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Entretien avec Olivier Pérez du groupe Garciaphone à l'occasion de la sortie de l'album Constancia

Entretien avec Olivier Pérez du groupe Garciaphone à l'occasion de la sortie de l'album Constancia en concert

Clermont-Ferrand Septembre 2013

Interview réalisée le 24 septembre 2013 par Pierre Andrieu


(c) Jean-Charles Belmont


Après deux EP, Everyone Goes Home In October en 2009 et Divisadora en 2011, le groupe du songwriter clermontois Olivier Perez, Garciaphone, a fait paraître son premier album, intitulé Constancia (chronique enthousiaste à lire ici), via l'excellent label Talitres Records... Dans l'entretien qui suit, Mr Perez évoque la conception de ce disque vraiment très réussi, l'évolution du projet sur scène, ses passions musicales et l'avenir de Garciaphone :


Bonjour, peux-tu évoquer tes débuts, il y a déjà quelque temps de cela, au sein du projet Garciaphone ?
Garciaphone est né à Oslo en 2007. J'étais seul sur scène avec une guitare et un sampler. J'ai voulu aller plus loin dans les arrangements des morceaux. Pour ça il fallait un groupe. On est maintenant un trio.

Comment se sont passés tes débuts en tant que musicien ? Tu es batteur à l'origine...
Je suis tombé dans la musique très jeune, j'ai essayé plusieurs instruments puis la révélation a été la batterie. J'ai commencé à jouer dans des groupes au lycée. Je ne me suis jamais vu ne pas faire de musique.

Parle nous des groupes qui t'ont inspiré et donné envie de jouer de la musique (Pixies, Elliott Smith, Neutral Milk Hotel, Pavement, Grandaddy ?) ...
Les Pixies et Elliott Smith ont été les plus grands chocs, plus tard Neutral Milk Hotel. Je crois que ce qui m'a donné envie de faire de la musique chez eux, ce sont ces mélodies qui s'imposent d'elles-mêmes. Il y a quelque chose de très naturel mais quand on regarde de plus près, on voit des choses très construites.

Après deux EP, l'autoproduit Everyone Goes Home In October (2009) et Divisadora (2011), via Kütu Folk Records, le premier album de Garciaphone vient de sortir sur le classieux label Talitres Records... Peux-tu nous parler de cette rencontre avec la tête pensante de celui-ci, Sean Bouchard ?
C'était très simple, il a vu un concert, on a été en contact par mail. On se sentait proche de la ligne artistique du label. Puis ils nous a proposé de produire l'album.

Etais-tu fan des artistes du label comme The National, The Walkmen, Flotation Toy Warning, Swell, Wedding Present, I Like Trains ou d'autres ?
Oui surtout The Wedding Present et Swell.



Tu vas tourner pour quelques dates en novembre 2013 avec Motorama, l'une des dernières découvertes du label, avec toi... Connais tu et apprécies tu leurs œuvres?
J'ai découvert un peu avant la rencontre avec Talitres. J'aime beaucoup, on a hâte de partager quelques belles scènes avec eux.

Peux-tu nous parler de l'enregistrement au Studio Black Box à Angers et du travail avec le producteur Peter Deimel ?
On appréhendait un peu le passage au studio, car jusque-là on avait enregistré seulement dans des conditions "maison", sans vraiment de pression. Peter a bien compris le projet et ses choix étaient très cohérents dès le départ.

Comment s'est faite la rencontre avec les deux autres membres du groupe, Matthieu Lopez et Raphaël Brou ?
On se croisait car ils jouaient dans d'autres groupes, j'ai tout de suite senti qu'il se passait quelque chose quand ils jouaient ensemble en basse-batterie, quelque chose qu'on voit assez rarement au final.

Tu en avais un peu marre de jouer en solo et de tout faire toi-même en studio ?
Je me suis vite senti limité sur scène, c'était une évolution nécessaire. Il y a des morceaux que je voulais plus amples et/ou plus énergiques.

Désormais le son du groupe du scène est beaucoup plus rock (cf le concert au festival Europavox 2013), c'était une volonté au départ ou c'est l'émulation scénique entre vous trois qui fait ça ?
C'était une volonté de départ, c'était contenu dans les chansons, ça a pu prendre forme seulement en trio.

As tu un modèle pour le live ?
Il n'y a pas vraiment de modèle absolu qu'on voudrait imiter. C'est plus une tension qu'on voit dans certains concerts et qu'on aimerait avoir aussi.

Tu as plusieurs cordes à ton arc : tu peux composer des titres folks très mélancoliques, des morceaux indie pop rock assez enlevés et des mini tubes presque électro pop, comme Tornadoes... Y-a-t'il d'autres facettes de ton travail qui pourraient apparaître à l'avenir ?
Je ne sais pas encore, mais je sais que j'irai ailleurs. C'est toujours grisant, quand je me pose pour écrire des chansons, de ne pas savoir où je vais aller. J'ai envie de me surprendre.


(c) Sébastien Camboulive

En écrivant Tornadoes justement, mais aussi Bad Shepherd et Lukoie, t'es tu aperçu du potentiel de ces titres ou as tu été surpris quand on t'en a parlé après ?
Je n'ai pas du tout le même rapport aux chansons évidemment, tant mieux d'ailleurs... Je juge surtout les morceaux en me posant la question "est-ce qu'ils sont vraiment finis ?" ou est-ce que je ne peux pas encore rajouter ou enlever quelque chose.

Comptes-tu essayer d'exporter ta musique à l'étranger? As-tu eu des retours des USA ou d'Angleterre par exemple
Oui ça fait vraiment partie du projet même, je ne nous vois pas du tout tourner uniquement en France. Talitres travaille sur des sorties de l'album aux USA, en Angleterre, au Japon...

L'album à été composé et écrit par tes soins, peux-tu parler de l'apport du duo Matthieu/Raphael ? Comptes tu les intégrer au processus de composition à l'avenir ?
Ils font partie du processus de construction des chansons. Pour écrire les bases des chansons, musique et textes, j'ai vraiment besoin de m'isoler seul. Ensuite, les morceaux sont arrangés à trois et ils peuvent changer assez radicalement.

Pourrais-tu écrire des chansons pour d'autres artistes pour mettre du beurre dans les épinards ?
Je ne l'ai jamais fait et ça me paraît difficile. J'ai un rapport très personnel à l'écriture. Mais ce doit être une expérience intéressante, pas pour le beurre dans les épinards mais pour le défi.

A ce propos, est-ce que tu vis correctement de la musique ou est-ce difficile?
C'est difficile, à notre niveau on a encore des emplois à mi-temps à côté.

Garciaphone a souvent joué en tournée avec Niandra Lades, un autre groupe clermontois... Parle nous des rapports que vous entretenez avec ces "collègues"...
Ce sont des amis, et on sait que la tournée se passe toujours bien, ce qui est tout de même assez rare, quand on tourne avec un autre groupe et qu'on est 24 heures sur 24 ensemble !

Y-a-t'il des anecdotes de tournée croustillantes avec eux ou avec d'autres artistes ?
Avec eux, nous sommes allés jouer à Londres récemment, c'était une petite tournée qu'on a eu quelques problèmes à organiser. Du coup, on a pratiquement vécu dans le camion pendant 3 jours... C'était un défi aussi mais ça nous a bien réussi finalement.


(c) Sébastien Camboulive

Quels sont les endroits où tu préfères jouer ? Pays, villes, salles, festivals etc
C'est difficile à dire, jouer plusieurs fois dans la même ville ou la même salle ne fait généralement pas le même effet... Je sais en tous cas qu'on est toujours très contents de jouer à l'étranger.

Rêves-tu de collaborer avec des musiciens ou producteurs, voire de chanter en duo ? Si oui, lesquels ?
Pour faire simple: Dave Fridmann, The National, Syd Matters.

Titres parfaits selon toi et que tu mettrais dans ton top 5 ?
"Wave of Mutilation" des Pixies, "I would hurt a fly" de Built to Spill, "Angeles" d'Elliott Smith, "Too pure" de Sebadoh...

Les albums cultes pour toi et que tu écoutes très souvent ?
Surfer Rosa des Pixies, Yankee Hotel Foxtrot de Wilco, Either/Or d'Elliott Smith.

Coups de cœur musicaux du moment ?
Tame impala et Mikal Cronin.

Projets pour 2013 et 2014...
Le projet est vraiment de tourner un maximum pour faire vivre cet album.

La composition de nouveaux morceaux a-t-elle débutée ? Ton processus de création est-il lent ou rapide ?
Oui depuis quelques mois déjà. Le processus est lent et rapide à la fois. Je note constamment des idées et pendant plusieurs mois je n'écris pas de chansons. Puis je m'isole, en général à la campagne, et là j'écris entre 5 et 10 chansons en quelques jours.

Un dernier mot à ajouter?
Oui : ratiboiser.





Garciaphone est actuellement en tournée, retrouvez toutes les dates ici...


Vidéo de Garciaphone - Silt :




A lire également, des chroniques de concerts de Garciaphone à la Coopérative de Mai, avec Fujiya & Mijagi et Candy Clash, et avec Fredo Viola, Declan de Barra et Holmes.


Vidéo de Garciaphone - Bad shepherd :




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