joke) qui aiment cette scène-la, et qui ne sont ce soir pas tout à fait assez nombreux pour la remplir. A croire que le nom finalement retenu par le groupe n'est pas aussi vendeur que Lollipop Steph and the FNAC Fuckers que nous avions pourtant élaboré, le Pinguin, Stéphane et moi suite à un long et embrumé brainstorming ici-même, et qui sur le moment (et encore maintenant) me paraissait prettycoolissime.
Allez savoir, après tout ce nom-ci n'est peut-être pas définitif, au train où vont les choses ! Quoi qu'il en soit personne ne veut rater l'apparition du barman du Lollipop Music Store, Stéphane tout seul devant au micro, et notamment pas son collègue de burlingue qu'il a du stresser toute la semaine... C'est un peu comme quand Jack Black lance son propre groupe à la fin de High Fidelity, on l'attend un peu au tournant !
Et puis aussi, c'est le X-ième nouveau groupe dans lequel vont se produire des éléments de classe reconnue, dans un mélange toujours plus consanguin : Miguel l'homme qui vit dans un blouson en cuir toute l'année et qu'on ne déballe que pour taper des peaux comme un sourd, le célèbre requin de scène, ingé-son et remplaçant V.I.P Marc, aperçu dernièrement en tournée mondiale avec les Hatepinks, et le toujours très classe et impassible Fred à la guitare, ex-Neurotic Swingers, ex-ceci et cela comme tous ses potes....
Bref, faisons comme si on ne les connaissait pas ces 4 jeunes et beaux garçons & please welcome, Ladies & Gentlemen, The A-Phones ! A leur entrée sur scène, devant une salle d'en haut qui a fini par se remplir très bien, il convient de noter une légère tension d'appréhension, celle d'un groupe qui ne veut pas rater sa première sortie et n'a donc pas osé se droguer convenablement pour arriver déchiré comme n'importe quel haineux aggravé... Quoi qu'il en soit, le chanteur n'est certes pas aphone - on retrouve au contraire avec bonheur son timbre teigneux et sautillant, qui rappelle immanquablement les riches heures des Neurotic Swingers : manifestement on l'entendait plus qu'il n'y paraît, sur les disques du gang sexy & mystérieux disparu il y a quelques 2 ans environ. Ses comparses braillent bien volontiers les choeurs en cadence avec lui - le résultat est assez puissant !
Sur le créneau étroit du punk-rock phocéen (ce qu'on appelle une niche marketing), les A-Phones se placent semble-t-il à l'exact mi-chemin entre le basique jouissif (axe Hatepinks-Aggravation) et le mélodieux élaboré (axe Neurotics-Elektrolux), il va donc bien falloir écrire quelque part, au risque qu'ils prennent le melon d'entrée, que ça sonnait carrément bien ! Bon, avec quelques décibels de trop à mon goût, mais Paulo prétend que c'est parce que je suis devenu trop vieux pour ces conneries - il a probablement raison. D'ailleurs j'ai tenté le local fumeur porte fermée et j'ai trouvé le son meilleur - hélas, je suis un faible, j'ai abandonné la clope, je ne pouvais donc pas rester, c'est interdit par la loi.
A signaler surtout, leurs morceaux, certes dans un style entendu un bon millier de fois, semblent tout de même avoir fait l'objet d'une vraie construction, avec durée de plus de deux minutes, couplets et refrains, ponts au milieu, montées et descentes ... de la bien belle ouvrage qui change un peu du concours de la chanson la plus courte et la plus débile en vogue dernièrement (OuPuPo). Je n'ai rien reconnu, je postule donc que c'est des compositions (après, qu'on ne me demande pas s'il y avait pas une reprise des Avengers ou des Briefs, je suis un parfait ignare de cette scène hors Marseille...).
Ils les enchaînent à un rythme soutenu, les titres, histoire sans doute de ne pas avoir le temps de paniquer ni de réfléchir entre deux, il me semble qu'ils ont passé au moins 10 chansons en 30 minutes ! Je pronostique que le single 45 tours sera la vraiment très classe qui fait Gimme More Reason, à moins que ce ne soit (d'après set-list) Hate Punk Rockers qui dépotait pas mal aussi, tout comme le final French Movies. La salle finit très en joie, un petit mosh pit démarre même dans les derniers titres. Premier concert tout à fait réussi donc, nul doute qu'après avoir tourné un peu, le groupe a encore une marge de progression dans l'assurance à défendre son meilleur argument : l'expérience !
Après un interlude, on retrouve avec joie le saignant quarteron Ich Bin Dead, tout de rouge et de noir vêtu - la petite étincelle de folie meurtrière qui s'allume dans l'oeil du guitariste Pascal, comme à chaque fois qu'il monte sur scène, laisse à supposer qu'on ne va pas mollir. Petite surprise, le très recommandable Rock'n'Rud a disparu du groupe et un point me frappe soudain : ce doit être la première fois que j'enchaîne deux groupes de punk-rock-garage marseillais ici, sans que Rudy joue dans l'un des deux... Il a été transformé en une jeune fille à frange jouant sur un orgue genre Farfisa, rouge lui aussi - force est de reconnaître que cela enrichit le son du groupe. Après, j'aimais bien aussi cette confrontation de deux guitares sans basse... mais il est vrai que le père Rud' ne peut quand même pas jouer dans tous les groupes de la ville, pas vrai ?
Bref, ça sonne pétaradant et motivé, très sûr de soi et en forme, et ils jouent semble-t-il une bonne part de nouvelles compositions. Axelle chante toujours la plupart du temps en français et je trouve toujours ça courageux (je reconnais Chuchumita - Fais pas ci, fais pas ça !), elle aussi a pris de l'assurance, d'autant qu'elle a désormais une copine pour l'appuyer. A force, ça finira bien par être un groupe de gonzesses, Ich bin Dead, y'a plus qu'à virer Mat le batteur stylé et Pascal le guitariste poseur, et recruter deux filles à frange à la place, et on les tient, nos Dead Clodettes locales !
A moins qu'au contraire, on ne vire ces meufs au profit de deux gangsters tatoués cuir afin d'obtenir une alternative français aux Lords of Altamont - je veux dire, en gardant l'orgue bien sûr ! Enfin, je dis ça, c'est juste des suggestions pour le prochain groupe à inventer, évidemment celui-ci sans Axelle ne ressemblerait plus à I am Tot ! Et puis est-ce que ça sonnerait quand même sans la tension amoureuse entre guitariste et chanteuse ?!
Pour le positionnement, il est ici plutôt question de garage, quelques débordements punks maîtrisés, et une composante rockabilly dûe à l'excellent guitariste qui monte souvent se percher pour mieux nous toiser. A ce sujet je questionne son frère Gasoil sur l'hypothèse plausible qu'il s'épile sous les bras - hélas, il ne pourra ou ne voudra pas me renseigner...
Pendant ce temps, ça brasse devant, on ramasse les gens au fur et à mesure qu'ils se font tomber les uns les autres, grosse ambiance. Encore une fois, belles et bonnes chansons construites, probablement encore meilleures qu'avant, c'est un régal - I wanna have fun tonight, ils sont applaudis/conspués chaleureusement, notamment quand Pascal entame une riff des Stooges - heureuse influence que celle-ci, qu'on entend notamment sur leur Hôtesse de l'Air , tube de leur premier 45 tours, ce truc bleu tout dégueu fabriqué au pochoir ! Espérons tout de même qu'ils n'ont pas jeté à la poubelle toutes leurs autres anciennes compos, dont certaines étaient vraiment cool.
Bref, on a passé comme d'habitude une excellent moment à la Machine, on tente encore une fois sans y parvenir de finir le bar en ricanant entre collègues, et on sort en titubant un peu dans la rue Jean Roque comme d'habitude, avant d'insulter les voitures du Cours Lieutaud qui tentent, comme d'habitude, de nous écraser. Business as usual - assurément, Marseille est toujours capitale culturelle de la scène punqueroque, la meilleure du monde !
Photos ratées, par Philippe, réussies, par Pirlouiiiit !
Et à la demande générale, 2 vidéos d'Ich Bin Dead et 2 des A-Phones !
Plus de photos (et videos) de Ich Bin Dead par Pirlouiiiit en cliquant ici
Vignette : tricot du Mystic Punk Pinguin (ultra-collector)
Critique écrite le 25 avril 2009 par Philippe
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