Interview avec Imany à l'occasion de la sortie de l'album The wrong kind of war
Comment a été écrit l'album "The wrong kind of war" ?
Il y avait cette envie d'écrire un beau second album suite au succès du premier. L'album a été créé pendant la tournée de "The Shape of a broken heart" sur une période de deux ans et demi, trois ans. À la base, on a composé une soixantaine de chansons. Le but était de trouver les bons titres pour que cet opus soit le plus cohérent et le plus fort possible.
Quelle sorte de guerre est mauvaise, d'après toi ?
En politique, toutes celles que l'on mène actuellement. Lorsqu'on va faire la guerre à des pays qui ne nous ont rien demandé sous des prétextes fallacieux, pour du pétrole ou un territoire.
Puis ensuite les mauvaises guerres sont celles que l'on mène entre amis ou en couple : la guerre des égos, les petites tensions, les chamailleries inutiles parce qu'on veut absolument avoir raison comme si notre vie en dépendait. Mais on ne gagne pas à ce jeu là, jamais.
Dans "There were tears", tu dis : "Don't stop fighting 'till our hearts stop beating. Don't stop fighting while they keep on lying." Dans quel but doit-on se battre ?
Pour toutes les raisons du coeur, pour ce qui nous révolte. On doit se battre pour la justice, l'égalité, l'équité. Pour que le système fonctionne et qu'on parvienne tous à tirer notre épingle du jeu.
Est-ce que tu as l'impression d'avoir un rôle à jouer en tant qu'artiste ?
Eh bien déjà en tant qu'être humain, que locataire de cette planète. Après, lorsque tu es artiste et que la lumière est sur toi, t'as la possibilité de parler au plus grand nombre. La notoriété permet cela. La voix sert à chanter et la notoriété à lutter. Ensuite, chacun choisit ses combats. Chacun doit faire sa part. Même si c'est peu. Si chaque personne ne mettait ne serait-ce qu'une goutte d'eau, on pourrait éteindre l'incendie. Si tout le monde faisait un pas dans le bon sens, c'est-à-dire dans le sens de la solidarité, de l'intelligence... Je suis sûre que ça irait beaucoup mieux. Si nous faisions tous notre maximum, les gens du peuple comme l'élite politique, le trois quart des problèmes qu'on vit ou qu'on subit, plutôt, n'existeraient pas.
Sur la pochette de l'album, on voit une petite fille les bras croisés, résolue. Sur ton premier album, on te voit de face aussi, le même air décidé. Est-ce qu'on peut dire de toi que tu es une femme déterminée ?
Oui, parce qu'il faut être déterminé et croire en ce qu'on fait pour que ça puisse marcher. Je pense que la détermination de cette gamine est une démonstration de force et de courage. Il n'y a pas pire qu'être une petite fille dans ce monde, une petite fille noire en l'occurrence. C'est l'une des situations les plus précaires que l'on puisse vivre. Et là, elle est en train de prendre son destin en main. Pour cela, elle doit faire preuve de force, de courage, de dignité, au-delà de sa détermination. Elle doit rester debout et avancer.
Comment abordes-tu la scène ?
J'aborde la scène de manière beaucoup plus sereine que sur le premier album parce qu'entre temps j'ai fais plus de quatre cent concerts... Puis avec les promos, les festivals, j'ai eu une véritable formation. Je trouvais ça vraiment très violent au début. J'ai commencé par les petits rades puis les petites scènes, les premières parties puis les festivals... Désormais j'appréhende la scène avec beaucoup plus de sérénité, de confiance, d'amour.
Malgré les podiums que tu as fais en tant que mannequin ?
Non, ça n'a rien à voir, c'est totalement différent. En tant que mannequin, tu arrives en mode robot. Tu dois vendre ce qu'il y a sur ton dos. Lorsque tu te présentes avec ta musique, tu emmènes ton coeur en face des gens qui eux, doivent te juger. Ce n'est pas évident. On est là, le plus honnête possible, le plus ouvert possible et il faut attendre la réaction des gens... C'est difficile.
Pourrais-tu parler de l'inspiration que tu as eu pour les trois chansons suivantes ?
I long for you :
"I long for you" veut dire : je me languis de toi.
C'est une chanson sur le manque et à la fois la solitude. Lorsqu'on est loin de chez soi, de l'être qu'on aime. C'est une chanson qui m'a été un peu inspirée de la vie sur la route, où finalement on est entouré de plein de gens autour de la scène, et cetera, mais où on est souvent très seuls.
The rising tide :
En français, c'est la vallée montante. C'est un titre dont le thème est le déni collectif par rapport au réchauffement climatique et la destruction de la planète auxquel on participe de manière violente.
Wrong kind of war:
C'est l'histoire d'un couple qui avait toutes les chances de réussir mais qui décide de se battre pour des trucs qui n'ont pas réellement de valeur. Ils mettent leur amour et les choses essentielles de côté pour finalement tout perdre. Puis ils sont là à constater leur échec sur les cendres de leur histoire. Et voilà, c'est ce qui a donné le titre de l'album.
Trois titres pour trois belles batailles... Et au fond, toujours la même : celle que l'on mène pour la quête de l'essentiel...
Interview réalisée le 11 avril 2017 par Lily Rosana
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