Moriarty (interview à l'occasion de leur passage à Marseille)
Plus éclectique, plus électrique
Trois ans après la sortie de leur premier album, Gee Whiz But This Is a Lonesome Town, le groupe anglo-américain est de retour sur scène en cet automne. Mais contrairement aux règles édictées par l'industrie musicale, le groupe ne vient pas défendre un second album sorti précédemment. Au contraire, il a choisi de tester ses nouvelles compositions sur scène avant de les enregistrer. Ce qui n'empêche pas les salles d'afficher complet partout où le groupe se produit. Lors de leur passage à Marseille, nous avons tenté de percer le phénomène Moriarty en compagnie de Rosemary et Arthur.
Pourquoi vouloir tourné avant la sortie de votre second album ?
Rosemary : C'est l'un des enseignements des 300 dates que nous avons assuré en 2008 et 2009 sur notre premier album : la scène est un lieu où les morceaux deviennent mâtures. Au début, nous étions vraiment dans une vaine folk et au bout du chemin, tout était plus électrique. Au point qu'un soir, après un concert à la fourmi de Limoges, un spectacteur est venu nous voir après le concert en pensant que nous étions un groupe de reprises de Moriarty !
Vous n'avez rien enregristré ?
Rosemary : Si, nous sommes en cours d'enregristrement. Mais tout n'est pas bouclé. C'est une sorte de work in progress qui nous permet de faire vivre nos nouveaux morceaux, de voir là où ça "cafouille" encore, là où le public réagit, là où nous pouvons intégrer de nouveaux arrangements. Testez ses compos sur scène, c'est le rêve de tout musicien !
Quand devrait sortir votre nouvel album ?
Arthur : février 2011, normalement. Ce n'est pas encore très clair car nous avons une relation compliquée avec notre label, Naïve.
C'est à dire ?
Arthur : C'est un peu de la cuisine interne à l'industrie du disque. Nous avons un contrat de 4 albums avec eux, nous sommes allés les voir pour renégocier ses termes, vu le succès du premier album mais ils nous ont rétorqué que nous étions toujours "un groupe en devenir". Du coup, on s'est posé la question de l'autoproduction, mais franchement rien n'est encore décidé.
Groupe en devenir, c'est au minimum un manque de respect, non ?
Rosemary : Manifestement, c'est une pratique de l'industrie du disque. Ce qui nous pose problème, c'est que suite au premier album, nous avons empilé les dates de concert les unes après les autres. Tout le monde nous disait que c'était bon pour nous, bon pour le disque, bon pour le label. A l'époque, nous avons voulu faire plaisir à tout le monde, on était pris dans une spirale. Nous avons beaucoup donné, trop certainement. Aujourd'hui, nous cherchons à nous faire respecter.
Qu'est ce qui s'est passé pendant ces 2 ans de tournée ?
Rosemary : La vie d'artistes, tu en rèves et quand tu la vis, tu en fait de temps en temps des cauchemars. Pendant 10 ans, Moriarty était notre groupe, mais chacun avait sa vie à côté. Du jour au lendemain, on a plaqué nos vies privées pour s'engouffrer dans un espace-temps décalé et resserré. Même si on se connaît bien, ce n'était pas facile à la fin de se supporter tous les jours. De même, on vivait dans un rythme totalement décalé du reste du monde.
Mais n'est ce pas cela que tout artiste recherche au fond ?
Rosemary : Si, chacun avait conscience en même temps de vivre des moments extraordinaires. Nous avons été joué en Angleterre, en Europe, aux Etats-Unis, au Japon, en Inde, en Australie ! On a quasiment fait le tour du monde. C'était génial et en même temps très dur. Car, en même temps que l'on jouait, le label nous pressait pour que l'on compose de nouveaux morceaux ! A la fin, je n'étais pas loin de craquer, de tout plaquer ce cirque pour revenir à une vie plus simple. Reprendre mes études, reprendre la vidéo, me poser, tout simplement.
C'est un peu la mythologie de la musique, non ? On part en tournée et on écrit de nouveaux morceaux dans l'avion ou le car en fonction des expériences intenses que l'on est en train de vivre.
Rosemary : Ben non, cela ne sait pas passé comme cela pour nous. L'année dernière, nous avons pu bloquer 10 jours dans le studio de Rodolphe Burger pour travailler de nouveaux morceaux. Puis, en 2009, nous avons eu une résidence de deux semaines au théâtre de Nîmes pour réaliser la bande son de la Véritable Histoire du chat botté de Pascal Hérold, Jérôme Deschamps et Macha Makeieff. Ces deux moments nous ont permis de nous consacrer à la musique. Et c'est là que nous avons constaté que nous avions gagné en matûrité et en efficacité. Les titres de nouvel album sont le fruit de tout ce processus.
Justement, le second album, c'est souvent l'épée de Damoclés pour "un groupe en devenir". Le public attend un nouveau Jimmy ou lily, les deux titres qui vous ont fait connaître et qui a permis à la presse de vous étiqueter dans la vaine Néo Folk.
Rosemary : Notre nouvel album sera plus éclectique et surtout plus électrique, c'est une certitude. Mais pour nous, ce n'est pas une nouveauté. Moriarty a eu dans ses débuts des périodes rock. On ne découvre pas les amplis !
Toujours des textes en anglais ?
Rosemary : Toujours. Pour l'instant, les choses viennent ainsi à moi. Je ne cherche pas à me forcer à écrire en français. D'ailleurs, en tournant dans les pays anglo saxons, nous avons redécouvert nos textes, car le public trouvait qu'ils présentaient plusieurs sens, qu'ils étaient écrit de façon bizarre, avec l'emploi de mots différents. Je pense que c'est l'influence du Français sur mon écriture.
Vous n'avez pas un peu peur de faire fuir vos fans ?
Arthur : On ne se pose pas la question. Ce qui nous importe,c'est ce qu'il y a au fond de nous et qu'on a envie de sortir par la musique. Et je pense que le public n'est pas aussi binaire qu'on le pense. Sur cette tournée, nous n'avons pas d'album dans les radios, pas de médiatisation et pourtant, c'est complet partout !
Et comment réagit le public à la sortie de vos concerts ?
Rosemary : Ils nous disent qu'on fait du Moriarty ! C'est pas le plus beau des compliments, ça ?
Comment expliquez-vous cette côte d'amour dont vous disposez ?
Rosemary : Je ne sais pas. C'est à toi de nous le dire, non ?
Ok, J'essaierais de vous apporter quelques éléments de réponses après le concert.
Interview réalisée le 25 octobre 2010 par stephane
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