Chronique de Concert
The Black Keys + Birds Are Alive
Soirée bluuuuuuuuuuuuuuuuuuueeees électrifié plus que jubilatoire à l'Olympia de Paris avec les excellentissimes Américains de The Black Keys, en tournée mondiale pour présenter leur dernier né, Brothers, et une première partie assurée par un one man band français, lui aussi habité par la musique du diable : Birds Are Alive.
Salle complète, public chaud bouillant composé de fans absolus, deux sets hyper bien envoyés et hop, on aurait presque envie de chanter à tue tête " Toute la musique que j'aime, elle vient de là, elle vient du blues... " si un certain Johnny H. n'était pas passé par l'étape show pyrotechnique au Stade de France.
Birds Are Alive
20 heures tapantes, un jeune inconnu à l'accent français, normal il l'est, Français, se pointe sur scène avec sa guitare électrique, s'assied derrière un kit de batterie et se lance dans un set sauvagement imprégné de blues cradingue, authentique, sans fioritures et sexuel. Son non ? Birds Are Alive ! Il déclare avec franchise et humilité qu'il a appris qu'il jouait ici la veille et que normalement il se produit dans des PMU devant cinquante pelés. Là, il est devant une salle comble, l'Olympia quand même, qui semble apprécier ce qu'il fait puisqu'elle manifeste bruyamment son approbation à chaque fin de morceau. Le rêve ! Comme sa reprise fort à propos de Got My Mojo Workin' de Muddy Waters semblait l'annoncer, le set proposé prouve que le mojo de Birds Are Alive est en parfait état de marche !
The Black Keys
Pas de problème particulier de mojo non plus chez le formidable duo originaire d'Akron, Ohio, The Black Keys... Patrick Carney et Dan Auerbach débutent leur show parisien sur les chapeaux de roue avec le très violent et approprié comme mise en bouche Thickfreakness : le rideau rouge de l'Olympia s'ouvre sur le fracas sonique blues garage de ce vieux titre absolument imparable. Les deux "frères" musiciens se présentent sans fard, avec une mise en scène assez sobre dévoilant deux mains jointes dans un pneu stylisé sur des tentures de chaque côté des musiciens et en fond de scène. Le message est clair : l'amitié indéfectible de Patrick et Dan s'est forgée avec des écoutes des meilleurs disques de blues, de rock 'n roll et de garage, de longues jam sessions guitare/batterie et des tournées incessantes sur toutes les routes du globe. Forcément, dans ces conditions, l'alchimie fonctionne de manière hallucinante entre les deux : l'un cogne comme il faut - à la fois comme un sourd et comme un mec qui a l'oreille et la touche magique pour caresser ses peaux -, quand l'autre branle admirablement son manche avec moult riffs chromés, courts solos tétanisants et autres murs du son de distorsion, tout en chantant avec une magnifique voix, aussi rocailleuse que gorgée d'âme...
Vous l'aurez compris, que le groupe muscle son jeu ou ralentisse la cadence, que la tonalité soit blues électrique, garage rock, pop ou rock 'n soul, le résultat est le même, c'est incroyablement bon ! On ressent la passion de ces gens-là pour ce qu'ils font ; les vibrations telluriques qu'ils propagent dans la salle sont carrément miraculeuses ! On ne peut s'empêcher de sourire, de headbanguer gentiment et de taper du pied comme un débile qui n'aurait pas pris ses calmants... Après les morceaux assez anciens, Girl Is On My Mind, Stack Shot Billy, Busted et une jolie reprise d'un titre des Kinks, Act Nice and Gentle, le duo devient quatuor avec l'apport d'un bassiste et d'un organiste qui élargissent avec à propos la palette sonore sur les récents tubes : Everlasting Light, Next Girl, Chop and Change, Howlin' For You, Tighten Up et consorts... Le fait que tout cela se fasse naturellement, dans la sobriété la plus totale et sans les poses de rock stars moisies ajoute encore au bonheur de communier avec les Black Keys, désormais superstars mondiales mais pas encore mûrs pour les frasques du show business...
L'heure de concert avant le rappel se termine par les infernaux She's Long Gone, Ten Cent Pistol, I'll Be Your Man, Strange Times et I Got Mine, un incunable déjà culte. Le public hurle alors sa joie et demande un retour illico presto. Retour qui aura lieu pour un court rappel de deux excellents titres, aussi démentiellemnt électriques que zeppelinien, Sinister Kid et Your Touch. Même s'ils sont fatigués par une interminable tournée, ce qui explique sans doute la faible durée du set, les Black Keys font l'effet d'une véritable tornade passionnée en live. Avec ces deux fiers desperados, le blues rock 'n roll n'est vraiment pas près de mourir !
Liens : www.birdsarealive.fr, www.myspace.com/birdsarealiverecords, www.myspace.com/theblackkeys, www.theblackkeys.com, www.youtube.com/theblackkeys, www.facebook.com/pages/The-Black-Keys.
Photos : © Rod - Le HibOO
Critique écrite le 16 mars 2011 par Pierre Andrieu
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