Chronique de Concert
Julien Doré and the Bash + Greg Fontaine
Avant de passer aux choses sérieuses, c'est à un jeune artiste avignonais que revient la lourde tache d'ouvrir. Le back-line de Julien Doré étant entièrement bâche à cause des averses, c'est dans un étrange décor que Greg et son pote entament leur set avec une pensée pour l'ouvrier décédé au stade vélodrome lors de la construction de la scène pour Madonna. Pour casser le silence qui règne les deux compagnons commencent à jouer. Une musique sans complexe, des textes bien écrits tels sont les atouts des deux jeunes artistes.
Ce n'est jamais une chose évidente de faire une première partie, peut être encore plus lorsqu'après il y a un artiste pour lequel les gens ont investi du temps et de l'argent. Cependant Greg Fontaine s'en tire bien, même s'il ne fait pas l'unanimité auprès du public une bonne majorité semble conquise. Mais c'est peut être bien lorsque le groupe se risque à une reprise de Sufjan Stevens " Lakes of Canada" qu'il fédère le plus de monde. Même si certaines groupies de JD ne sont pas d'accord avec moi, Greg fut, quoi qu'on puisse en penser, un choix judicieux pour mettre dans le bain les spectateurs.
Pendant le changement de plateau je discute avec les groupies des premiers rangs. C'est avec une ferveur à toute épreuve que l' on essaie par A+B de me démontrer à quel point Julien Doré est un artiste original, décalé et extraordinaire. Pour ma part je préfère attendre de le voir sur scène pour porter un jugement bien que je me sois déjà fait une petite idée de ce type de chanteur... Sur le plateau un tas d'objets kitch sont installés, une renard empaillé, une tête de biche, une télé vintage ou encore une immonde lampe. Les spectatrices m'expliquent que c'est la marque de fabrique du chanteur, le décalage. A cet instant je comprends pourquoi Julien Doré est devenu la risée des Guignols de l'info... Comble du mauvais goût, pour nous faire patienter nous avons le droit en fond sonore à des chansons d'amour italiennes.
Le temps achève les longs couchés de soleil propre au Sud de la France. Le château est plongé dans la pénombre. Devant l'ambiance est palpable. Julien Doré entre soudainement sur scène, cymbales en main à la façon d'Arno, l'apprenti dandy ne retient pas ses coups. Il faut dire qu'avec " Piano Lys" je suis plutôt étonné. C'est agréable et entrainant, si l'ensemble du concert est à l image de ce premier morceau, il se pourrait que je puisse revenir sur mes idées reçues. En échangeant les cymbales pour la guitare JD parle enfin au public qui est déjà sous le charme. "Bonjour, peignoir, Bonsoir Baignoire ... ", en repensant à ma précédente discussion avec les fans, je saisis le côté décalé du personnage.
Tout ce passe bien jusqu'au moment où, dans le public, une bagarre éclate en plein milieu de la foule. Ca se cogne, ça s'insulte ça crie, à tel point que Julien Doré est obligé d'arrêter la chanson qui venait d'entamer. La sécurité n'arrivant pas, ce sont des spectateurs qui ont dû intervenir. De son côté JD le yeah-yeah se transforme en JD l'énervé, c'est peut être le seul moment où l'artiste paraît sincère; "Vous arrêtez un peu de faire chier les gens!? Vous avez cas dégagez, de toute moi je m'en fous j'ai pas payé 27€ (ndlr 30 euro en vérité) pour être là !". Malgré ça, dans la fosse ça continue de taper. Hors de lui, il prend une bouteille qu'il vide sur les querelleurs. Une fois leurs ardeurs refroidies le concert reprend de plus belle.
Tous ensemble, public et musiciens reprennent le morceau d'Alizée, tient elle aussi issue d'une émission télé, "Moi Lolita". La reprise est plaisante et à mon sens bien mieux que l'originale, certes ce n'était pas très dur. Tout à coup un second batteur se glisse derrière la batterie, la remake se transforme rapidement en un véritable brouhaha. Julien Doré veut être partout sauf là où on l'attend. Une joueuse de golf débarque de nulle part, après avoir délicatement posé la balle par terre. JD pointe son club en direction des chamailleurs de toute à l'heure, fou rire dans le public. Sans surprise il tire et rate la balle, finalement il a peut être bien fait de choisir la musique...
Sans transition aucune, le dandy de la nouvelle star interprète "Les limites ". Pour être honnête, version disque il me fut impossible d'écouter la chanson jusqu'à la fin et je suis forcé d'avouer qu'en live ça a quand même une tout autre allure. Dans un registre un peu plus blues, Julien Doré entame un strip tease sur " First Lady ". Comme en transe, le jeune artiste décide de grimper sur la structure métallique de la scène, ce n'est qu'après avoir glissé et risqué de faire une chute d'une dizaine de mètres qu'il décide finalement de descendre. Si le concert avait dû s'arrêter là il ne fait aucun doute que l'image que j'avais de Julien Doré se serait améliorée. Malheureusement une fois les tubes joués, les autres morceaux se révèlent peu intéressants. A l'image des " Bords de Mer " qui en plus d'être un des morceaux les plus ennuyeux du concert, était surtout inaudible à cause de la basse qui couvrait les autres instruments .
" I Wanna Go To Winnipeg With You " annoncée avec un humour que l'on jurerait pompé sur Stéphane Guillon fait inlassablement penser à un mauvais générique de séries télé des années 80. Faire du neuf avec du vieux reste la règle d'or dans le milieu de la télévision, et Julien Doré qui doit son succès à ce milieu respecte parfaitement cette règle. Entre deux rappels, il s'amuse à faire pour la énième fois une boutade sur la baston précédente, "Ce soir j'ai envie que ça soit un soir concert bataille". Puis à un moment il faut bien s'arrêter, c'est la déception pour les fans, le soulagement pour moi. Néanmoins il semblait trop difficile pour Julien Doré de finir de façon conventionnelle par conséquent tout le petit monde sur scène reprend son instrument pour conclure le concert sur un morceau sans queue ni tête, étonnant hein ?... "I want to play my country to save the world ", à force de vouloir être décalé JD se révèle être avant tout prévisible et d'un conformisme à toute épreuve.
En outre pas vraiment d'originalité, une entrée sur scène similaire en tout point à celle d'Arno, un cynisme emprunté à Mademoiselle K, l'humour de Stéphane Guillon, la gestuelle de Jim Morrison... Quand on dit que la TV ça lave le cerveau ce n'est peut être pas pour rien. Pour être franc un concert de Julien Doré c'est du 50/50, une première partie surprenante et une seconde partie totalement décevante. Peut être que je regarde trop Arte pour pouvoir comprendre la subtilité d'un artiste entièrement conditionné par un système qui croit que la culture se résume à faire une bonne reprise de Céline Dion. Je comprends qu'on puisse apprécier mais de là à payer 30 euro pour voir ça, j'avoue quand même qu'une telle ferveur me sidère.
Myspace de Greg Fontaine : www.myspace.com/gregfontaine
Myspace de Julien Dore : www.myspace.com/juliendoremusic
www.splityourmother.com
Critique écrite le 20 juillet 2009 par Boby
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