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Entretien avec Joel Gion à l'occasion de la sortie de l'album Apple Bonkers et du festival Levitation France

Entretien avec Joel Gion à l'occasion de la sortie de l'album Apple Bonkers et du festival Levitation France en concert

Octobre 2014

Interview réalisée le 15 octobre 2014 par Pierre Andrieu




"Apple Bonkers", le premier véritable album solo du mythique percussionniste de Brian Jonestown Masssacre, Joel Gion, est une véritable tuerie truffée de mini tubes pop psyché, sur lesquels "le mec qui joue du tambourin dans BJM", prouve qu'il est bien plus que ça. C'est juste un putain de songwriter doublé d'un showman assez incroyable ! Ce qu'il a prouvé sur scène lors de ses prestations nonchalantes et classe au festival Levitation France, à Angers fin septembre, (l'un sur la scène en plein air, l'autre dans un minuscule bar à vins le lendemain... ), deux shows qui nous ont laissé un très bon souvenir. Comme ceux du fameux combo précité emmené par Anton Newcombe d'ailleurs, où le gars aux énormes rouflaquettes est plus que jamais l'attraction visuelle... Bref, nous avons posé quelques questions à une authentique légende du rock qui devrait faire parler d'elle encore longtemps ! Interview :





Dans quel état d'esprit étiez-vous au moment de commencer à travailler sur l'album "Apple Bonkers" ?
Joel Gion : Agité ! J'ai finalement réussi à passer outre ma nature paresseuse pour me lancer dans un processus créatif et faire un truc qui n'appartienne qu'à moi... Je me suis dit, "merde, lance toi, fais le cet album, il n'y a plus moyen de reculer maintenant !"

Qu'est ce qui vous a influencé durant l'élaboration de "Apple Bonkers" ? Disques, films, albums...
Musicalement, je partage certaines influences avec les groupes qui sont aussi mes amis. Et les groupes qui nous influencent étaient eux-mêmes influencés par d'autres groupes, et ainsi de suite. C'est une question de mélange en chacun de nous. Et c'est le propre mix que tu te crées dans la tête qui fait que tu écris des trucs vraiment personnels, le tout mélangé avec les raisons qui t'ont fait aimer la musique à la base. Je suis également dingue de cinéma et ça se retrouve dans mes paroles - des récits écrits comme des films, et ça peu de groupes arrivent à en faire autant aujourd'hui. La plupart des groupes dans ce milieu parlent de s'envoler, de rêver, de filles, avec une diction de livres pour enfants, et c'est pas ça qui va relever le niveau de ce genre de musique. Je suis inspiré par des images à partir desquelles je crée mon propre truc et qui n'ont rien à voir avec le film lui-même. Mais c'est juste une méthode parmi d'autres. Je m'inspire aussi de mes expériences passées et d'anciennes relations. Mais quand je suis chez moi, j'aime passer des films comme des albums, juste pour avoir un fond sonore quand j'écris ou que je fais ce que j'ai à faire chez moi. J'ai dû voir " Le Bon, la brute et le truand " autant de fois que j'ai écouté " Revolver " des Beatles.

Sur scène, au festival Levitation France à Angers, vous portiez fièrement un t-shirt Beatles, ils ont l'air importants pour vous...
Si je fais ce que je fais de ma vie aujourd'hui, c'est totalement grâce à eux ! J'ai vu le film Yellow Submarine à la télé quand j'étais petit et ça m'a vraiment marqué ! Personne ne m'a dit 'écoute ça gamin, c'est de la bonne musique !", ça s'est juste passé comme ça, par hasard, et ça m'a changé à jamais !





Parlez-nous de la chanson "Don't let the fuckers bring you down"... Vous pensiez à qui en l'écrivant ?
A tous les gens qui vont te mépriser juste parce que tu es toi-même. Tout le monde devrait avoir le droit d'être ou de faire ce qu'il veut tant que ça ne gêne pas les autres ! Les gens qui ne comprennent pas ça, ou qui ne veulent pas comprendre, je les emmerde...

"Apple Bonkers" est un disque très pop, avec beaucoup de mélodies, de chœurs et des ambiances légères... Quels modèles aviez-vous au moment de composer ?
Quand je compose un morceau, je ne me prends pas la tête avec la technique à la guitare, je trouve juste des idées qui me plaisent. A chaque fois que j'écris une chanson je ne suis pas un meilleur musicien que la fois d'avant. Il y a une sorte de naïveté dans ma musique et je veux la garder. Mon talent, c'est l'innocence de ce que je crée. Les Ramones n'étaient pas des génies. Les groupes d'aujourd'hui se tournent à nouveau trop vers la technique et si c'est ce qui leur plaît tant mieux, mais moi je trouve ça complètement con ! C'est dingue le nombre d'excellents guitaristes qui ne peuvent pas ou ne veulent essayer d'écrire leurs propres morceaux. Sans créativité, il n'y a rien, même si tu es un super musicien. Et ouais, moi, "le mec qui joue du tambourin", j'ai composé un bon album !

Sur "Apple Bonkers", il y a également des chansons très psyché qui pourraient figurer au répertoire de Brian Jonestown Massacre, je pense en particulier pense à Mirage... Pourriez-vous composer avec Anton à l'avenir ? A-t-il écouté le disque ?
Il m'a toujours encouragé à faire mes propres trucs... La comparaison avec BJM a lieu très souvent dans la presse, c'est marrant ! La principale raison pour laquelle je voulais faire partie du groupe, c'est parce que que je pouvais pas croire qu'un groupe local sonnait comme ma collection de disques ! Je suis dingue de Bossa Nova et évidemment de tout ce qui a à voir avec les percussions. Pour " Mirage ", j'ai composé un rythme simple, mais les membres du groupe ont trouvé que ça leur rappelait " Nevertheless " du BJM. Et là, je me suis dit " merde, maintenant que vous le dites, je trouve aussi ! " Mais je n'étais pas dans BJM quand cette chanson a été enregistrée, et puis je n'y pensais pas au moment où j'ai composé mon morceau, alors je crois que des fois il faut juste tout envoyer balader ! Je suis coupable (et fier de l'être) d'avoir des influences communes avec BJM - mais ça n'inclut pas BJM lui-même. Je fais partie du groupe depuis presque 20 ans, alors je trouve bizarre de me poser cette question...





Parlez-nous des musiciens avec qui vous avez collaboré sur l'album...
Rob Campanella, Collin Hegna et Dan Allaire of BJM formaient le noyau dur des musiciens pour la plupart des sessions d'enregistrement. Je leur apportais les chansons avec les parties de guitares, les paroles, les mélodies et les percussions écrites et ils m'aidaient à donner vie aux morceaux... Je bénis cette collaboration, nous sommes une vraie famille ! C'est un peu bizarre comme situation d'utiliser le groupe qui tourne sous le nom de BJM pour mon disque, mais nous n'avons pas joué sur les derniers disques d'Anton. Je pense d'ailleurs que ça va changer à l'avenir... Sur Apple Bonkers, il y a également des overdubs réalisés par Pete Holmstrom des Dandy Warhols, Jeff Davies (ex-BJM), Ryan Van Kriedt (Asteroid #4) et un super duo entre Miranda Lee Richards et moi...

Il y a une grande complicité sur scène entre vous, j'ai pu le constater à Angers... Avez-vous prévu une tournée française en 2015 pour promouvoir votre album ?
Yep, c'est prévu ! On reviendra en France en février 2015 !

Quels sont les endroits où vous préférez jouer ? Pays, villes, salles, festivals etc
Récemment, on m'a demandé quelle était la chose que je préférais faire dans la vie, et j'ai répondu "déambuler sur scène à Paris"...





Comment avez-vous trouvé la version européenne d'Austin Psych fest, Levitation France ?
Si j'y étais allé et que je m'en rappelais, alors j'y étais pas vraiment, tu vois ? Mais c'est sûr que c'était un moment génial !

Parlez-nous de ce festival, Austin Psych Fest, qui ressemble au paradis pour les amoureux de rock psyché...
C'est sans aucun doute le meilleur festival au monde pour les fans de rock psyché ! La taille du festival a grandi mais c'est resté fidèle à l'esprit qui animait les débuts... La nourriture est bonne et saine (sans avoir à être "hippie compatible"), la bière n'est pas chère et la nature est préservée. Et enfin, on a de super sensations quand on joue sur une scène montée près d'un rivière...

J'ai pu voir à Nîmes (au This Is Not a Love Song festival, en mai 2014) et à Levitation France que vous jouissiez d'une grande popularité auprès du public (nombreuses demandes de photos, autographes etc, il y avait même des sosies de vous dans le public... ), comment gérez vous ça ?
Je n'ai jamais refusé un autographe ou un selfie à personne, à partir du moment où les gens sont cool avec moi... Si vous aimez ce que je fais, alors vous faites partie de la tribu et on doit se serrer les coudes !





J'ai vu que vous aviez apprécié le super concert de Slowdive à Nîmes... parlez-nous de cette rencontre... Avez-vous fait d'autres belles rencontres sur la route ?
On fait ça tout le temps maintenant... Lors de notre dernier passage à Londres, Chrissie Hynde, Asia Argento et Andy Bell traînaient avec nous backstage. Mais sinon, oui, le show et la rencontre avec Slowdive étaient un must pour moi ! Etre potes avec des gens comme ça, c'est incroyable parce que c'était mes héros dans les années 90, des années pleines de drogues, floues, démentes...

Quel est le premier émoi musical dont vous vous souveniez ?
Ma mère est allée à un concert de Sly and The Family Stone quand elle était enceinte de moi de neuf mois, donc je suis presque sûr que c'est eux mon premier émoi musical !





Quel est le 1er disque que vous ayez acheté avec votre propre argent de poche ?
C'était un disque du groupe Devo si je me souviens bien...

Y-a-t-il des chansons ou des disques que vous détestez et qui vous mettent en rage si vous les entendez par hasard ?
N'importe quelle chanson de Led Zeppelin !

Quels sont les coups de cœur musicaux du moment de Monsieur Joel Gion ?
The Black Angels, Asteroid #4 et Temples. Je crois que le groupe Thee Oh Sees s'est séparé, non ?

Pour conclure, vous souvenez-vous comment a débuté la formation scénique actuelle de BJM avec Anton dans un coin de la scène et vous en frontman au milieu avec vos maracas et tambourins ?
Quand j'ai rejoint le BJM, on voyait les concerts comme des performances artistiques. J'ai commencé à attirer l'attention à la place d'Anton parce qu'il voulait que le public s'intéresse moins à lui pour qu'il puisse mieux se concentrer sur sa façon de jouer. Mettre le feu à mes maracas pendant un set où j'étais à l'essai a pas mal aidé aussi ! Avec le temps, je suis devenu un vrai percussionniste multi-instrumentiste. Bez (des Happy Mondays, ndr) était un danseur avec des maracas comme accessoires. Ça m'étonne que tant de journalistes et de " haters " prouvent leur ignorance de la musique en me critiquant à ce sujet...



Photos par Boris Allin (prises au festival Levitation France 2014) www.byboby.com, www.flickr.com/photos/boby_allin/with/7529854830/, www.facebook.com/vas.te.faire.foutre.stp...


Aide précieuse pour la traduction : Charlotte Blanchard & Coline Magaud


A lire également, des chroniques de Brian Jonestown Massacre en live lors d'un extraordinaire concert en 2006 et d'un très bon set au Printemps de Bourges 2010.


Liens : joelgion.com, www.facebook.com/joelgionapplebonkers, twitter.com/joel_gion, www.facebook.com/pages/Brian-Jonestown-Massacre, www.brianjonestownmassacre.com, www.differ-ant.fr, twitter.com/antonnewcombe...

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