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Chronique de concert Interview d'Anna Kova à l'occasion de la sortie de son EP intitulé Pigments
Dimanche 22 décembre 2024 : 6834 concerts, 27254 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Interview d'Anna Kova à l'occasion de la sortie de son EP intitulé Pigments
Un petit bout de femme. Une voix monstrueusement belle. Un regard brun intense. Un talent gigantesque. Une passion dévorante. Anna Kova est la voix et la plume du titre "All in you" de Synapson, le clip aux 9 843 949 vues sur Youtube. Elle est une jeune française aux origines russes et arméniennes. Elle apprend le piano avec sa grand-mère dès sa plus tendre enfance. "C'était quelqu'un d'exigeant, dit-elle, les jambes croisées, rêveuse. Et je lui en suis tellement reconnaissante. Elle m'a tout appris." Jeune surdouée et acharnée du travail, elle réalise son rêve et intègre à Boston la "Berklee College of Music", une école de jazz réputée, pendant deux ans. Elle en revient chargée d'inspiration, d'envie de partage, et plus libre encore qu'elle ne l'était déjà. Elle compose alors son premier Ep : "My Heart Ain't Wrong" (MHAW) en 2014 avec lequel elle fera les premières parties de T-Pain et de Tricky ainsi que de nombreuses scènes. Puis elle écrira "Pigments", son deuxième Ep sorti en septembre 2016. Cinq titres. Cinq couleurs. Cinq merveilles. Voici l'interview de la révélation féminine de l'année...
Anna, quelle est ton histoire ?
Je suis née à Paris dans une famille où les cultures russes et arméniennes se mélangent. J'ai découvert le piano, la guitare et le chant très jeune. J'ai également appris la danse, le classique, le hip hop, les danses latinos américaines pendant douze ans. Et j'ai adoré ça. J'essaye d'ailleurs de le mettre dans mon live petit à petit. Je crois que le corps et la voix sont fondamentalement liés. Si tu sais comment utiliser ton corps, tu sais comment projeter ta voix. Tu sais comment dire les choses, comment crier sans te faire mal, comment chuchoter et te faire entendre. Les deux marchent ensemble. Aussi, dans ma famille, beaucoup ont l'âme voyageuse. C'est ce qui m'en a donné le goût, je crois.
Est-ce que voyager est important pour toi ?
Oui, j'aime beaucoup voyager. J'en ai besoin. Je crois que ça ouvre l'esprit et enrichit émotionnellement. C'est nécessaire de s'imprégner d'autres cultures, d'autres histoires, d'autres espoirs, d'autres regards pour avancer.
Comment as-tu vécu ton expérience aux États-Unis ?
Boston était vraiment incroyable. Ce voyage m'a vraiment aiguillé sur mes aspirations. J'y ai découvert une véritable culture oratrice, une grande exigence dans le travail, un tel culot ! Ils ont un culot brillant. Ils osent. J'avais besoin de voir, de connaître tout cela, de l'observer.
Oser, c'est d'ailleurs un mot d'ordre dans ce que tu fais, non ?
Comme tu peux le voir dans mes collaborations, j'ai toujours envie de tester de nouvelles choses, de prendre des risques. Ça me nourrit au même titre que mes voyages. J'en ai besoin pour me dépasser, me surprendre et surprendre les autres. Mais cela ne veut pas dire que je me perds pour autant. La musique unit toutes mes influences et toutes mes envies. C'est elle le point d'ancrage dans ce que je veux faire et partager. Elle ne peut pas être mise dans une case. Elle est en perpétuelle évolution. Tout comme nous.
De quelle manière composes-tu ?
Tous mes titres passent par le piano/voix. C'est de là que tout commence. L'inspiration vient de plusieurs manières. Que ce soit grâce à une prod inspirante comme cela a été le cas avec Synapson, dans le métro en observant les gens ou encore en cherchant une mélodie sur le clavier... J'aime aborder différentes façons de travailler. Chaque chanson a son histoire et sa particularité.
Comment abordes-tu la scène ?
La scène est un endroit où tu dois tout donner. Devant tant de gens qui t'offrent tant de force et d'énergie, c'est la chose la plus naturelle que tu puisses faire. Que ce soit devant cent mille ou dix personnes, je me nourris de la force que le public me donne, de la douceur de leurs regards. Dans un public, il n'existe plus de conflit. Il n'y a plus de différences d'âge, sociales, culturelles. Il ne reste que l'émotion dans sa forme la plus pure. C'est la magie de la musique. Il n'existe rien de plus fort et de plus puissant pour moi. C'est l'une des seules choses qui guide et unis les gens de la même force. C'est le seul endroit où je me sens vivante.
Pourquoi as-tu fais le choix de sortir plusieurs Ep au lieu d'un album ?
À l'heure où l'on écoute de la musique de manière très éclectique, je ne voulais pas sortir trop de choses en même temps. Chaque Ep est un bout de vie. J'apprends à laisser vivre mes projets. Je suis heureuse de pouvoir présenter cette palette de cinq titres et d'avoir la liberté de pouvoir tester plein de choses. MHAW est le plus Hip Hop et plus électronique que ne l'est "Pigments",qui est, lui, plus organique, plus instrumental et un peu plus produit.
L'album sera la fusion des deux. J'ai envie de prendre le temps d'écrire quinze à vingt titres qui auront une cohérence les uns avec les autres. Je veux qu'il existe un fil conducteur tout le long de l'album. Qu'il y ait des personnages, un concept, un thème. Aussi, sortir deux Ep me permettra de connaître les envies et besoins des gens. Savoir ce qui leur plaît, ce qu'ils aiment moins.
Comment a été produit Pigments ?
La rencontre avec Mim a été très importante. Alors que "MHAW" a eu cinq producteurs différents, "Pigments" n'en a eu qu'un seul. Je crois que ce qui a mit le plus de temps a été de sculpter le tout. De ne garder que l'essentiel. Cet EP est mon projet mais aussi celui de toute une équipe. C'est aussi cela qui fait sa richesse. Je suis extrêmement reconnaissante aux gens qui ont bossé avec moi que ça soit sur le premier ou le deuxième Ep.
Pourrais-tu nous raconter deux titres de "Pigments" ?
Bad Enough :
Ce titre parle de liberté. Il y a des références au film "Hurricane Carter" avec Denzel Washington.C'est l'histoire d'un prisonnier qui a été enfermé à perpétuité par erreur, pour des crimes qu'il n'a pas commis. Symboliquement, il parle des prisons dans lesquels on peut se retrouver parfois dans sa vie. De cette envie de s'en libérer, de ne pas avoir peur de prendre des risques. Ce besoin de gagner sa liberté, de la garder, de la chérir.
Believe :
C'est une chanson qui est très importante pour moi. Elle a été le déclencheur de beaucoup de choses. C'est un morceau que j'ai écrit après le 13 novembre. Je n'ai pas l'habitude d'écrire après des événements tragiques. C'est le premier titre que j'écris et qui est aussi épuré, simple. Il me semble être juste. Il parle de croire en qui l'on est, de ne jamais douter de ce que l'on ressent au plus profond de soi. Je voulais que ce soit une chanson que l'on écoute comme lorsqu'on entend cette voix dans sa tête qui nous dit : crois en toi, en boucle, comme pour s'en convaincre.
Et Anna est assurément un talent dans lequel on peut croire. Passionnée par les gens, l'art, la vie, le cinéma, elle a travaillé cette année sur la musique de plusieurs films: "Carole Matthieu" avec Isabelle Adjani (Sortie en salle prévue le 7 décembre) et "Patients" de Mehdi Idir et Grand Corps Malade (sortie en salle prévue le 1er mars 2017). À l'aise partout, son envie de créer semble insatiable. Si elle n'en est qu'au commencement de sa carrière, son parcours est déjà extraordinaire. Incroyable sur scène, son énergie est débordante. Elle est je crois la révélation de cette année 2016 et certainement celle de l'an prochain. Ça faisait longtemps qu'un talent comme celui-ci n'avait émergé en France et je crois qu'elle réussira à conquérir de nombreux coeurs. Elle sera sur la scène de "La Maroquinerie" le 25 novembre 2016...
Interview réalisée le 25 novembre 2016 par lily
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