Dionysos (Interview)
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand 15 novembre 2002
Interview réalisée le 15 novembre 2002 par Pierre Andrieu
Quand on aime le rock �n' roll, le punk �n' blues et le folk �n' hip-hop, on a forcément envie de poser quelques questions à la personne remplissant les rôles de chanteur, acrobate, guitariste et écrivain dans le quatuor valentinois survolté, j'ai nommé Mathias Malzieu... Rencontre avec ce spécimen assez rare dans les loges de la Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand, peu de temps avant un concert de feu.
Peux-tu faire un bref historique du groupe depuis vos débuts ?
Mathias Malzieu : "On est des potes de lycée... On a eu envie de tenter un truc, sans aucune prétention de carrière parce qu'on ne connaissait pas du tout le milieu : on ne savait pas ce que c'était qu'une tournée, un enregistrement, une maison de disques, rien ! Puis, de répét' passionnées les samedi après-midi en petits concerts, et de rencontres en albums indépendants, on a tracé notre chemin. Et ce n'est que le début...
Vous êtes originaires de Valence, est-ce que ça a posé un problème de venir de province ou est-ce que ça a été un avantage ?
Ni un problème, ni un avantage, je pense que ça ne change pas grand chose !
Quels sont les artistes qui vous ont donné envie de prendre un instrument et de jouer de la musique ?
Il y en a énormément ! Au début, on écoutait principalement Nirvana, Noir Désir, les Pixies et le Velvet Underground. Puis ça s'est métamorphosé en un arbre généalogique de choses où on s'est intéressé, par curiosité, à plein d'autres trucs. Mais ce sont des groupes que je ne renie toujours pas et que je continue d'aimer, même si je n'écoute pas uniquement ces 4 groupes !
Avez-vous choisi Steve Albini pour la production de Western sous la neige parce que vous étiez fans de Nirvana ?
Ça a été l'une des raisons pour lesquelles nous avons fait l'album avec lui. Les super disques qu'il a produits, comme ceux de Jon Spencer Blues Explosion, P.J. Harvey, Low, Pixies et Palace Brothers, ont compté aussi !
Comment ça s'est passé avec Mr Albini ? Avez-vous envie de retravailler avec lui ?
S'il faut que je réponde aujourd'hui, je te dis oui ! C'était génial, on a beaucoup appris... Il y a une grande liberté quand tu travailles avec ce type là, un rapport à la spontanéité qui est tellement complet qu'on aurait envie de refaire un disque avec lui ! Mais je nous connais : on est tellement curieux de nouveauté que, même si à mon avis on peut arriver à la nouveauté avec lui, psychologiquement on serait capable de voir ailleurs ! Ce n'est pas impossible du tout qu'on refasse le prochain album avec Steve Albini. Ce n'est pas encore défini : là on est à fond dans le live, on ne pense pas à autre chose !
Qu'est-ce que vous écoutez en ce moment ?
Le dernier Low justement (Steve Albini a fait les deux premiers mais pas celui-là, mais c'est bien quand même !), la bande originale d'un film qui s'appelle Ghost World, on a acheté le dernier Beck mais, dire qu'on l'écoute, c'est un grand mot !
Tu ne l'aimes pas ?
Si mais, ce n'est pas la révolution non plus ! C'est un peu Mutations numéro 2... J'ai l'impression que les chansons sont belles mais il faut que je me penche plus dessus. J'avais tellement détesté l'album d'avant, Midnite Vultures, que je trouve Sea Change rafraîchissant ! Je vais faire mon vieux con de fan mais je ne me suis pas encore remis des albums de Beck, comme One Foot In The Grave ! Même Mutations était pas mal dans ce genre là. Le dernier ne m'a pas mis une baffe à la première écoute contrairement à l'album de Low !
Comme tu es fan de l'album Mutations de Beck est-ce que ça te dirait de faire produire Dionysos par Nigel Godrich, le producteur de Radiohead, Beck et Pavement ?
Non, parce que même si je trouve qu'il fait de très belles productions, il lisse tout ! Le dernier Pavement, par exemple, c'est vraiment le plus propret même s'il y a de belles chansons dessus ! Ce n'est pas le type de production que je préfère ! Ce qu'il a fait pour Radiohead, c'est bien ; même si je ne suis pas un énorme fan de ce groupe, je suis obligé de reconnaître qu'ils ont un talent évident ! Nigel Godrich est très fort mais c'est un coupeur de cheveux au carré ; il ne laisse pas ce qui dépasse et nous, on aime bien ce qui dépasse !
Je vous ai vus trois fois sur scène (à Riom en 1999, aux Volcaniques de Mars 2000 à la Coopérative de Mai et avant Iggy Pop à Vienne en 2002) et, à chaque fois, je me demande comment vous faîtes pour tenir cette forme sur scène...
On essaye de privilégier notre spontanéité, notre côté instinctif. Ce genre de choses-là, c'est fragile, mais on essaie de les favoriser un maximum, d'être le plus naturels possibles, de se laisser aller à ce qu'on sent le mieux et à ce qu'on fait le mieux ! On y arrive ou pas, c'est le jeu... Le but, c'est de ne pas essayer de faire un truc en particulier mais de se laisser aller à quelque chose d'instinctif... Il y a des musiciens qui sont mieux dans la sophistication, nous, ça vient plus du cœur et des tripes que de l'intellect : nous sommes des gens de la matière ! Ça ne veut pas dire pour autant qu'on n'a pas un vrai plaisir esthétique de mise en son mais, quand ça devient trop intellectualisé, ça nous saoule ! Il faut vraiment qu'on puisse mordre dedans, que ça soit une matière assez brute.
Estimez-vous avoir progressé sur scène depuis vos débuts ?
On essaye de s'améliorer évidemment ; mais si s'améliorer ça passe par faire les choses d'une manière plus professionnelle et moins spontanée... Pour nous, la musique n'est pas une science exacte, en tout cas pas la notre ! Il faut qu'il puisse y avoir de l'aléatoire et la possibilité que ça glisse, que ça vive et que ça tremble ! Même si c'est casse-gueule, c'est comme ça qu'on le conçoit ! On espère qu'on progresse dans l'intention mais, pour nous, c'est le contraire de partir de quelque chose de naturel pour le sophistiquer. Plus on va se rapprocher de nous et s'enfoncer dans le naturel, le primitif et le brut, plus on a la sensation de s'améliorer !
A quoi était due l'interruption de la tournée cet été ?
On a fait 350 concerts en 4 ans et tu vois comment on les fait (Ndr : à fond !). Je n'ai jamais appris à chanter, je ne me suis jamais chauffé la voix donc le corps a commencé à dire "stop" ! Cet été, j'ai donc fait de la rééducation vocale et je me suis reposé ... Je parle de mon cas mais tout le monde avait besoin de pendre un peu de recul. On ne peut pas dire qu'il y avait de la lassitude, il y a eu zéro moment de pilotage automatique. Jusqu'au dernier concert, c'était extrêmement jouissif mais cette espèce de magie, cette spontanéité qu'on protège, c'est quelque chose de très fragile ! Pour ne pas tout casser, il faut savoir prendre le temps de respirer ! On n'avait jamais pris un mois d'août de vacances depuis 6 ans : on était soit en tournée, soit en studio, soit on préparait un album. On a fait 150 concerts pour la tournée Haïku, on a pris un mois et demi de pause et on a commencé la pré-prod de Western sous la neige... Après ces vacances, on revient bien costauds pour notre premier concert de rentrée ici, à la Coopé (Ndr : le 4 octobre 2002) ! On a bouleversé beaucoup de choses, on a remis au goût du jour de vieux morceaux, il y aura de nombreux titres de Western... qu'on n'a jamais joué sur scène. On va flipper mais c'est bien ! Il faut se mettre en danger et ne pas se contenter de ce qu'on a acquis sinon on deviendrait moins instinctifs, plus confortables et, le confort, ce n'est pas bon pour la musique qu'on fait !
Il paraît qu'après votre concert très réussi à Vienne (38) en juillet 2002, Iggy Pop est venu vous félicitez dans les loges...
Ouais ! C'était un super beau moment ! On était tout timides... Il m'a dit que je lui avait fait penser à François Truffaut avec un rock �n' roll band ! J'étais impressionné, j'ai fait signer mon premier album des Stooges. C'était un joli moment !
Est-ce-que tu as assisté à son concert après ? Je suis fan d'Iggy et des Stooges mais j'ai trouvé son set trop metal, sans âme, il m'a semblé que vous étiez meilleurs...
Ça ne se compare pas ! Je sais qu'en tout cas j'aimerais bien être comme lui à son âge ! J'aime beaucoup son côté crooner, il ne le développe pas du tout sur scène. Il ne montre que la face punk rock alors que pour moi, il n'est pas que ça. J'ai beaucoup aimé malgré tout, c'était une belle leçon de punk rock ! La seule chose qui me chagrine, c'est que c'est avant tout un grand chanteur, ce n'est pas juste un punk ! Par exemple, il pourrait jouer sur scène la B.O. du film Arizona dream qui est super belle. Enfin, je me suis régalé, j'étais dans un état d'euphorie ! Je ne l'avais jamais vu live alors que je suis fan, jamais je ne pourrais me permettre de le critiquer. Je n'étais même pas au niveau du jugement, j'étais dans un état assez particulier...
Je l'ai vu plusieurs fois jouer avec d'autres musiciens et je trouve que son backing band actuel est lourdingue...
C'est un peu vrai, les musiciens ne font pas dans la finesse mais, lui, il dégage toujours un truc...
J'ai trouvé plutôt sympa la dédicace que vous faites aux groupes Dolly, Uncommonmenfrommars et Cornu sur votre dernier opus alors que pas mal de musiciens déblatèrent des saloperies sur leurs petits camardes et se la jouent perso. Comment les avez-vous rencontrés et y-a-t-il des collaborations prévues avec ces groupes amis ?
On a déjà chanté sur scène avec Dolly, Cornu et Uncommonmenfrommars. Ce sont devenus des amis, on les a rencontrés lors de concerts communs, ces groupes sont importants pour Dionysos ! On ne les a pas remerciés par hasard ou par politesse : ils comptent vraiment pour nous !
Comment Dionysos procède-t-il pour écrire un morceau ?
J'arrive toujours avec le texte et la chanson à la guitare acoustique, c'est quasiment systématique... Après, il y a un vrai travail de groupe : on arrange les morceaux tous ensemble. Je n'arrive pas en disant : "toi tu joues ça à la basse, toi ça à la guitare..." ? Par revendication un peu communautaire, les morceaux sont tous signés collectivement "Dionysos" même si c'est moi qui écrit les textes.
Comment procèdes-tu pour écrire les textes ? Ils sont tantôt en anglais, tantôt en français...
Depuis deux albums, la proportion de textes en anglais et en français est à peu près égale. Au début, je faisais tout en français, puis j'ai découvert les Pixies et j'ai tout écrit en anglais. J'ai eu envie de me remettre au français un peu par goût du risque : je me suis dit "tu aimes les Pixies, ils chantent en anglais, il faut peut-être essayer de trouver quelque chose d'un peu plus personnel à faire !". Je continue à utiliser l'anglais parce que j'aime la langue mais, petit à petit, je commence à prendre goût au chant en français. Au début, je n'y arrivais pas ; entre le moment où je me suis dit "ça serait excitant de chanter en français" et le moment où je l'ai fait, ça a pris un an. La première chanson c'était Ciel en sauce, puis la reprise de Jacques Dutronc, Fais pas ci, fais pas ça m'a aidé aussi a m'approprier les inflexions en français. C'est comme si tu passais d'un coup d'un chewing gum Hollywood à un Malabar, les inflexions sont différentes et tu ne fais pas passer les choses de la même manière. Peut-être qu'un jour on fera un album tout en français, peut-être qu'on refera un disque entièrement en anglais, je ne sais pas ! Depuis deux albums, le fait de disposer de cette espèce de double palette me convient très bien, c'est comme si je pouvais à la fois faire des films en noir et blanc et des films en couleurs ! On n'arrive pas au même résultat mais j'aime bien les deux. En plus, le français permet aux gens de s'intéresser aux textes !
D'où te vient l'inspiration pour les textes ? Te sers-tu de cut up comme David Bowie pour Moonage Daydream par exemple (Phrases écrites au hasard sur une feuille puis découpage aléatoire de la feuille et assemblage pour créer un texte bizarroïde) ?
Non, je n'ai jamais fait de réel cut up, de truc surréaliste, même si ça peut y faire penser par moment. Je ne le fais pas comme un exercice de style : c'est moins intellectualisé que ça ! J'écris comment je le sens, en fonction des envies que j'ai : création d'une ambiance, description de personnages ou récit d'une histoire.
Est-ce que tu penses que le fait de chanter de nombreux titres en anglais pourrait ouvrir à Dionysos le marché anglo-saxon ?
Je ne sais pas ! Curieusement, quand on a joué en Allemagne, ce sont les chansons en français qui attiraient le plus l'attention ; Coccinelle avait relativement bien marché là-bas, à son niveau ! Donc tu vois, il n'y a pas de loi. Souvent dans les interviews sur l'album d'avant on ne me parlait que de Coccinelle, 45 tours ou Pyjama et là, on me pose des questions sur des titres en anglais comme Nicholsong ou Mandarine alors qu'auparavant, personne ne mentionnait jamais ces chansons en évoquant les textes ! Tu t'exposes à autre chose, c'est intéressant ! Après, est-ce que ça ouvre quelque chose, je ne sais pas ! Si oui, tant mieux parce que les expériences à l'étranger sont intéressantes ! Après, on ne peut pas prétendre que ça va ouvrir des portes à l'étranger. C'est comme si on avait dit "chanter en français, ça va ouvrir le marché français...". En un sens oui, car c'est la même langue, donc il y a plus de chances mais il n'y a pas de règles : des groupes marchent en chantant en anglais et vice versa. Il ne faut surtout pas rentrer dans ces considérations là, pour décider de son processus créatif, sinon c'est le début du n'importe quoi et la perte de la spontanéité !
J'ai trouvé sympa que vous fassiez jouer un roadie avec vous sur scène à la guitare et aux claviers...
C'est Stéphan, il est plus que roadie ! Il conduit le camion, pendant un temps il nous faisait les retours, il est régisseur général... La vie d'un groupe c'est un peu un voyage initiatique, il y a des moments très beaux, très forts qu'ils faut savoir gérer pour ne pas avoir la tête qui enfle et des moments difficiles de solitude, de doute, de fatigue. Même si c'est passionnant, il faut être très bien entouré, notre équipe est donc extrêmement importante car on vit énormément ensemble (camion, hôtels, salles... ) ! On ne peut donc pas se permettre d'avoir une personne dans le camion qui ne nous plaise pas et qui ne soit pas complètement investie dans le processus...
Avez-vous déjà eu des problèmes avec des spectateurs qui seraient venus à vos concerts sur un malentendu, à cause du nom "Dionysos" qui évoque plus un groupe de heavy metal progressif (et chevelu) qu'une bande de bricolos folk-pop-blues comme vous ?
Oui, c'est arrivé au début ! Ils ne sont pas allés jusqu'à venir mais on nous a posé la question "pourquoi ce nom ?" ! On aimait bien l'imagerie, on aimait bien ce que ça voulait dire... Le nom "Dionysos", c'est venu du théâtre, de la surprise, de l'exubérance, de la nuit. Tout le côté excitant en fait.. On ne voyait pas du tout le côté fêtard, pinard, dieu de la fête, ce n'est pas ça qu'on voulait dire ! On s'est aperçu après que c'était un nom à double tranchant ! On s'est complètement approprié ce nom et on n'a pas l'impression qu'on pourrait s'appeler autrement : Dionysos, c'est un peu le prénom du groupe... Parfois, il est lourd et il traîne un peu des références lourdingues mais ça fait partie du jeu (Il rit... ) ! Sans prétendre se comparer à eux, il y a plein de noms de groupes super qui sont nazes au début : "Nirvana" par exemple, c'est craignos comme nom... Et il y a pire : "Noir Désir" ! Maintenant, quand tu entends ce nom, tu penses à eux et comme ils ont la super classe sur scène et qu'ils font de très bons disques, Noir Désir ça sonne trop ! Mais si tu enlèves l'image de Cantat et sa bande, "Noir Désir", ça ne sonne pas bien ! Ils sont arrivés à le remplir de leur vécu, humblement, j'espère qu'on va faire la même chose !
Noir désir, c'est un modèle pour vous ?
Oui, c'est un bel exemple. D'ailleurs j'ai vu le documentaire sur leur tournée au Moyen Orient sur Arte, dans l'émission Tracks. Je trouve que c'est la très grande classe, ils ont une belle discographie et je pense qu'ils ont toujours su rester intègres sans tomber dans un intégrisme bête et méchant et en évitant les facilités du mainstream, en restant tout simplement intelligents et près de ce qu'ils ont envie de faire. En plus, on a une culture commune, ils ont flashé sur des choses qu'on apprécie aussi : Pixies, Nick Cave, le Gun Club, Tom Waits, le folk et le blues du Mississippi, des choses très arrachées, très brutes, très primitives en passant par des trucs bruyants comme Sonic Youth... Sans prétendre être comme eux, je pense qu'on a une sensibilité en commun !
Noir Désir essaye de tourner à l'étranger, est-ce que ça vous dirait de faire la même chose ?
Carrément ouais ! C'est très intéressant de tourner à l'étranger, on apprend beaucoup de choses ! On l'a déjà fait en Allemagne, en Suisse, en Belgique, à Prague, à Budapest et à Montréal... Apparemment, il y a des choses qui sont en train de se débloquer sur l'Italie et l'Espagne mais, pour l'instant, on va continuer de se concentrer sur notre tournée française, après on verra !
Une question sport maintenant : est-ce que tu vois un successeur possible à John Mc Enroe dans le tennis actuel ?
Roddick peut-être ! C'est comme pour l'album de Beck, je ne vais pas faire le vieux con et dire que c'était mieux avant mais... Peut-être qu'il y aura des mecs qui vont me surprendre encore mais pour l'instant, ça fait un moment que j'ai pas eu la flamme pour un tennisman. Mais on a bien Zidane en foot alors qu'on pensait que Chris Waddle et Eric Cantona seraient irremplaçables !
Qu'est ce que tu aimais chez Mc Enroe : son jeu flamboyant ou ses colères ?
Les deux ! Le personnage, le fait qu'il fasse des revers magnifiques avec une prise de coup droit, ce qu'on t'interdit formellement en école de tennis. Son côté écorché vif : la balle, il la voyait bonne et il le disait ! Moi, ça me séduit les gens à fleur de peau comme ça ! Même s'il y a une part d'imperfection et un côté excessif qui peuvent le rendre désagréable parfois, il est tellement vrai... On est tout le temps entouré de mondanités, tout est tellement calibré et formaté : regarde ce qui marche en moment. C'est un cliché ce que je dis, j'en suis conscient mais, justement, c'est une évidence ! Quand tu vois des mecs qui sont tout simplement humains, c'est réconfortant ! C'est ce que j'aimais chez Beck dans les premiers disques et que j'ai perdu avec Midnite Vultures, un pur exercice de style, réussi certes, mais ça reste une blague !
Je l'ai vu au Théâtre Antique de Fourvière à Lyon pour la tournée Midnite Vultures et c'était très bien, il y avant son bassiste fou...
Ouais, c'est amusant mais, avant, il prenait Hank Williams et les Beastie Boys et il les fracassait par terre pour faire du Beck ! Maintenant, il fait du Prince pour amuser la galerie, ça m'excite moins.
Vous commencez à avoir un succès assez conséquent, est-ce que vous êtes désormais obligés de sortir de chez vous "déguisés en pas vous" ?
Non, ça reste mignon et ça arrive principalement dans les salles de concert. Mais c'est comme partout, il y a parfois des gens lourds : il ne faut pas non plus idéaliser, ça fait partie du jeu... Parfois, c'est rigolo de se faire reconnaître et de signer un autographe au supermarché quand tu es en train d'acheter tes 500 g de pâtes. Pour le moment, ça ne change pas notre vie, on n'en est pas là !
J'ai vu sur votre site web que le batteur, Eric Serra-Toisio, est fan de l'OM et que chaque lendemain de concert vous visitiez les stades des villes dans lesquelles vous passait... Allez-vous visiter le stade Gabriel Montpied demain ?
Je ne sais pas il faudrait voir avec lui, ça peut l'intéresser si le stade est beau... Eric fait des maquettes de stades qui sont extraordinairement précises et réussies. Il les fait avec du carton, le résultat est super beau ! C'est incroyable...
Le dernier opus de Dionysos s'appelle Western sous la neige... Quels sont tes goûts en matière de cinéma ?
C'est assez vaste ! J'aime les western : les western spaghetti et les trucs un peu plus noirs et tendus à la Sam Peckinpah. Dans ce style, j'apprécie aussi Nicholas Ray (Johnny guitar), Raoul Walsh et John Huston... Après, j'aime bien le côté "comédie américaine des années 30", certains films d'Hitchcock comme La mort aux trousses, le film L'impossible monsieur bébé, Casavettes aussi... Aujourd'hui, j'adore Jim Jarmush et Takeshi Kitano, (le film poétique avec l'enfant et même ses films durs comme Haniki mon frère). La dernière période de Lars Von Trier me touche beaucoup: Les idiots et Dancer in the dark m'ont beaucoup plu !
Est-ce que ça vous dirait de travailler pour le cinéma ?
Oui, faire une musique de film, c'est un rêve ! On a fait la musique d'un téléfilm mais, même si ce n'est pas une horreur, on ne le revendique pas vraiment !
Quels sont les rêves de Dionysos en tant que musiciens et qu'êtres humains ?
Il y en a pour 3 ou 4 nuits d'affilée ! Là, ce serait enregistrer un duo avec Iggy Pop sur le morceau que chante Ricky Nelson dans Rio Bravo, c'est le premier qui me passe par la tête. Sinon, le rêve absolu, c'est que ça continue avec Dionysos ! C'est passionnant : on est tous à vouloir grignoter des espaces de liberté artistique et de vie, et nous on s'en baffre de pleines lampées ! C'est un privilège énorme et on en a conscience ! On a envie de pouvoir continuer à évoluer en liberté, et ça, c'est le germe pour beaucoup d'autres rêves...
Pour conclure, quels sont les projets du groupe pour les mois à venir ?
Nous poursuivons la tournée électrique jusqu'en décembre 2002. Après il y a une tournée acoustique qui se prépare pour fin février, uniquement dans des lieux assis. Ce sera vraiment très acoustique, on ne l'a pas encore monté, mais on a envie de prendre ce risque là ! Ensuite, On reviendra en électrique pour quelques concerts puis pour les festivals d'été... Après, ça sera la fin de la tournée Western... en France. Des projets de tournée à l'étranger pour septembre 2003/décembre 2003 sont en préparation. Pendant le temps libre, on sera en train de mixer un live qu'on aura enregistré !"
Revoir Dionysos sur scène en électrique ou en acoustique, écouter le disque live et la discographie entière, voilà à quoi pensent 99.9 % des heureux spectateurs ayant eu la chance d'assister à une démonstration de Blitzkrieg folk rock administrée par nos cinq piles électriques ! Même si on sait que les tournées et les enregistrements sont fatigants, on n'a vraiment pas envie de voir un groupe aussi incroyable partir en vacances. Fort heureusement, Dionysos est très souvent sur les routes, pour notre plus grand bonheur. Les dates sont là.
Site Internet officiel : www.dionyweb.com.
(Photo Marc Porral, au Théâtre Antique de Vienne, en juillet 2002)
Interview réalisée le 15 novembre 2002 par Pierre Andrieu
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