Chronique de Concert
Festival B-Side : Oh ! Tiger Mountain + Icy Demons + Experimental Dental School
" Et Au Milieu Coule Une Rivière... "
Juste un Tigre de papier (masqué) qui entonne le douloureux I'm So Lonesome That I Could Cry " d' Hank (Williams) : avant que d'ôter le félin attribut pour rejoindre scène et guitare acoustique d'un même élan.
En l'écoutant, on hésite longuement entre " maniéré ", et, " hérité de " : oui, mais, " de " qui ? La liste serait trop longue à énumérer ici : depuis Tim , jusqu'à Jeff , en passant par Devendra , Jude , Ben , ou Wainwright ... Lors, il, n'en a cure, LUI : il foule d'un même pied tambourin et blues, avant que de s'en aller déflorer la toile (at)tendue de Rufus " fils ".
J'ai récemment ouï dure, sur ce site - lors d'un " ping pong " mémorable d'After Show - que l'on pouvait également retranscrire de qualité, sans citer le moindre morceau joué (et sans y perdre en intensité pour autant). Cette Valse Méconnue # 1 était, ma foi, fort opportune, de même que cette Folk Song en Ré d'Origine Indéterminée , qui fait se mouvoir lentement les filles du second rang.
À bien y regarder, c'est l'ensemble de la Folk Indé de ces dernières années, qui semble s'être invitée céans : pour le meilleur (souvent) et le plus dispensable. Dommage, que ce soit parfois si connoté, car on ne demanderait qu'à s'y habituer et se laisser porter, à dire vrai. Au cours de Blues Acoustique Sous Riff En Mi Griffé N°9 , soutenu par un énergique balancier, de cordes alternées : public et présents le sont indifféremment, plutôt bon signe, en somme.
S'il mollit ou hésite, parfois, il n'en reste pas moins toujours élégant et arrive à captiver ou renverser - masque excepté, collé sur chef entre sommet du crâne et derrière de tête mal peigné, désormais - reste que, si le savoir faire et la qualité musicale sont bel et bien déjà présents : il manque encore de bonnes chansons pour aller encore plus loin et convaincre totalement (LE prochain pallier à passer, à gravir sous mois et années).
Là Oh ! Tiger Mountain a finalement accouché d'une reprise bien sentie de l'envoûtant Blues Run The Game de Jackson C. Frank , avant de s'éclipser sous les regards d'un public en partie conquis. À suivre...
" En Cas d'Urgence : Briser la Glace ! "
Un grand " black " qui contrebasse d'Afro. Un " Asiat' " jaune de peau (et t-shirt) aux claviers, qui ondule et se cambre, comme habité. Une fille très " tendance " (du bout des baskets, jusqu'à la racine des cheveux : coupés de-ci, rasés de-là) et un batteur " Old School " qui frappe en cadence, baigné de sueur, quasi autonome de la nuque : voilà à quoi ressemblent les Icy Demons , de prime abord. Une " hype " apparente, qui disparaît bien vite devant la qualité musicale intrinsèque de ces humains " From Chicago ".
Ici, le groove est roi ! Et ce, quel que soit le genre abordé ou exploré de main de maître. On pense à la vigueur foutraque des V-Twin , saupoudrée d'accords de guitare très XTC , de breaks que n'auraient pas renié Zappa et de brisures fines, fines, fines d'Afro-jazz ; sans oublier quelques relents très CAN , sous forme d'envolées très barrées qui façonnent d'étrange, cette redoutable machine à danser (moins convaincante, néanmoins, quand elle se frotte à une suite dispensable de rythmes et gimmicks basiques, trop 80's, pour être honnêtes).
Quand la " fille " chante : les volutes fantômes des Fiery Furnaces reviennent à la charge, avant qu'une envolée très Floyd ne vienne prendre tout le monde à rebours et déstabiliser l'auditoire en mouvement, avant de l'achever dignement d'une accélération dont ils ont visiblement le secret. Ils font tellement " fantasme Nova ", à les regarder, là, comme ça, qu'on pourrait presque oublier qu'ils jouent vite bien et JUSTE... Avant tout !
Mon Afro préféré revient nous voir et hante le devant de la scène, équipé d'un sigle " Peace ", tenu à bout de bras : ce qui a le don de me titiller un peu le neurone perturbateur. " Quoi, t'aimes pas la paix, toi, c'est ça ? " (me lance alors ma voisine de dreadlocks et de clope, d'un il acéré). Je lui fais don d'un maigre sourire, posé à mi-chemin entre gêne et niaiserie, puis range illico mon carnet - mon pote, mon îlot (de notes) - avant de gagner le bar du fond, qui mousse de Grihète rayons.
Encore une " nouvelle chanson ! " : putain, ils en connaissent aussi des " anciennes ", ces gens-là ? Remarque, je dis ça, mais, y'a pas une heure, je savais même pas qu'ils existaient - dossier de presse excepté - alors... Alors... Alors, ben, quand ils sont tous à donf, comme sur le bouquet final, " ça " rouleaucompressorise un max et " ça " fait claquer les rotules dans le vide ; à tel point que le rappel s'avère superflu et un peu en manque de saveur, malgré une volonté évidente de faire coller et se mêler, peaux chemises et systèmes pileux, tous poisseux d'envie.
Une solide découverte (de plus) à mettre au crédit du " Garage ", et à guetter d'avenir, au cours des prochains mois et années...
" Elle et Lui ! "
Pendant l'installation des Experimental Dental School (From Portland/USA ) je tente malgré moi de mesurer l'impact qu'a bien pu avoir la " vraie-fausse " fratrie des White , sur l'ensemble de la planète rock actuelle. Face à moi, impassible, voire, stoïque - tandis que tout le monde s'affaire à tirer des fils, brancher des prises ou installer des pédales d'effets et éléments de sono ! - une asiatique s'amuse à dévisager l'ensemble des survivants en triturant mèche (de cheveux) et baguettes (de batterie !) bien assise derrière ses fûts et cymbales. Devant-elle, à quelques décimètres, à peine, un jeune châtain sportif aux mimiques ricaines lutte avec son rack et l'accordage de sa Gibson .
Partout autour, les yeux creusent les orbites mollassonnes : il est 1h du mat et " ça " tarde à démarrer, oui, " ça " tarde à démarrer, à démarrer, à " Hooôôôoooôôhhhh... ", démarrer...
L'avantage, avec ces deux-là, au moins, c'est qu'on n'a pas à se poser la problématique du " c'est le frère et la sur, ou bien est-ce qu'ils sont ENSEMBLE ? " (ou bien, en ce cas, c'est qu'y a eu de l'adoption dans l'air, dans le plus pur style Jade " Optique "... Smet ! ).
Tiens, je pourrais danser moi aussi, pour tuer le temps jusqu'à installation complète, et arrêter ainsi de river mes pupilles sur cette paire de jeans noirs qui se trémousse juste à portée ; mais, non, ça me va très bien comme ça (vieux " satyre en goguette imbibé de bière aux muscles encore endoloris par les ricains précédents ", que je suis, et resterais à jamais ! "). Je le déteste, ce mec à queue-de-cheval (de type altermondialiste) qui vient de se mettre juste devant MA nouvelle raison de vivre : il va falloir que je me lève, si je veux continuer à mâter !
Bonne pioche, car sur scène, c'est (re)parti pour un tour, et à " donf ", en plus.
" T'appelles ça, comment, toi ? Niveau musique... " (glisse alors mon voisin à l'oreille de sa voisine de soirée, qui tarde visiblement à céder à ses avances). La jeune femelle en sueur se contente juste de lui sourire en retour, le poussant ainsi à lui sourire à son tour et à ABANDONNER le questionnement ; elles sont fortes, quand même ! Y'en a même qui passent une vie entière à se sortir de toutes les situations grâce à cela, à une simple double rangée de dents bien blanches, surmontée de jolis iris attendrissants de la phéromone... Respect !
Côté " Dental ", c'est la folie furieuse. En gros : " elle " tape sur ses fûts ou maltraite ses cymbales en tâchant de coller au plus près de ses riffs, puis elle se calme, tandis que " lui " se lance dans une suite de notes saturées d'effets divers, avant que les deux de nouveau réunis ne relancent la machine en fermant yeux et serrant mâchoires douloureuses, sudation à l'affût, température du corps au plus proche de la fusion moléculaire.
Parfois, le silence se fait, et " elle " en profite pour lancer deux ou trois suites de vocalises toutes douces, toutes joliettes, vers le bas plafond enfumé du lieu ; " lui " se fend alors de quelque respiration psyché très Floydienne , avant que le naturel et la vigueur d'antan ne viennent de nouveau remettre un peu d'ordre au sein de ces courts instants d'égarements " prog ".
" C'est du Japonais ou du Coréen ? ". Je viens de lancer cette courte question à mon voisin - critique sur ce même site ! - mais, lui, n'en a cure ! Il n'a d'yeux que pour une paire de jeunes Allemandes toutes frêles, posées à proximité et en demande d'échanges pas très Erasmus...
" Aujourd'hui, on vient de goûter le Phasstisse, c'est très bon... On dit bien Phassetise ? " : les convenus " boulègue ! ", " Pas-ti-sseuh ! ", et " Marseille ! " qui lui reviennent en pleine gueule, me font un poil sortir du concert, ce qui ne les empêche pas de repartir de plus belle, eux, sans déroger un seul instant à LEUR formule gagnante à deux... Pour le plus grand plaisir d'un public réceptif et joyeux ; confirmant ainsi, sans autre forme de dévotion, que cette troisième édition du B-side , est BEL(LE) et BIEN lancée ; qu'elle s'annonce, également, on ne peut plus riche et varié, maligne et soignée, défricheuse, ET, bien montée...
Critique écrite le 02 mai 2009 par Jacques 2 Chabannes
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> Réponse le 02 mai 2009, par Mystic Punk Pinguin
Rien à rajouter sur la zique. Mais, encore une fois, encore bravo à In the garage de nous programmer pleins de bons groupes au sein de leur festival B-Side, le genre de trucs dont t'as jamais entendu parler et qui te régalent en live. Bien belle soirée d'ouverture, qui m'a foutu la patate pour la manif du lendemain. Réagir
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