Bonjour Didier la première fois que je suis venu te voir il y a tout juste un an je ne savais vraiment pas à quoi m'attendre. Complétement époustouflé par le propos et la forme que tu lui donnes (cf la chronique du jeudi) je revenais du coup 2 jours plus tard avec femme et parents et me régalais tout autant ... Je viens de voir que tu étais reprogrammé dans la même salle (l'Art Dû) en mars prochain toujours avec ton spectacle "ta vie sera plus moche que la mienne", aussi je me suis dit que j'allais profiter de l'occasion pour te poser quelques questions qui me trottent dans la tête depuis que je t'y ai vu... Donc merci de t'être prêté à l'exercice par mail.


1) Quand à la fin de certains spectacle tu sors et continue dans la rue, t'arrive t il de penser que c'est risqué ou es-tu tellement dans ton personnage que rien ne t'arrête ?

Didier : Ca m'est arrivé une fois de trouver la situation légèrement risquée, mais c'était dans un quartier un peu "chaud" de Charleroi ! Si c'était si dangereux, je ne le ferai pas, je suis un lâche en vrai !

2) Connais tu Gustave Parking ? (avec qui je te trouve pas mal de points commun dans l'esprit)

Didier : Oui. On s'est croisé en 2003. Peut être le premier à avoir eu l'idée de faire payer le public en sortant de la salle. Il faut être un peu sûr de soi pour se le permettre. Je comprends que la plupart des humoristes fassent le contraire...


3) Comment écris-tu tes spectacles ? d'abord le gag ou le thème/message ? Te dis-tu au départ je vais parler de ça, ça ça et ça ?

Didier : C'est le cosmos qui m'insuffle des idées plus ou moins bonnes, et après, je remets au propre. Des fois c'est le thème, des fois c'est d'abord la connerie. Je préfère quand c'est d'abord la connerie que je remets dans un thème, j'ai moins l'impression de faire des trucs moralisateurs !

4) Au début tu dis que tu ne veux pas qu'on enregistre pour ne pas gâcher la surprise moi je crois que c'est plutôt que si on n'en voit qu'un bout il y a de grandes chances qu'on passe à côté du message et qu'on soit au juste outré - Je t'avais vu sur des vidéos et j'avais fini par croire que tu étais peut être un vrai connard (coup de l'aveugle, mendiants en inde)

Didier : La vidéo dite "de l'aveugle" (cf ici) a été mise en ligne par mes soins, ainsi évidement que celle en Inde (misère joyeuse - cf ici). Elles peuvent m'attirer quelques remontrances de la part de gens qui ne placent pas le curseur de la bienséance au même endroit que moi !
Non, vraiment, si je demande de ne pas filmer, c'est pour garder le spectacle au frais. Je mets du temps à les écrire, les roder, les remodeler, ce qui fait que je peux jouer un même spectacle pendant parfois plus de 10 ans. Une vidéo peut le foutre en l'air en 48 heures !


5) Sans t'imposer des quotas / limites est ce que tu fais gaffe quand même ? et si oui comment ?

Didier : Le jour où je "ferai gaffe", c'est qu'il faudra que je m'arrête. C'est précisément parce que je fais uniquement ce dont j'ai envie que ce que je fais présente un intérêt ! C'est comme si Didier Wampas se mettait à prendre des cours de chant, ça perdrait gravement de son intérêt !

6) Tu le dis dans les spectacle ou même su ton site : DS est un personnage fictif ; Quand redeviens tu toi ?

Didier : Quand on me donne mon chèque !


7) Y a t il encore des gens qui t'appellent par ton vrai prénom ?

Didier : C'est le cas la plupart du temps...
Au moins, quand on m'appelle Didier, je sais que je bosse !

8) N'y a t il plus que les comiques pour faire réfléchir sur les vraies questions ? (je dis ça parce que dernièrement c'est toi et Blanche Gardin qui m'avait le plus fait réfléchir)

Didier : Ben si ce sont les comiques qui se mettent à endosser ce rôle, ça montre bien à quel point on est mal barrés ! Il est possible que nous soyons très mal barrés d'ailleurs !


9) T'es-tu retrouvé en danger sur scène (ou dans le public) ?

Didier : Jamais vraiment... des petites choses que j'attribue davantage à l'alcool ou à la déficience intellectuelle....
Ah si ! Y'a quand même eu Nouméa en 2012 où j'ai eu la bonne idée d'annoncer ma venue en Nouvelle Calédonie par le biais d'une vidéo à caractère assez raciste ! Ça m'a valu quelques menaces au point que j'avais 4 "gardes du corps" à mon arrivée au cas où ! Généralement, les menaces se font par le biais de commentaires sous les vidéos, mais comme je les lis peu, ça va...

10) Qu'est ce qui ne te fait pas rire ?

Didier : Les trucs vulgaires !


11) As-tu déjà trouvé des blagues offensantes

Didier : Bien sûr ! Mais on peut offenser des gens pour leur bien ! Comme dit ma mère : "les gens qui t'apprécient, c'est grâce à eux que tu bouffes, ceux qui se choquent, c'est à eux que ton "œuvre" profite le plus !".
Après, les blagues sur les "gros" par exemple, m'ont rarement semblées défendables !

12) Ton spectacle est très (bien) écrit, mais t'est-il déjà arrivé de retirer ou changer une blague en fonction du public (auto censure)

Didier : Non, mais ça m'est déjà arrivé de serrer les fesses en en déblatérant certaines !
Même quand Radio Shalom est venue à Avignon, ou au Point-Virgule, j'ai tout laissé tel quel !


13) T'es tu déjà fait bousculer ou frapper en plein spectacle ?

Didier : J'ai dejà eu des moments cocasses, mais rien de sérieux !

14) As-tu parfois eu le sentiment d'avoir blessé fait de la peine à quelqu'un ? et donc eu quelques regrets ...
(on m'a raconté à Aurillac que tu avais gueulé sur un enfant et que le père était parti)

Didier : C'est peut-être arrivé ,surtout à Aurillac, où les parents "trop cools" envoient leurs chiards aux premiers rangs, et c'est à toi l'artiste de faire la garderie !
Pas très important. Ce que je constate, c'est que les gens rient jusqu'à ce que ça les concerne, et là, hop ça coince !
Par exemple une fois un brésilien s'est marré jusqu'à la chanson sur les enfants des favelas au Brésil qui se font cramer. Là, il est venu me trouver !
Il en va de même pour certains cathos, féministes et autres dogmatiques...


15) a tu déjà fait des spectacles ou joué des rôles sérieux ?

Didier : Mais Didier est très sérieux !

Photos prises lors des "concerts" du 5 avril 2018 et du 7 avril 2018 à l'Art Dû, Marseille.