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Chronique de Concert

Seb Adam, Rodriguez, The bewitched hands, Goliad

L'appart Reims 11 novembre 2006

Critique écrite le par

The fire, the wind, the heartbeat. C'est la devise de Sebadoh, groupe américain des années 90, Sebadoh qu'on entend dans l'Appart au moment où j'y mets mes deux pieds. Heureux prélude à cette soirée carte blanche à Seb Adam, qui elle aussi a soufflé le chaud et le froid sur les nombreuses personnes venues entendre Sébastien et ses amis.
Sébastien est un multi instrumentiste rémois. J'ai appris son existence avec la découverte du Pauline Easy Project, un duo de reprises aux ukulélés. Sebastien joue aussi aux côtés de Lisa Portelli, une jeune chanteuse d'ici et puis il a ses propres chansons à lui, en français.



C'est avec celles-ci que la soirée commence réellement. D'abord seul à la guitare, puis accompagné d'un bassiste et d'un batteur, il nous interprète quatre ou cinq titres aux rythmes très clairement jazzy. La voix de Sébastien est à mi-chemin entre Christophe Miossec et Vincent Delerm. Une voix chaude et excessivement discrète, on croirait des paroles soufflées sur l'oreiller en plein travail des corps. C'est bien. Pas le style de musique pour laquelle je vendrai ma mère, mais c'est bien. C'est calme et j'ai besoin de calme. C'est fin et la finesse me manque.



Il y eut alors une pause. Je commande une autre bière, dans un grand verre et j'écoute de bon cœur des morceaux de Daniel Johnston que je ne connais pas, probablement son dernier album. Un homme arrive avec son chien. Le chien tourne un moment entre nos jambes, puis il s'assoit comme un grand devant un verre. Des gens fument. Toujours Daniel Johnston. Daniel Johnston commence à m'ennuyer après le troisième morceau. La fumée m'irrite les sinus.

Ah ! (un ah de soulagement), ça se remet à bouger au fond autour des instruments. Je trouve un tabouret à côté de Lisa Portelli. Lisa a un visage d'ange pour ceux qui ne la connaîtrait pas.

Sur l'estrade qui sert de scène je reconnais, une moitié du duo fondateur de The Film, un groupe qui s'est fait connaître avec la reprise de leur chanson originale Can you touch me dans une publicité pour voiture. La moitié se fait appelée Guillaume Rodriguez et elle s'est assise derrière un clavier. Seb est au chant. C'est en anglais cette fois et dans un style très différent de ses compositions en français. Une reprise peut-être ? En tout cas, Rodriguez aux claviers, c'est une affaire. Puis, le groupe qui se constitue alors de cinq musiciens enchaîne avec un autre morceau chanté par don Rodriguez. Une chanson d'amour et d'espoir qui dit, en anglais, que quoi qu'il arrive: tu seras à moi, je ne perds pas mon temps, j'en suis sûr, un jour tu seras à moi...



Changement de personnel, un barbu qui jouait du kazoo se retrouve au milieu du dispositif avec une guitare, le micro devant sa bouche, pour une chanson de haine et de raison, son message principal étant: je vais te tuer. Je ne l'ai jamais pensé, mais c'est vrai que l'idée peut germer quand la fille que vous attendez est toujours entre d'autres mains. Beaucoup d'hommes pensent comme ça, des fois même ils passent aux actes. Le barbu s'appelle Ben ou Benjamin et je crois qu'il anime un projet intitulé The bewitched hands et, là j'en suis sûr, je l'ai vu joué de la basse et de la guitare dans Libellul, une autre formation rémoise. Son appel au meurtre est très vivant, gueulard à souhait, mais pas trop, et une nouvelle fois Rodriguez s'y distingue avec un solo d'harmonica.

Il a la chance d'avoir d'aussi chouettes amis Seb Adam. Cette soirée est vraiment très bien partie. Hélas, cinquante et une fois hélas, une nouvelle pause, dans les hauts-parleurs, une nouvelle fois Daniel Johnston et toujours de la fumée, beaucoup de fumée. Pour moi, c'en est trop. Pour ma santé, pour mes oreilles, je dois partir. Discrètement, avec beaucoup de regret. Je pars. Je ne verrai pas Lisa chanter. Pas ce soir.
Comme le dit le grand penseur Mickael Furnon, il faut que je respire. Et je respire sur mon vélo. Un beau sprint avec les narines bien ouvertes.



Jusqu'aux Docks rémois, la rue Ferdinand Hamelin, la Girafe, beaucoup moins de monde, beaucoup moins de fumée et une très bonne odeur de drogue qui convient à merveille à mes sinus. J'arrive après The green love experiment, pile au moment où Goliad commence à jouer. Goliad est un duo guitare-batterie/sampler de Poitiers. Ca commence bien quand après une série de mesures, ça verse dans l'expérimental avec des bruits qui m'agressent l'oreille. Ca ne dure heureusement qu'un temps pour se stabiliser sur des motifs répétitifs qui me transportent d'aise. Je m'imagine dans une navette en pleine décélération au moment de rejoindre un périphérique intersidéral. Je suis très, très loin, comme d'autres à côté de moi, mais uniquement grâce à leur musique. Uniquement grâce à ces sons et ses rythmes. Il y a aussi des paroles sur quelques titres. Rien de honteux (enfin si, de l'anglais), mais c'est bien moins bon que quand c'est juste la musique. Une musique très sèche, sans sourire, entre Don Caballero et Neu. Ils n'ont pas joué longtemps. Une demi-heure ? Quarante minutes ? Ca nous a paru court. Certains ont tenté d'obtenir une rallonge. Mais il n'y eut rien de plus.


Page Sebadam: https://www.myspace.com/sebadam

Page Pauline Easy: https://www.myspace.com/paulineeasy

Page Rodriguez: https://www.myspace.com/rodriguezsongs

Page The bewitched hands: https://www.myspace.com/handsbewitched

Page Goliad: https://www.myspace.com/goliadweb



 Critique écrite le 13 novembre 2006 par Bertrand Lasseguette


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