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Chronique de concert Lollipop Music Store - Interview pour l'anniversaire de l'ouverture
Samedi 2 novembre 2024 : 6969 concerts, 27217 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.
Lollipop Music Store - Interview pour l'anniversaire de l'ouverture
Il y a un an ouvrait le Lollipop music store à Marseille. En pleine crise du disque comme on dit, il fallait du courage pour se lancer dans l'aventure d'un café-disquaire indépendant. Paul et Stephane ont tenté le coup mais pas sur un coup de tête, l'indépendance ici s'allie à une bonne dose de sérieux. Devenu incontournable pour tout amateur de bonnes galettes, à la fois pour son rayonnage et aussi pour la qualité et la convivialité de l'accueil de l'équipe, on n'imagine plus se passer de ce lieu qui nous a redonné goût à l'achat de skeuds. Et cela a payé, un an après le Lollipop est toujours là, et plutôt en bonne forme.
Rencontre avec les deux tauliers.
Vous pouvez vous présenter, nous rappeler vos expériences précédentes ?
Stéphane : Je m'occupe du label Lollipop depuis 1996 (50 sorties au compteur), j'étais membre de Ratakans (asso organisatrice de concerts de 1999 à 2005) et je fais parti aussi du groupe Neurotic Swingers. J'ai organisé aussi quelques tournées pour les groupes "Lollipopiens" étrangers, style Briefs ...
Paul: Je suis disquaire depuis plus de 15 ans, j'ai démarré aux puces de Clignancourt à Paris avec les gens du Silence de la Rue puis j'ai tenu la boutique Sonic Machine toujours à Paris entre 1998 et 2006. Je me suis aussi occupé d'un tout petit label (Explicit Sounds) dans les années 90 (une poignée de 45T seulement). Comme Stéphane je suis guitariste dans un groupe (The Holy Curse) avec lequel j'ai aussi organisé des concerts sur Paris.
Dans quelle démarche avez-vous ouvert Lollipop ?
Paul: Après 15 années passées dans cette activité il me semblait qu'il devenait de plus en plus difficile et illusoire de survivre en ne vendant que des disques de façon traditionnelle...
S'inspirant des librairies/salon de thé qui fleurissent depuis un moment on a imaginé cette association café/disquaire/showcases. Un lieu différent dans lequel on se sente bien, avec de l'espace, de la clarté...et où bien sûr on trouve une sélection de galettes relativement pointue sans tomber non plus dans l'élitisme (75% d'imports, et autant de labels indés), tout ce qui est négligé par les grandes surfaces spécialisées, mais aussi des artistes et groupes "gros vendeurs", beaucoup de vinyle...et des prix vraiment abordables!
Stéphane : Pas mieux...
Quel bilan tirez-vous de cette 1ere année ?
Paul : on a bien démarré, il faut dire qu'on a passé beaucoup de temps à échafauder le projet, on n'a pas laissé grand chose au hasard mais il est trop tôt encore pour crier victoire et se reposer sur nos lauriers!
Toutefois notre clientèle semble s'étoffer de semaine en semaine, le bouche à oreille a l'air de fonctionner, et on a très souvent des retours très encourageants...J'ai l'impression que nous avons un bon capital sympathie au vu de tous les médias qui ont parlé de nous...ça nourrit pas mais ça fait super plaisir!!
Vous pouvez faire un portrait-robot de votre clientèle ?
Paul : c'est difficile car elle est très variée mais je dirais qu'il s'agit d'un mec de 35 ans, pour les grandes lignes.
Des gens souvent très pointus dans leur genres de prédilection, rockabilly, soul, garage psyché, indie ou encore électro.
Mais bon on voit de plus en plus d'ados revenir doucement, certains se mettent même au vinyle d'entrée de jeu! Et j'ai l'impression de voir aussi plus de filles qu'à Paris...
Niveau vente, quelle est la part des différents styles musicaux ?
Paul: tous ce qui est rock c'est à dire garage, rock'n'roll, indie, punk, new wave, noise et hardcore représente environ les 3/4 du stock, le restant comprend de la soul, du blues, jazz, electro, reggae et chanson. On vend aussi des livres et des t-shirts, badges, stickers..
Stéphane : On vend aussi de la chanson style Miossec, Katerine, Dominique A etc... mais les gens qui écoutent ce style n'ont pas trop l'air de vouloir acheter ces disques chez nous...
La part de vinyles / Cds ?
Paul: on a fait des stats assez précises il y a quelque mois et ça donnait une offre de 50/50 environ avec malgré tout pas loin de 75% de ventes pour le vinyle et environ 25% pour le CD
Les ventes de CD se tassent irrémédiablement mais résistent mieux dans certains genres comme l'indie. Pour tout ce qui est rock'n'roll, garage, blues ou électro, le vinyle domine largement.
La part de nouveautés / oldies ?
Paul : il faut nuancer un peu car l'avant dernier Fleshtones ou le 1er Libertines ne sont ni des nouveautés ni déjà des "oldies". Donc on a aussi beaucoup de ce qu'on appelle le fond de catalogue, sûrement la plus grand part.
La réédition malgré tout représente une part de plus en plus importante et c'est sans doute dû au retour de nombreuses références en format vinyle. Ca fait plaisir de voir renaitre certaines vieilles galettes mythiques comme le tout premier Remains ou encore l'intégrale du Velvet.
Les nouveautés c'est bien sûr primordial et ça occupe une place vraiment importante dans nos bacs, j'ajoute que c'est vraiment ça le fonds de notre démarche: c'est bien de d'écouter les oldies et de connaitre l'histoire mais c'est tout aussi passionnant et important de voir la musique vivre et se développer là, ici, maintenant! Sans racines un arbre ne fait pas de branches mais sans nouvelles branches...les racines crèvent!
Donc on essaie de coller de près à l'actualité mais ça n'est pas toujours facile d'être compétitifs étant donnée la politique de prix pratiquée par les grandes surfaces spécialisées. On attend parfois quelques jours avant de rentrer certaines grosses références car celles ci sont vendues parfois moins cher par les grandes surfaces spé que le prix où nous les achetons !!!
Il faut que les gens sachent que les disquaires indé comme nous sont en moyenne moins chers que ces grands magasins, mais sur les nouveautés le combat est souvent inégal, nous on a décidé de s'aligner au plus près de leurs prix ce qui signifie qu'on ne gagne quasiment rien sur ces "produits" comme ils disent dans l'industrie...
Stéphane : exemple : on achète le dernier Manu Chao 14,95 euros et la FNAc & Virgin (qui bénéficient, eux, de remises imporantes de la part de Wagram, distributeur "indé" par ailleurs) le vendent en prix vert à 14,99 euros. Tu vois un peu notre marge quand on s'aligne....
C'est quoi vos trois meilleures ventes de l'année ?
En nouveautés, le dernier Heavy Trash, le dernier PJ Harvey, le dernier album de Powersolo (sorti d'ailleurs sur Lollipop). Pour le reste: le premier 13th Floor Elevator, le premier Seeds, Joy Division....
Vous fonctionnez comment niveau stock ?
Paul: on a tendance à travailler à flux tendu, c'est à dire peu de stock dans les placards et tout dans les bacs. Le stock ça coûte cher et surtout il est encore difficile de prévoir si on va vendre 3, 5 ou 15 du Pj Harvey par exemple. Mais globalement le stock dans les bacs a progressé d'au moins 30% en un an, on privilégie plutôt le choix...
Si je veux un disque que vous avez pas en stock, je peux venir vous le commander ? Si oui, c'est quoi les délais en général ?
Paul: on ne peux pas tout avoir en stock, il faut savoir que plus de 200 nouveaux disques sortent chaque jour dans le monde!! on travaille avec certains distributeurs très bien achalandés pour toutes les commandes "personnalisées, donc oui tu peux nous commander ton skeud! Pour les délais ça va de 15 jours mini quand le disque est en stock à environ 1 mois, parfois plus pour des pièces plus rares. On arrive à satisfaire nos clients à plus de 90% car malheureusement il arrive aussi que certains disques soient épuisés et là on ne peut rien faire, c'est assez rare...
Au fait, j'ai pas vu l'album de Bleifrei (NdP: le groupe de lycée de Stéphane...) en rayon. Un oubli ?
Paul: hum! je crois savoir où ils sont haha!
Stephane : Blei qui ??
Et vous, vous écoutez qui en ce moment ?
Paul: pour les news le dernier Robert Plant /Allison Krauss, le dernier Heavy Trash, the Kill Devil Hills et aussi un vieux live de Wayne Kramer, une tuerie!
Stéphane : Heavy Trash, Ettes, Submarine Races, Speedies...
Vous avez un message à faire passer à l'industrie du disque ?
Paul: les grosses maisons de disques? les grandes surfaces spécialisées? les radios commerciales? haha! ouais!!...
"c'est bon les gars, lâchez nous les baskets maintenant! vous avez tout foutu en l'air du fait de votre cupidité, vous ne signez et ne voulez vendre que de l'aseptisé, du vulgaire, c'est plus facile, plus vite rentable, vite jetable, mais la musique n'est pas un "produit"...alors allez vendre vos téléphones à tout faire, votre verroterie et toutes vos machines technologiques pleines de vide (!), allez faire mumuse ailleurs et laissez nous gérer la crise, laissez nous jouer, sortir des disques...noirs et en vinyle, bref allez vous en faire du pognon dans d'autres secteurs...tiens! l'environnement ça vous dit pas?...c'est porteur et en plus vous aurez bonne conscience...grrrrrr!!"
Votre position sur le téléchargement ?
Paul: le téléchargement illicite? ben c'est surtout pas cool pour les musiciens car ils sont loin d'être tous pleins aux as, quand tu dois payer tes répétitions, entretenir ton équipement, raquer les studios d'enregistrement, faire 1000 bornes pour un concert où tu vas être payé 250 euros...et qu'en plus tu vends moins de disques, je vois pas comment tu peux joindre les deux bouts (j'ai pas dit gagner de l'argent, juste équilibrer).
Mais je suis pas sûr que seul le téléchargement soit responsable de la baisse des ventes de disques car même sans télécharger tu peux écouter (survoler plutôt ) des centaines de morceaux tous les jours (Myspace par exemple). Alors quand en plus t'as pas de pognon parce que t'as moins de pouvoir d'achat mais aussi parce que tu as claqué dans toute la technologie dont je parlais plus haut, ben c'est comme quand t'as soif et que t'as pas les moyens d'aller au bar, tu ouvres le robinet et tu te sers....
Bon il y a des gens qui finissent par acheter ce qu'ils ont téléchargé mais c'est pas la majorité.
Quel bilan tirez-vous des activités hors-boutique (showcase, expos, etc....) ?
Paul: peut être pas toujours assez de monde, on va essayer de privilégier un peu plus les groupes mais c'est pas toujours facile pour eux de passer par chez nous quand ils sont en tournée. Mais ça reste tout de même très positif car ça donne une image différente du magasin de disques et ça nous permet de croiser plein de gens, humainement c'est assez réussi.
Pas sûr en revanche que tout le monde ait percuté sur le fait qu'on peut très bien passer chez nous boire un café ou un verre de vin entre 11h et 20h, que ça n'est pas réservé aux seuls acheteurs de disques et que l'on n'est pas un club privé même si le bar étant géré en asso il faut prendre sa carte d'adhérent pour la très modique somme de 1 euro...
Si c'était à refaire, vous retentez l'aventure ?
Paul: ben ouais, perso j'ai même rempilé il y un an!!
Steph, tu peux nous parler de l'actualité et de l'avenir du label Lollipop ?
Stephane : On vient de fêter nos 10 ans ! La 50eme sortie est une compil avec tous les groupes du label (au prix de 4 euros). Les 2 autres sorties du moment sont l'album des danois de Powersolo "Egg" (CD/LP) et le CD d'Aggravation. Je pense que les prochaines sorties seront pour septembre 2008. Hé oui, je ne pensais qu'un magasin pouvait prendre autant de temps !! Je préfère me consacrer à Lollipop store pour ce début 2008 et relancer le label à la rentrée. Les projets : l'album de This Is Pop etc...
Si vous deviez décrire Marseille, qu'en diriez-vous ?
Paul: je vis à Marseille depuis seulement un an et j'ai l'impression que les marseillais ne se rendent pas toujours compte du potentiel de leur ville et de leur région. Déjà c'est une ville magnifique (à part quelques barres immondes, genre derrière le vallon des Auffes), dans un environnement exceptionnel.
J'ai quitté la région d'où je suis originaire pour passer 25 ans à Paris parce qu'ici c'était plus que mort et de retour j'ai trouvé beaucoup de changements.
Rien que pour parler musique quand je vois tous les flyers qu'on nous met à la boutique on se rend compte qu'il y a plein de gens qui se bougent, qui se battent (labels, groupes, concerts, presse) mais il faudrait que le public suive un peu plus derrière, les festivals ont l'air de cartonner tandis que les petits concerts sont souvent clairsemés.
Je pense qu'il manque cruellement un relais à la région parisienne dans le sud de la France et Marseille a les atouts pour occuper le poste, perso je suis là pour ça.
En dehors du Lollipop, un conseil :
- bar : Passerelle et Machine à Coudre
- restau : Sushi Street Café (quand on de l'argent) ou Dos Hermanas, quand on en a peu (très bon qualité/prix + accueil très sympa) et la Pergola à Niolon
Le mot de la fin ?
Paul: l'avenir du CD...c'est le vinyle!!
Lollipop Music Store (Café-Disquaire indépendant. CD / Vinyles / Livres / DVD / T-Shirts. Espace Café Culturel : Expos, concerts acoustiques, Set DJ vers 18h30..
2 Boulevard Théodore Thurner 13006 Marseille
Ouvert du lundi au samedi, de 11h à 20h
https://lollipopstore.free.fr
Un interview
Rencontre avec les deux tauliers.
Vous pouvez vous présenter, nous rappeler vos expériences précédentes ?
Stéphane : Je m'occupe du label Lollipop depuis 1996 (50 sorties au compteur), j'étais membre de Ratakans (asso organisatrice de concerts de 1999 à 2005) et je fais parti aussi du groupe Neurotic Swingers. J'ai organisé aussi quelques tournées pour les groupes "Lollipopiens" étrangers, style Briefs ...
Paul: Je suis disquaire depuis plus de 15 ans, j'ai démarré aux puces de Clignancourt à Paris avec les gens du Silence de la Rue puis j'ai tenu la boutique Sonic Machine toujours à Paris entre 1998 et 2006. Je me suis aussi occupé d'un tout petit label (Explicit Sounds) dans les années 90 (une poignée de 45T seulement). Comme Stéphane je suis guitariste dans un groupe (The Holy Curse) avec lequel j'ai aussi organisé des concerts sur Paris.
Dans quelle démarche avez-vous ouvert Lollipop ?
Paul: Après 15 années passées dans cette activité il me semblait qu'il devenait de plus en plus difficile et illusoire de survivre en ne vendant que des disques de façon traditionnelle...
S'inspirant des librairies/salon de thé qui fleurissent depuis un moment on a imaginé cette association café/disquaire/showcases. Un lieu différent dans lequel on se sente bien, avec de l'espace, de la clarté...et où bien sûr on trouve une sélection de galettes relativement pointue sans tomber non plus dans l'élitisme (75% d'imports, et autant de labels indés), tout ce qui est négligé par les grandes surfaces spécialisées, mais aussi des artistes et groupes "gros vendeurs", beaucoup de vinyle...et des prix vraiment abordables!
Stéphane : Pas mieux...
Quel bilan tirez-vous de cette 1ere année ?
Paul : on a bien démarré, il faut dire qu'on a passé beaucoup de temps à échafauder le projet, on n'a pas laissé grand chose au hasard mais il est trop tôt encore pour crier victoire et se reposer sur nos lauriers!
Toutefois notre clientèle semble s'étoffer de semaine en semaine, le bouche à oreille a l'air de fonctionner, et on a très souvent des retours très encourageants...J'ai l'impression que nous avons un bon capital sympathie au vu de tous les médias qui ont parlé de nous...ça nourrit pas mais ça fait super plaisir!!
Vous pouvez faire un portrait-robot de votre clientèle ?
Paul : c'est difficile car elle est très variée mais je dirais qu'il s'agit d'un mec de 35 ans, pour les grandes lignes.
Des gens souvent très pointus dans leur genres de prédilection, rockabilly, soul, garage psyché, indie ou encore électro.
Mais bon on voit de plus en plus d'ados revenir doucement, certains se mettent même au vinyle d'entrée de jeu! Et j'ai l'impression de voir aussi plus de filles qu'à Paris...
Niveau vente, quelle est la part des différents styles musicaux ?
Paul: tous ce qui est rock c'est à dire garage, rock'n'roll, indie, punk, new wave, noise et hardcore représente environ les 3/4 du stock, le restant comprend de la soul, du blues, jazz, electro, reggae et chanson. On vend aussi des livres et des t-shirts, badges, stickers..
Stéphane : On vend aussi de la chanson style Miossec, Katerine, Dominique A etc... mais les gens qui écoutent ce style n'ont pas trop l'air de vouloir acheter ces disques chez nous...
La part de vinyles / Cds ?
Paul: on a fait des stats assez précises il y a quelque mois et ça donnait une offre de 50/50 environ avec malgré tout pas loin de 75% de ventes pour le vinyle et environ 25% pour le CD
Les ventes de CD se tassent irrémédiablement mais résistent mieux dans certains genres comme l'indie. Pour tout ce qui est rock'n'roll, garage, blues ou électro, le vinyle domine largement.
La part de nouveautés / oldies ?
Paul : il faut nuancer un peu car l'avant dernier Fleshtones ou le 1er Libertines ne sont ni des nouveautés ni déjà des "oldies". Donc on a aussi beaucoup de ce qu'on appelle le fond de catalogue, sûrement la plus grand part.
La réédition malgré tout représente une part de plus en plus importante et c'est sans doute dû au retour de nombreuses références en format vinyle. Ca fait plaisir de voir renaitre certaines vieilles galettes mythiques comme le tout premier Remains ou encore l'intégrale du Velvet.
Les nouveautés c'est bien sûr primordial et ça occupe une place vraiment importante dans nos bacs, j'ajoute que c'est vraiment ça le fonds de notre démarche: c'est bien de d'écouter les oldies et de connaitre l'histoire mais c'est tout aussi passionnant et important de voir la musique vivre et se développer là, ici, maintenant! Sans racines un arbre ne fait pas de branches mais sans nouvelles branches...les racines crèvent!
Donc on essaie de coller de près à l'actualité mais ça n'est pas toujours facile d'être compétitifs étant donnée la politique de prix pratiquée par les grandes surfaces spécialisées. On attend parfois quelques jours avant de rentrer certaines grosses références car celles ci sont vendues parfois moins cher par les grandes surfaces spé que le prix où nous les achetons !!!
Il faut que les gens sachent que les disquaires indé comme nous sont en moyenne moins chers que ces grands magasins, mais sur les nouveautés le combat est souvent inégal, nous on a décidé de s'aligner au plus près de leurs prix ce qui signifie qu'on ne gagne quasiment rien sur ces "produits" comme ils disent dans l'industrie...
Stéphane : exemple : on achète le dernier Manu Chao 14,95 euros et la FNAc & Virgin (qui bénéficient, eux, de remises imporantes de la part de Wagram, distributeur "indé" par ailleurs) le vendent en prix vert à 14,99 euros. Tu vois un peu notre marge quand on s'aligne....
C'est quoi vos trois meilleures ventes de l'année ?
En nouveautés, le dernier Heavy Trash, le dernier PJ Harvey, le dernier album de Powersolo (sorti d'ailleurs sur Lollipop). Pour le reste: le premier 13th Floor Elevator, le premier Seeds, Joy Division....
Vous fonctionnez comment niveau stock ?
Paul: on a tendance à travailler à flux tendu, c'est à dire peu de stock dans les placards et tout dans les bacs. Le stock ça coûte cher et surtout il est encore difficile de prévoir si on va vendre 3, 5 ou 15 du Pj Harvey par exemple. Mais globalement le stock dans les bacs a progressé d'au moins 30% en un an, on privilégie plutôt le choix...
Si je veux un disque que vous avez pas en stock, je peux venir vous le commander ? Si oui, c'est quoi les délais en général ?
Paul: on ne peux pas tout avoir en stock, il faut savoir que plus de 200 nouveaux disques sortent chaque jour dans le monde!! on travaille avec certains distributeurs très bien achalandés pour toutes les commandes "personnalisées, donc oui tu peux nous commander ton skeud! Pour les délais ça va de 15 jours mini quand le disque est en stock à environ 1 mois, parfois plus pour des pièces plus rares. On arrive à satisfaire nos clients à plus de 90% car malheureusement il arrive aussi que certains disques soient épuisés et là on ne peut rien faire, c'est assez rare...
Au fait, j'ai pas vu l'album de Bleifrei (NdP: le groupe de lycée de Stéphane...) en rayon. Un oubli ?
Paul: hum! je crois savoir où ils sont haha!
Stephane : Blei qui ??
Et vous, vous écoutez qui en ce moment ?
Paul: pour les news le dernier Robert Plant /Allison Krauss, le dernier Heavy Trash, the Kill Devil Hills et aussi un vieux live de Wayne Kramer, une tuerie!
Stéphane : Heavy Trash, Ettes, Submarine Races, Speedies...
Vous avez un message à faire passer à l'industrie du disque ?
Paul: les grosses maisons de disques? les grandes surfaces spécialisées? les radios commerciales? haha! ouais!!...
"c'est bon les gars, lâchez nous les baskets maintenant! vous avez tout foutu en l'air du fait de votre cupidité, vous ne signez et ne voulez vendre que de l'aseptisé, du vulgaire, c'est plus facile, plus vite rentable, vite jetable, mais la musique n'est pas un "produit"...alors allez vendre vos téléphones à tout faire, votre verroterie et toutes vos machines technologiques pleines de vide (!), allez faire mumuse ailleurs et laissez nous gérer la crise, laissez nous jouer, sortir des disques...noirs et en vinyle, bref allez vous en faire du pognon dans d'autres secteurs...tiens! l'environnement ça vous dit pas?...c'est porteur et en plus vous aurez bonne conscience...grrrrrr!!"
Votre position sur le téléchargement ?
Paul: le téléchargement illicite? ben c'est surtout pas cool pour les musiciens car ils sont loin d'être tous pleins aux as, quand tu dois payer tes répétitions, entretenir ton équipement, raquer les studios d'enregistrement, faire 1000 bornes pour un concert où tu vas être payé 250 euros...et qu'en plus tu vends moins de disques, je vois pas comment tu peux joindre les deux bouts (j'ai pas dit gagner de l'argent, juste équilibrer).
Mais je suis pas sûr que seul le téléchargement soit responsable de la baisse des ventes de disques car même sans télécharger tu peux écouter (survoler plutôt ) des centaines de morceaux tous les jours (Myspace par exemple). Alors quand en plus t'as pas de pognon parce que t'as moins de pouvoir d'achat mais aussi parce que tu as claqué dans toute la technologie dont je parlais plus haut, ben c'est comme quand t'as soif et que t'as pas les moyens d'aller au bar, tu ouvres le robinet et tu te sers....
Bon il y a des gens qui finissent par acheter ce qu'ils ont téléchargé mais c'est pas la majorité.
Quel bilan tirez-vous des activités hors-boutique (showcase, expos, etc....) ?
Paul: peut être pas toujours assez de monde, on va essayer de privilégier un peu plus les groupes mais c'est pas toujours facile pour eux de passer par chez nous quand ils sont en tournée. Mais ça reste tout de même très positif car ça donne une image différente du magasin de disques et ça nous permet de croiser plein de gens, humainement c'est assez réussi.
Pas sûr en revanche que tout le monde ait percuté sur le fait qu'on peut très bien passer chez nous boire un café ou un verre de vin entre 11h et 20h, que ça n'est pas réservé aux seuls acheteurs de disques et que l'on n'est pas un club privé même si le bar étant géré en asso il faut prendre sa carte d'adhérent pour la très modique somme de 1 euro...
Si c'était à refaire, vous retentez l'aventure ?
Paul: ben ouais, perso j'ai même rempilé il y un an!!
Steph, tu peux nous parler de l'actualité et de l'avenir du label Lollipop ?
Stephane : On vient de fêter nos 10 ans ! La 50eme sortie est une compil avec tous les groupes du label (au prix de 4 euros). Les 2 autres sorties du moment sont l'album des danois de Powersolo "Egg" (CD/LP) et le CD d'Aggravation. Je pense que les prochaines sorties seront pour septembre 2008. Hé oui, je ne pensais qu'un magasin pouvait prendre autant de temps !! Je préfère me consacrer à Lollipop store pour ce début 2008 et relancer le label à la rentrée. Les projets : l'album de This Is Pop etc...
Si vous deviez décrire Marseille, qu'en diriez-vous ?
Paul: je vis à Marseille depuis seulement un an et j'ai l'impression que les marseillais ne se rendent pas toujours compte du potentiel de leur ville et de leur région. Déjà c'est une ville magnifique (à part quelques barres immondes, genre derrière le vallon des Auffes), dans un environnement exceptionnel.
J'ai quitté la région d'où je suis originaire pour passer 25 ans à Paris parce qu'ici c'était plus que mort et de retour j'ai trouvé beaucoup de changements.
Rien que pour parler musique quand je vois tous les flyers qu'on nous met à la boutique on se rend compte qu'il y a plein de gens qui se bougent, qui se battent (labels, groupes, concerts, presse) mais il faudrait que le public suive un peu plus derrière, les festivals ont l'air de cartonner tandis que les petits concerts sont souvent clairsemés.
Je pense qu'il manque cruellement un relais à la région parisienne dans le sud de la France et Marseille a les atouts pour occuper le poste, perso je suis là pour ça.
En dehors du Lollipop, un conseil :
- bar : Passerelle et Machine à Coudre
- restau : Sushi Street Café (quand on de l'argent) ou Dos Hermanas, quand on en a peu (très bon qualité/prix + accueil très sympa) et la Pergola à Niolon
Le mot de la fin ?
Paul: l'avenir du CD...c'est le vinyle!!
2 Boulevard Théodore Thurner 13006 Marseille
Ouvert du lundi au samedi, de 11h à 20h
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Un interview
Interview réalisée le 12 décembre 2007 par Mystic Punk Pinguin
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