Accueil Chronique de concert TG + Chichi y los Putos + Agripon + Glen or Glenda + Radikal Satan
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Chronique de Concert

TG + Chichi y los Putos + Agripon + Glen or Glenda + Radikal Satan

La Miroiterie - Paris 12 décembre 2004

Critique écrite le par



Et nous revoici à la Miroiterie pour la suite et la fin du festival klit. Cinq groupes vont se succéder pour, à chaque fois, de courtes performances d'une durée moyenne de 30 minutes.



TG, est le premier à se lancer ce soir. Se lancer n'est pas le terme le plus approprié puisque le garçon est du genre timide, engoncé dans son anorak, la casquette vissée sur la tête et des baskets très rouges pour que nous regardions tous ses pieds. Pour le premier morceau, il tourne le dos au public, penché sur un synthé. Il envoie une grosse rythmique minimaliste qui noie ses paroles. On est dans une ambiance lo-fi typique, très proche de Casiotone for the painfully alone. Et justement, il enchaîne avec un très beau solo de claviers, puis reprend le micro, et la parole, pour une sorte de hip hop où il répète "Jamais t'aurais dû arrêter la 8°6". C'est la seule phrase à peu près intelligible qu'il prononcera. Le message n'en a que plus d'impact, d'autant qu'il appuie ce propos en vidant une canette de cette infâme boisson. Une lampée de bière et le voilà attrapant une guitare désaccordée dont il tire une série de riffs saturés tout en continuant à chanter en anglais. Il terminera sa performance avec cette même guitare, sans plus chanter, ni rapper. Il la secoue, sans toucher les cordes, des sons en résultent. Ca n'est pas très drôle. Sous sa casquette il n'a pas le sourire. Et je n'ai toujours pas compris pourquoi, à la fin, il a dit merci.

Hier soir, je n'ai bu aucune bière et c'est patiemment que j'ai vu Chichi y Los Putos prendre la relève de TG. Ils sont deux. Une fille, espingouine ou latino, et un garçon, français on dirait. La fille, cela doit être Chichi, elle boit du maté, et le garçon cela doit être Los Putos, il a des lunettes.



Ils commencent par un grand cri, puis avec un clavier, une basse, un ukulélé joue une musique naïve évoquant les anciens intermèdes musicaux, qui autrefois apparaissaient sur l'écran de la télévision lors des interruptions momentanées (et involontaires) des programmes.

Leur set, lui-même, contient quelques interruptions momentanées. Il y a une liste de chansons, mais Chichi a dû l'écrire seule dans son coin, alors Los Putos est un peu perdu... Les deux chantent, le plus souvent en français, et c'est mignon tout plein. Extraits des paroles : "On va jouer à l'arc en ciel et on va s'amuser", "Dis-moi, dis-moi, je suis ton papa", "Méfie-toi bébé ne t'approche pas de la vache, c'est un robot pas sympa".



Un accordéon, un violoncelle sont tour à tour convoqués et ce dans l'improvisation la plus bordélique. Au milieu, il y a aussi deux caisses claires pour taper dessus dans les moments rock où Los Putos fait parler la bête qui est en lui : "Le début de l'amour est un moment qui devrait disparaître", "Suce ma bite et fait jaillir mon sperme". A ce moment, ça part en couilles comme il se doit, et cela m'a rappelé les premiers enregistrements d'Half Japanese (deux frères américains + des copains à partir de la fin des années 70).

Après ces bêtises très rafraichissantes, Los Putos renvoya la charmante, mais néanmoins toujours rastaquouère, Chichi dans le public. Il enleva son pull, dévoila un joli tee-shirt rayé multicolore et se transforma en batteur d'Agripon. Il fut même rejoint par le guitariste d'Agripon, pour ensemble former... Agripon. Agripon est, vous allez être surpris, un duo, guitare-batterie.



C'est instrumental. C'est bruyant. Des fois même, le jack de la guitare ne marche pas, cela provoque une coupure générale d'électricité dès le deuxième morceau, et alors, Agripon révèle sa véritable nature de lâche en refusant de jouer plus longtemps.



Glen or Glenda, joue un peu dans le même registre, pas celui de la lâcheté, celui du jazz bruitiste. Il y a une personne en plus, c'est un trio, sax-synthé, guitare, batterie. La batteuse est une fille, elle ne porte pas de tee-shirt rayé, mais elle est mince et très jolie.



Les deux autres sont des garçons. Ils jouent très sérieusement la bande-son de scènes de massacre. Chacun montre son talent de soliste, pour ensuite construire de beaux motifs autour d'une ligne de basse, d'un effet de guitare, d'un rythme new-wave.



C'est vraiment très, très bien interprété, avec un son de tout aussi bonne qualité. Et ils mettent autant de talent à jouer la terreur qu'à interpréter une berceuse autour d'un xylophone.



Radikal Satan est un groupe d'Agentins vivant à Bordeaux. L'Argentine c'est Maradona et le tango. Enfin, c'est ce qui me vient à l'esprit en premier lieu. De fait, leur premier morceau est un tango. Il débute doucement puis petit à petit, la tension s'installe, le contrebassiste violente ses cordes, l'accordéon s'essouffle, des paroles sont crachées comme des insultes jusqu'à l'ultime râle.



On imagine ces deux gars comme deux anciens employés d'un cirque. L'un comme clown, l'autre comme membre de l'orchestre. Ils ont été renvoyés après avoir essayé d'introduire la tête de l'homme canon dans le con de la femme à barbe. Le genre de personnage avec qui il ne faut surtout pas partager le pot de l'amitié.
Le contrebassiste présente un morceau en expliquant qu'il s'appelle "Avant midi", "vous savez vous rencontrer quelqu'un, vous passez une soirée et vous vous réveillez...avant midi..." il arrête là l'explication. La musique donne quelques indices et cela ne ressemble pas à une romance. Les doigts plein de talc l'accordéoniste néglige son piano à bretelles pour un clavier piteux, maculé de taches de peinture jaune. Il en tire des notes sinistres au moment où se comparse délire en français et en espagnol : "Assessino !"

 Critique écrite le 13 décembre 2004 par Bertrand Lasseguette


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