Elektrolux - Interview pour la sortie de leur 1er album
Entretien avec Cedric, le chanteur-guitariste de ce collectif de musique mécanique.
Elektrolux existe depuis combien de temps ?
J'ai pas franchement fait le calcul, mais pour les prémisses ça doit remonter à 2002.
Pouvez vous nous présenter les membres du groupe ?
Non.
Avant de vous rencontrer, jouiez vous dans d'autres groupes ?
Le batteur avait participé avec le guitariste à une petite aventure de six mois qui ne s'est malheureusement pas concrétisée, et qui était dans un style différent, plus calme, une sorte de
pop assez écrite. Avant ça, il avait officié dans David Watts. Le bassiste a joué auparavant dans the Lift (dont le guitariste est maintenant batteur des Hate pinks !), et avant cela dans les Singh, après avoir quitté les Rolling Stones, pour une sombre histoire de coupe de cheveux. Mais là, je ne suis pas très sûr.... Le guitariste quant à lui a joué dans Bug (dont l'autre guitariste est maintenant dans les Hate pinks). On devrait continuer comme ça, à moins que les Hate pinks ne prennent encore l'un de nous...
Pourquoi ce nom ? Et la transformation du C en K ?
En fait je trouvais que le nom avait une petite consonance Fifties et je pensais que la marque n'existait plus. Nous allons donc devoir leur faire un procès. Quant au changement de lettre, c'est dû aux moteurs de recherches, si tu tapes avec un C, tu ne tombes que sur de l'électroménager...
Collectif de musique mécanique ? Kézako ?
-En fait l'idée c'est qu'on fonctionne comme un soviet au sein du groupe, c'est du collectivisme au profit de la révolution par le rock'n'roll. Les individualités sont niées au profit de l'entité Elektrolux. Le côté mécanique, c'est parce que les structures des morceaux obéissent à des motifs volontiers répétitifs et obsessionnels.
Comment définissez vous votre style ?
Difficilement. C'est vrai qu'on ne se pose pas la question. En fait tout fonctionne par réaction en chaîne, il n'y a pas de plan d'ensemble. Au début je pensais faire un truc dans l'esprit de Gun club, et puis le mélange des personnalités a donné ce que vous entendez et je suis au bord du suicide. On écoute pas mal de rock'n'roll -punk-garage-rockabilly, mais aussi beaucoup de country, de jazz et free-jazz.On pourrait dire que c'est du country-krautrock, mais nous on appelle ça soviet twist.
Qu'est ce qui vous pousse à faire de la musique ?
Apparemment pas l'appât du gain... En fait, si on n'en fait pas on est malheureux.
Ensuite c'est un des trucs les plus excitants que je connaisse. Désolé les filles...
Elektrolux est un groupe du sud de la France qui chante en anglais. Pourriez vous chanter en Français ? Avez vous déjà essayé ?
Déjà la provenance géographique n'a aucun rapport avec la création, sinon on serait censés chanter en provençal. Je ne pourrais pas chanter en français, je n'ai pas essayé, et le choix des langues est un débat d'arrière-garde qu'on va laisser aux professionnels de la profession pour les périodes de vaches maigres .
Depuis un an environ on parle beaucoup de vous, vous faites de plus en plus de concerts,pourtant vous bossez tous à coté... Quel est votre statut actuel ? Vivez vous de votre musique ?
Non, nous sommes encore loin de pouvoir en vivre. Le fait de bosser à côté permet d'avoir un minimum de confort matériel, qui fait que nous n'avons pas besoin de faire de concessions esthétiques. Dans un certain sens la contrainte libère, puisqu'elle nous pousse à nous organiser, mais obligatoirement, l'évolution des résultats rock'n'rollesques nous amènera à repositionner tout ça. Enfin, il y a deux fonctionnaires et un chômeur.
Comment gérez vous ça par rapport à vos metiers ?
Soit dans le cadre d'une tournée, c'est pendant les vacances scolaires,sinon ce sont des dates le week-end.
Essayez/espérez vous un jour vivre d'Elektrolux ?
Oui.
Que pensez vous du problème des intermittents ?
C'est encore un problème de politique libérale et de volonté de précarisation. Au plus on met les gens dans la merde, au plus il seront prêts a travailler pour des cacahuètes, se dit-on là-haut... Au-delà de prétextes foireux du genre "ils profitent du système", on s'attaque à ceux qui ont l'air de parfaits bouc émissaires, histoire de montrer qu'on fait des réformes qu'après tout personne n'avait demandé, sinon les moins concernés .
Quelles sont les valeurs du groupe ?
La luxure, le stupre, l'alcoolisme et l'UMP.
Après quelques maxis, vous avez sorti votre premier album (excellent)... Cela a t'il été facile ?
Oui, de toute façon c'est de la démerde, je pense aux maxis qui étaient faits à l'huile de coude, on a aussi eu de bon contacts et des gens qui nous ont aidés comme les éditions du Dernier cri pour les pochettes en sérigraphie. Pour les moyens ce sont les cachets des concerts et les ventes de disques qui financent tout.
Pas de label,pas de manager, pas de tourneur, pas de distributeur...
Non, il y a des labels qui nous ont envoyé des mails (du Luxembourg, de Belgique par exemple) pour nous dire qu'ils aimaient beaucoup, et que les disques tournaient en boucle sur leur platine, mais que pour l'instant ils n'avaient que peu de moyens...Je ne parle évidemment pas de majors. Pas de manager, mais maintenant de plus en plus c'est nous qui sommes contactés. On va contacter Musicast pour la distribution, avec l'accord de notre tourneur "Servant-prod".
De quoi parlent les chansons ?
-Du quotidien, de ressentis avec un net basculement dans l'absurde, voire le cynisme et la concision.
Rock'n'roll et communisme...un petit mot sur la pochette ?
Comme tu le sais, depuis le début on utilise l'imagerie soviétique dans un vil esprit de propagande sonique. C'est du second degré, même si nous sommes en mesure d'appuyer une argumentation sur le fond. En fait notre but c'est de ressusciter l'URSS pour relancer la guerre froide. Pour l'instant nous ne sommes que trois, même si le concept semble faire école à Marseille. Je pense que c'est parce que ce concept est à la fois sexy & mystérieux.
Comment se passe la composition des morceaux ?
C'est long, ça fonctionne par bribes, tout le monde participe et il est impossible d'arriver avec un morceau écrit de bout en bout. En général j'apporte l'idée de base, ou c'est Eric qui la commet. J'ajoute que notre bassiste est pénible et directiviste, mais plutôt bien coiffé en répet'.
Ça m'échappe...
Si quelque chose était à refaire ou changer ?
Le gouvernement.
Vous tournez beaucoup en dehors de Marseille ?
De plus en plus, et je l'espère, de plus en plus.
Dans les groupes que vous avez croisé sur la route, qui vous a le plus marqué ?
Récemment , nous avons joué avec un groupe Belge qui s'appelle Experimental tropic blues band, une sorte de musique à la Jon Spencer très puissante.Vraiment bon.
Et dans le non-rock ?
Je ne connais pas cette catégorie.
Que représente la scène pour vous ?
Le plaisir, l'excitation et la trouille aussi. C'est l'ultime palier du partage de la musique.
Votre meilleur souvenir de concert (sur scène ou dans le public) ?
Sur scène, pour parler de dates récentes, je dirais Paris, où nous avons joué en janvier et en avril, où le public est vraiment réceptif et à fond. Notre imaginaire provincial pourrait nous faire croire que là-bas les gens sont blasés, mais ce serait plutôt le contraire...A méditer.
Dans le public, allez, au hasard, Nick Cave au Moulin en 93.
Avec qui pourriez vous imaginer/aimeriez vous faire un duo ?
En fait nous avons déjà eu des collaborations sur disques et sur scène, actuellement Isabelle, la chanteuse de LO nous accompagne sur un morceau. J'aimerais bien travailler avec PS Favier, l'excellent guitariste-chanteur d'Hanoi Jane (voir leur page sur My space) Sinon, on aimerait bien éviter un duo avec Phil Collins.
Revendiquez vous certaines influences ?
Oui.Voir question 6.
Qui admirez vous le plus comme artiste (musical ou pas) ?
Je refuse de répondre à cette question. Laissez moi sortir.
Que pensez vous du problème de internet et du mp3 ?
AHAH, que tout le monde est largué dans cette histoire, que c'est à la fois le remède et la maladie à la diffusion de la musique, que des multinationales qui possèdent à la fois des labels et des firmes qui produisent des appareils qui permettent de pirater cette même production sont dans le plus parfait paradoxe, et surtout rien ne vas à la même vitesse : technologies, lois, mentalités. Nous on regarde tout ça assis sur le coté. The boys aside.
Le retour du rock ?
Retour du rock ou recours au rock ? A la base c'est une musique qui parle à la révolte et au sexe, régulièrement ça revient ou on nous le présente comme tel, probablement parce que ce qu'on a voulu nous fourguer entre temps ne comble pas ces besoins. Sinon, c'est jamais parti.
Dans les disques que vous avez récemment acheté, lequel vous a le plus plu et lequel vous a le plus déçu ?
HanoiJane me plait beaucoup. Sinon, ayant peu de moyens, je cible assez précisément. Donc pas de déception.
Vous écoutez quoi en ce moment ?
The Scientists, Jackie Maclean, This Heat, Charlie Feathers, the Pretty Things.
Si vous deviez décrire Marseille, qu'en diriez vous ?
Une ville de bronze-culs, mais attachante. C'est dur de déplacer les gens, d'autant plus que la plupart n'ont pas franchement le portefeuille qui transpire. Ceci dit quand on tourne ailleurs on entend exactement la même chose. Sauf à Paris .
Pensez vous qu'il soit possible de se faire connaître hors de Marseille ?
Oui.D'ailleurs les exemples sont là : Les Neurotic swingers ont je pense donné beaucoup d'espoir aux groupes locaux, tout le travail du label Lollipop agit dans le même sens. Les Cowboys from outer space et Kill the thrill ont ouvert les mêmes perspectives.
Pour les autres styles musicaux, reportez vous aux principaux medias, merci.
Un plus grand dynamisme de la scène musicale du nord, mythe ou réalité ?
Réalité. Ici on préfère faire les malins en tongues aux terrasses de bars, ça doit venir du climat...
Comment avez vous senti évoluer la scène marseillaise ces dernières années ?
C'est plutôt encourageant, il y vraiment des groupes intéressants, il y a plus de lieux où se produire, plus de lieux pour répéter, plus de structures (labels, assos,etc...), et probablement plus de demandes, on était morts de faim ici...
Pour finir, pouvez vous me citer 10 groupes marseillais (en prècisant leur style ?
- Lo - garage-plop
- Cowboys from outerspace -rock'n'rolldontonsesenlepluproche
- Kill the thrill -rock indus
- Hate pinks -punk tata
- Neurotic swingers -punk suisse
- Crumb -punk-psyché-muppet
- Nitwits -A Saint-Tropez
- Aggravation -punk-rafraichissant
- Nation all dust -Tom Verlaine/Richard Lloyd
- Rosa -post-rock
Si Elektrolux était :
un animal- un éléphant de mer
une couleur -rouge
un plat -le whisky
Pour nos lecteurs marseillais ou de la région :
- un conseil resto :
-le Débouché à midi, (bar à vin/cave-3 blvd National)
-la Passerelle, Stéphane Martin y sert nu le samedi soir
-Un conseil bar :
encore le Débouché. Ssinon j'aime bien l'ambiance du bar des Variétés. Mais va au p'tit bistrot en bas de chez toi.
Le mot de la fin:
-Supportez la Machine à coudre, si elle ferme, vous vous en mordrez les doigts...
Nous prévoyons d'ailleurs d'organiser un concert de soutien à l'automne.
(L'équipe de Live In Marseille se joint à 200% à cet appel, cette salle unique est notre 2e maison !)
Un interview Liveinmarseille.com
Interview réalisée le 18 mai 2006 par Liveinmarseille.com
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