Chronique de Concert
Jean-Louis Murat + JP Nataf
Rendez-vous parisien couronné de succès pour le toujours taciturne et imprévisible songwriter made in France Jean-Louis Murat, pour une fois quasi muet entre les morceaux, sauf lors d'un court hommage à Bernard Lenoir, grand soutien de l'auteur de Mustango dans sa défunte émission sur France Inter... Après l'Alhambra en novembre 2010, cette fois, c'est au Trianon, très beau théâtre rénové avec goût, qu'a lieu la grand messe donnée pour les fans. Et avec JP Nataf en première partie, pour un court set bien envoyé - façon trio folk rock pop sonnant près de l'os - mais un peu tristounet...
A l'heure exacte annoncée, 20h25, Murat et son groupe (Fred Jimenez à la basse et aux churs, Stéphane Reynaud à la batterie et Slim Batteux à l'orgue, tous les trois à saluer pour leur prestation) montent sur les planches avec la ferme intention d'enchainer - en guise d'entrée et de plat de résistance - les titres du dernier album, le léger, intense et long en bouche Grand Lièvre... Toujours facétieux Jean-Louis, puisqu'il décide de dérouler son oeuvre la plus récente à l'envers et en omettant de jouer l'une des meilleures nouvelles compositions, Je voudrais me perdre de vue. Pas bien grave puisque le disque est globalement très bon et que les titres choisis sont joués avec foi et concentration... Seul gros hic, un son de basse bourdonnant qui couvre le reste des instruments au début du set. C'est énervant d'autant que les chansons sont superbes, que les lumières sont réellement admirables (et parfaites pour l'univers muratien) et que Monsieur Bergheaud est en forme vocale.
Le temps de bougonner un peu dans notre barbe contre l'ingé son, de demander à un couple d'amies si elles comptent parler à voix haute pendant tout le concert, de s'enquiller prestement une pinte et le concert décolle définitivement avec l'époustouflant titre Alexandrie : arpèges de Telecaster en son clair, voix bouleversante, rythmique subtile et orgue délicat... Renversant ! Désormais c'est le bonheur total, les titres font tous mouche, transportant littéralement l'auditeur en apesanteur dans un océan de poésie, de parties vocales susurrées avec malice ou vociférées avec hargne, de guitares flottantes et d'orgue Hammond planant... Un dernier titre de Grand Lièvre, Qu'est ce que ça veut dire, puis on passe aux morceaux plus anciens avec Mousse Noire et Yes Sir, qui font décoller vers un ailleurs très, très jouissif. Enfin, place aux tubes du Monsieur : Foule Romaine, dont le refrain est timidement repris en choeur par le public, une version impeccable du classique Jim et une désormais incontournable reprise d'Alain Bashung, Alcaline, joliment lardée de six cordes intersidérales...
Lors de l'entame du deuxième titre du premier rappel, Jean-Louis Murat choisit de s'exprimer pour la seule fois de la soirée (si l'on excepte les brefs " bonsoir " et " merci " et un fort aimable " on m'avait bien dit de ne pas venir à Paris " pour titiller une assistance un peu molle) et ses mots sont pour une personne présente dans la salle, un certain Bernard, Bernard Lenoir : " si je ne l'avais pas eu dans ma petite carrière, je ne serais pas là ce soir " et " sans lui, toute une génération serait passée à la trappe". S'en suit une interprétation à tomber à la renverse des Voyageurs perdus, très émouvante chanson de l'album Tristan introduite par des " Bernard, Bernard " et conclue par force " Merci Bernard ". Auxquels on ne peut que s'associer compte tenu du nombre d'artistes peu consensuels défendus par l'homme de radio, en particulier avec ses fameuses Black Sessions diffusées en direct. Sortie de scène sous les acclammations fournies puis finale avec l'incunable Les Jours du Jaguar, très Neil Young & Crazy Horse (intro super distordue, riffs titanesques, entrelacs d'effets, texte surréaliste et cryptique), le petit plus qui achève de contenter le public, en extase à la fin du show.
Photos : Franck Loriou (1) et Carole Epinette (2, 3, 4 et 5)
Jean-Louis Murat sera en tournée fin 2011 puis à partir du mois de mars 2012...
A lire également, une interview de JLM à propos de l'album Le Cours Ordinaire Des Choses, ainsi que des entretiens avec Murat en novembre 2006 (sur Taormina), octobre 2004 (sur A bird on a poire), octobre 2003 (sur Lilith) et juin 2003 (sur le concert pour Koloko)...
Liens : www.jlmurat.com, www.myspace.com/jlmurat, www.facebook.com/jeanlouismurat, https://twitter.com/jeanlouismurat, www.leliendefait.com, www.surjeanlouismurat.com.
Critique écrite le 14 novembre 2011 par Pierre Andrieu
Envoyer un message à Pierre Andrieu
Voir toutes les critiques de concerts rédigées par Pierre Andrieu
> Réponse le 14 novembre 2011, par Francine
Première fois pour un concert de Jean Louis Murat... Concert au Trianon à Paris, très beau site ! Super concert ! Du Rock, du dynamisme, de la pêche, d'excellents musiciens, une salle pleine à craquer sur 2 étages. Une ambiance du tonnerre ! de beaux textes ! Du bon rock ! La tournée de Jean-Louis Murat est à ne pas manquer donc... qu'on se le dise !!! Réagir
> Réponse le 16 novembre 2011
Merci pour le lien vers www.surjeanlouismurat.com J'ai assisté à deux concerts de la tournée (KAO Lyon, La SOURCe Fontaine-Grenoble) et la réaction des fidèles a souvent été : c'est le meilleur concert de Murat auquel j'ai assisté. problème de basse à Lyon aussi... Et ce n'est pas la première fois non plus... A Lyon sr une précédente tournée, je me rappelle d'une dame au bord de la scène qui avait interpellé Jean-Louis Murat entre deux chansons à ce sujet... Réagir
Jean-Louis Murat : les dernières chroniques concerts
Jean-Louis Murat par Pierre Andrieu
La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand, le 12/04/2022
C'est à un Jean-Louis Murat des grands jours auquel le public du club de La Coopé a eu droit le 12 avril lors de l'étape clermontoise de sa tournée pour présenter l'album "La... La suite
Jean-Louis Murat (Festival Hibernarock 2022) par Pierre Andrieu
Théâtre municipal d'Aurillac, le 02/03/2022
Début de tournée réussi - et gentiment chaotique - de Jean-Louis Murat au théâtre d'Aurillac pour son retour sur scène après plus de deux ans d'arrêt forcé, et ce avec un... La suite
Jean-Louis Murat + Matt Low par Pierre Andrieu
La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand, le 22/11/2018
Après une balade de nuit - superbement éclairée par la pleine lune - sur un des puys qui dominent Clermont-Ferrand, on se rend à La Coopérative de Mai pour les concerts de Matt Low... La suite
Jean-Louis Murat + Matt Low (concert pour Koloko 2016) par Pierre Andrieu
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand, le 25/02/2016
Excellente édition 2016 pour le traditionnel concert humanitaire pour Koloko donné par Jean-Louis Murat à la Coopé tous les ans en juin... Plein de monde dans le club, qui affiche... La suite
JP Nataf : les dernières chroniques concerts
Sieste acoustique avec Babx, David Lafore, Bastien Lallemant, JP Nataf, Albin de la Simone, Chiara Bartalucci, Colombe Boncenne (festival Oh ! Les Beaux Jours) par Luciiiiie
Mucem, Marseille, le 27/05/2022
Ce vendredi n'est pas un jour comme les autres puisque mon collège fait le pont. Nous en profitons pour aller assister à ma deuxième sieste acoustique. Je n'ai pas de souvenirs... La suite
Gaïo + Les Colettes + JP Nataf par Cabask
Nomad Café - Marseille, le 16/12/2010
Triple ration de live ce jeudi soir au Nomad Café pour la venue de JP Nataf. Après une attente un poil longue-et surtout froide- devant l'entrée, nous sommes donc calés bien au... La suite
JP Nataf + Gaëtan Roussel par chlorophil
Salle Polyvalente - Montfavet , le 27/11/2010
Autant le dire tout de suite, je risque de me fâcher avec environ 1200 personnes avec cette chronique... Autant vous prévenir tout de suite, j'étais venu pour voir JP Nataf, et pas... La suite
Le Trianon, Paris : les dernières chroniques concerts
Le Tigre par Coline Magaud
Le Trianon, Paris, le 11/06/2023
Hier, on est rentré à 3h30 du matin, aujourd'hui, il fait chaud, moite et on est dimanche. Dit comme ça, la volonté de sortir de chez soi se trouvera grâce à un pied de biche. Mais... La suite
Metric par lol
Le Trianon, Paris, le 04/02/2023
Je le confesse, je n'avais jamais entendu parler de Metric avant ce concert du Trianon. Ce ne sont pourtant pas des perdreaux de l'année puisque le groupe est en activité depuis 25... La suite
Saxon par Electric Eye
Le Trianon, Paris, le 09/12/2022
Dans le Heavy Metal anglais, il y a l'aristocratie, représentée par Judas Priest et Iron Maiden, et puis il y a le prolétariat, défendu par des groupes comme Diamond Head et... La suite
Blue Öyster Cult par Electric Eye
Le Trianon, Paris, le 20/10/2022
Treize ans que la Secte de l'Huître Bleue (aka Blue Öyster Cult) n'avait pas mis les pieds à Paris. Presque une génération. Depuis une soirée mémorable sponsorisée par... La suite