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Interview avec Kunamaka pour la sortie du premier album

Clermont-Ferrand 20 juin 2003

Interview réalisée le 20 juin 2003 par Pierre Andrieu



Un premier album très réussi, des concerts extravagants, un univers complètement barré : il fallait rencontrer les gens qui se cachent derrière le mystérieux nom de Kunamaka ! Car entre les pseudos volontairement crétins, les apparitions d'animaux échappés du zoo sur scène, les costumes clinquants et les changements de rythmes et de style musical, on n'y comprend rien, mais alors rien du tout ! Messieurs, une explication franche et virile s'impose... La parole est à Lord Gomez.


Le premier album de Kunamaka est sorti en janvier 2003 : chronique dans "Vos critiques de disques".


Comment se sont passés les débuts de Kunamaka ?
Yohann alias Lord Gomez : "Tu veux la vraie histoire ou tu préfères que je raconte n'importe quoi ?

Allons-y pour un mélange des deux !
A la base, il y avait la formation actuelle sans Virgil (claviers) et sans Manuelo (guitare), il y avait un autre guitariste (Rodrigo), c'était franchement hardcore... Ils se sont mis à la recherche d'un chanteur, j'y suis allé, j'ai chanté et voilà. Puis, Rodrigo (guitare) est parti, il a été remplacé par Manuelo. On a cherché quelqu'un pour les claviers et Virgil est arrivé... Voilà !

On s'y perd un peu ! Qui sont Manuelo, Virgil ?
Manuelo, c'est Valery del Culo, et Virgil, c'est Gilou la Figue...

Ah, tout de suite, les choses sont plus claires ! Est-ce que vous jouiez dans d'autres groupes avant Kunamaka ?
Il me semble que nous sommes tous passés par d'autres groupes avant d'atterrir dans Kunamaka. J'ai joué avec le futur groupe Dee Loreleï, je faisais déjà un peu l'animal : le chat ! Avant, j'ai fait du punk, du death metal, j'ai un peu fait tout et n'importe quoi... Je crois que Manu et Nico, le batteur, avaient déjà joué ensemble avant Kunamaka. Quant à Virgil, il a fait le conservatoire.

Quels sont les groupes qui vous ont donné envie de faire de la musique ?
En commun, on a Mr Bungle, Tool et Fantomas. Moi ce qui m'a donné envie de chanter, c'est Danzig.

Dans la musique de Kunamaka, beaucoup de styles sont abordés. Est-ce que chaque musicien essaye de placer son style favori ?
C'est une histoire de concessions : chacun a envie de faire un truc... Nico (batterie) est fan de trucs barrés à la John Zorn, si on lui laisse faire un morceau ça ressemble absolument à n'importe quoi. Manu veut qu'il y ait un peu de violence hardcore et des trucs plus simples, il décomplique. Virgil, lui, veut des trucs déstructurés et Manuelo apporte la touche rock 'n' roll. Moi j'arrive après, j'amène des trucs louches, des voix, des idées bizarres d'ambiances...

Dans quelle atmosphère se font ces concessions ?
Je ne sais pas, ça fait un moment qu'on n'a pas composé, il faudrait qu'on trouve une méthode... Avant ça marchait un peu comme tous les groupes : un mélange de luttes d'influences, de concessions et d'engueulades...



Qui a inventé l'appellation d'origine contrôlée "carnival core" ?
Je ne sais plus... Moi, j'avais proposé "easy core"...

Ça te convient comme appellation ?
Non pas du tout ! (Rires) C'est le gros poncif que racontent les groupes : on n'aime pas les étiquettes... C'est le "core" qui me dérange un peu : on le met à toutes les sauces en ce moment.

J'ai trouvé tous ces styles différents dans votre musique : rock, pop, salsa, valse, metal, parodie de la danse des canards... J'en oublie ?
Oui ! Il y a du grind core, du black metal, de l'easy listenning... C'est normal que tu en oublies : même moi, je ne sais pas ce qu'on met dans la musique de Kunamaka !

Une question de l'office catholique... Pourquoi tant de violence ? Un traumatisme dans votre jeunesse ?
Oui, c'est ça ! On s'est tous fait renverser par une charrette. La violence, c'est pour ne pas s'ennuyer. Quand tu fais un morceau long, au bout d'un moment, c'est chiant. Donc on met un peu de violence... Comme on a tous des influences violentes, il faut que ça pète !

Moi, à la vue des concerts et à l'écoute du disque, j'étais sûr que vous vous livriez à des rites sataniques. Qu'en est-il ?
Ça serait bien, on pensait tuer des dauphins à coups de pioche, c'est mieux que les chauves souris.

Je dois être un peu bête mais je n'arrive pas à comprendre le message délivré par Kunamaka ?
Et bien, c'est la fête ! (Rires) Il n'y a pas de message... Comme on n'a pas de message, on n'a pas de textes non plus... D'abord, je chante et j'enregistre les morceaux en yaourt inspiration anglaise. Puis un pote prof d'anglais m'écrit de super belles paroles en écoutant mes intonations. Il essaye de coller à l'ambiance. Il y a donc un sixième membre caché dans Kunamaka : il est traducteur.

Après avoir "écrit" les textes, est-ce que Lord Gomez compose aussi quelques musiques ?
Oui, ça arrive... J'ai écrit Rage against the hibou qu'on faisait en live et quasiment toute la structure d‘Aquatic shaolin. On avait bossé avec Manu, je lui chantais les parties car je suis le seul à ne pas être musicien. On fait tout en commun...



Votre affiche de concert montre un jeune homme à genoux en slip avec une tête de girafe en train de fracasser une chaise... Je veux (et j'exige) une explication à cette mascarade !
En fait, il ne fracasse pas la chaise, il la soulève... On a pris la photo ici devant ce rideau.

Bon ça va, je suis rassuré... Vous attirez qui à vos concerts avec une telle affiche ?
En fait, ça ne ressemble pas trop à une affiche de concert, ça ressemble plus à une affiche de théâtre... Au début, on avait un public hardcore, qui voulait bouger. Et comme ça ne bougeait pas tout le temps mais seulement à certains moments pendant 10 secondes, ça les énervait... Maintenant, à Clermont-Ferrand, on commence à avoir un public assez fidèle ; c'est bien sympa de retrouver des têtes à chaque fois. Notre public n'est pas trop hardcore, il aime bien les moments "calmes". Sinon, en dehors de Clermont, c'est assez bizarre : un demi-cercle se forme et les gens nous regardent, surpris... Soit on a un public totalement froid et personne ne vient nous voir après, soit les gens sont surpris et trouvent ça pas mal. Je raconte un certain nombre de conneries pour que le public ne s'ennuie pas trop...



C'est toi qui crée les visuels - très particuliers - de Kunamaka, tu peux en parler un peu ?
Au début, on avait une esthétique cannibale, on avait créé un système avec plein de styles musicaux. L'histoire : on mangeait plein de styles musicaux, on les ingérait et digérait pendant les répétitions et en concert, on déféquait... On avait donc cette thématique sur le cannibalisme ; je travaillais sur ce thème en parallèle aux beaux-arts. Puis, après, on est passé aux animaux ! Comme on était cannibales et qu'on mangeait des hommes, les animaux sont devenus nos amis. Le cheval, le dindon, le chien viennent donc sur scène sans problème. Puis après, il y a une sorte de mythologie super obscure avec Chevalou, Madame Girafe etc. Ça a donné un beau bordel !

Qui a eu l'idée des pseudos ridicules ?
C'est moi ! (Rires) A chaque fois, ils sont absents quand je fais les pochettes donc je leur donne des noms totalement absurdes, ils n'ont pas le choix !


Manu, alias Bertrand Venet en action...

Le pseudo le plus simple mais aussi le plus con je crois, c'est "Bertrand Venet" pour Manu...
Je voulais que nos pseudos soient variés... Lord Gomez, il y a une particule, Gilou la Figue, ça fait guinguette, Valery Del Culo c'est un nom de fille. J'ai trouvé Harry Mac Thompson pour le batteur parce que la première fois, il avait un nom de fille... Donc là, je lui ai donné un nom dont il puisse être fier !

Comment s'est passé l'enregistrement ?
C'était au Studio E... Le rapport qualité prix était bon, ça comptait parce qu'on n'avait pas un budget extraordinaire. On a été super bien accueillis, on avait une maison à côté. Après, on a fait le mastering à Paris.

Avez vous d'autres reprises bien senties dans vos cartons après Aha et Van Halen ?
On a fait Honesty, Stevie Wonder, Genesis. C'est moi qui les force à faire ces reprises, ça les insupporte, surtout Manu et Gilou. Moi j'adorerais faire un groupe de reprises de tubes des années 80 ! On essaiera peut être de jouer Big In Japan du groupe Alphaville et Dirty dancing.

Avez-vous eu des problèmes avec les fans inconditionnels de Aha après votre reprise de Hunting high and low ?
Non au contraire, il y en a qui sont fans de Aha et qui adorent notre version !



Comment passes-tu sur scène du calme plat aux hurlements bestiaux ?
Je n'ai jamais pris de cours de chant, ça vient comme ça. Avant, je faisais du death metal, ça doit être ça...

Tu pourrais jouer avec d'autres groupes évoluant dans les styles que tu abordes brièvement dans Kunamaka ?
Ouais, c'est mon rêve. Je n'arrive jamais à monter un projet... J'ai contacté le groupe OMP soit pour poser du chant sur leur musique, soit pour sampler mon chant. J'aimerais bien toucher à tout.

Dans l'absolu, avec quels musiciens aimerais-tu collaborer ?
Ce serait délicat, je me sentirais mal car ce sont des influences : Fantomas, Mr Bungle. Sinon, j'aimerais bien chanter avec les Tindersticks.

Avez-vous déjà composé des musiques de films avec Kunamaka ?
J'en ai déjà fait pour des courts métrages, c'était très bruitiste car je ne suis pas musicien. J'ai aussi fait des clips bizarroïdes pour certains titres.



Sur votre premier trois titres, il y a un morceau en hommage à Andy Hug. Qui est ce monsieur ?
C'est un gars qui pratiquait une sorte de karaté où les coups sont portés... Il a fait carrière au Japon. Comme il est mort d'une leucémie foudroyante et que je suis super fan de sports de combat, on a fait ce titre...

Comment s'est passé le concert à la Mairie de Clermont-Ferrand pour la sortie de votre premier trois titres ? Pourquoi n'ai-je pas été invité ? Merde alors !
Parce que ! C'était la quatrième dimension, il y avait le Maire, l'adjoint et tout le monde. Le public voulait seulement se jeter sur le buffet. Je chantais debout sans micro, il y a une belle acoustique là-bas ! Virgil jouait du violoncelle, il y avait deux guitares et des chœurs. On a joué Hunting high and low de Aha, Stinkfist de Tool, les Bee Gees etc.

Et votre apparition sur la chaîne Clermont Première, c'était une réussite ?
C'était affreux, je crois qu'on n'a jamais aussi mal joué ! Le gars m'avait dit : "quand tu veux faire passer un truc, tu regardes le point rouge." C'était un piège parce qu'il y a avait de la fumée et comme je n'avais pas mes lunettes... Résultat : j'ai un putain de vieux regard pourri de crooner ! On avait mis de copains à nous avec des masques dans le public. Le problème, c'est quand les autres invités - des francs massons - ont parlé avec, en fond, les animaux (une girafe et un mouton), c'était ridicule ! Je crois qu'ils nous en veulent encore..."





Le site Internet de Kunamaka : www.kunamaka.com.


A lire également : la Chronique du concert de Kunamaka aux Volcaniques de mars 2002.


Contacts : Manu (06/63/13/77/41) ou aquatic_shaolin@hotmail.com


(Photos live au festival Osmose 2002 : Flore-Anne Roth)


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