Entretien avec Alexandre Costa de Niandra Lades à l'occasion de la mini tournée française du groupe en février 2014 avec Garciaphone
Auteur d'un rafraîchissant premier album éponyme en 2012 et de nombreux concert partout en France (voire plus si affinités... ), le prometteur groupe clermontois d'indie pop rock Niandra Lades est en tournée française en compagnie des excellents auvergnats de Garciaphone au cours du mois de février 2014... Une occasion parfaite pour poser quelques petites questions à Alexandre Costa, le leader du combo, qui revient avec un nouveau line up cette année et s'apprête à enregistrer son deuxième opus. Entretien :
Peux-tu évoquer les débuts de Niandra Lades ? Comment a commencé le groupe ?
Alexandre Costa : Niandra Lades est à la base un projet solo. Je n'avais plus de groupe à l'époque mais je n'ai jamais arrêté de composer. Puis, un jour, j'ai commencé à enregistrer chez un copain qui avait le matériel pour. Une connaissance à qui j'avais fait écouter ces démos a décidé de me programmer dans un bar où elle organisait des concerts, et cela contre mon gré... N'ayant jamais chanté en public, j'étais effrayé par l'idée de faire ce concert, et surtout seul... J'ai donc fait appel à des copains musiciens pour m'accompagner sur une date qui était censée être le premier et le dernier concert de ce projet baptisé Niandra Lades... mais le concert s'est si bien passé qu'on a décidé de continuer... c'était en 2008 !
Comment se sont passés tes débuts en tant que musicien ?
Hahahahah... Si tu veux parler de mon premier concert, je ne me souviens pas de moments plus honteux dans ma vie. C'était avec mon premier groupe de lycée, pour un concert organisé par l'asso de moto de mon oncle...ça pose le décor ! J'étais seulement guitariste, mais une semaine avant le chanteur nous a complètement plantés. J'ai donc dû assurer le chant, sauf que je n'avais jamais chanté une note de ma vie. Sur le premier morceau, j'ai tenté d'imiter Kurt Cobain, puis quand je me suis rendu compte que je brisais les oreilles de l'auditoire, je me suis figé de stress... Incapable de continuer à jouer. Mon père était là, et m'a dit que la musique était peut-être pas une bonne idée pour moi... A cet instant, je me suis juré de lui donner tort un jour !
Parle nous des artistes qui vous ont inspiré et donné envie de jouer de la musique ...
Nirvana avant tout. Depuis tout petit, il y avait cette guitare qui trainait dans ma chambre. Elle n'avait aucun intérêt pour moi. Puis au collège, un copain m'a prêté In Utero de Nirvana, qu'il avait lui-même emprunté à son grand frère. Je n'ai pas compris ce qu'il se passait tellement la baffe était grosse. La puissance physique et émotionnelle de ce disque était bien trop importante pour un petit gosse de 12 ans. L'album n'était même pas fini que j'avais la guitare dans les mains, frustré de ne pas pouvoir reproduire ce que j'entendais. C'est ainsi que tout a commencé !
Vidéo NIANDRA LADES - Brigitte (live session) :
Il y a un nouveau line up pour Niandra Lades en 2014. Comment s'est faite la rencontre avec les nouveaux membres du groupe ?
En effet, deux des membres d'origine (Florian Havet et Clément Huin, guitariste et bassiste ) ont quittés le groupe pour des raisons personnelles. Ça a été un coup dur sur le coup. On jouait ensemble depuis le lycée, dans différents groupes. Mais bon la vie est comme ça, quand tu commences à t'investir sérieusement dans la musique, que tu vies pour ça, tu te heurtes fatalement à ce genre de situation car tout le monde ne peut, où ne veut continuer dans la même direction que toi, et c'est normal. Ce fût une année de transition un peu bâtarde à cause de tout ça, on a eu plusieurs membres de remplacement mais rien de stable. Les choses ont changées grâce à l'arrivée de Samy et Matthieu (Lopez). Je connais Mathieu depuis des lustres. Quand j'étais ado, j'allais déjà le voir en concert avec ses groupes. C'est un musicien que j'ai toujours beaucoup respecté. Quand il a fallu trouver quelqu'un pour remplacer Florian j'ai immédiatement pensé à lui, j'étais sûr qu'il refuserait... Quand à Samy on s'est rencontrés à un repas de famille, il s'est proposé un jour par hasard, on a fait l'essai, et tout s'est super bien passé humainement et musicalement... facile la vie !
Niandra Lades va tourner pour quelques dates avec Garciaphone début 2014 après avoir déjà joué souvent avec vous partout en France... Vous semblez bien vous entendre et vous apprécier mutuellement...
Ce sont des amis. On se sent déjà proches d'eux musicalement, et humainement c'est la symbiose parfaite. La tournée, c'est cool, mais ça peut aussi vite tourner au vinaigre. Les conditions rudes, la fatigue, les kilomètres, les égos de musiciens... beaucoup de contraintes qui peuvent facilement tout gâcher, surtout quand tu te retrouves à 9 personnes 24/24 dans un van. Mais avec eux tout est simple, tout le monde s'aime, il n'y a jamais d'embrouilles, et pour couronner le tout, leur musique est géniale !
Y-a-t'il des anecdotes de tournée croustillantes avec eux ou avec d'autres artistes ?
La meilleure anecdote remonte 2 ans en arrière. Nous tournions en Suisse dans un festival itinérant. Le premier soir après le concert, on voulait aller boire des coups dans un Club, mais on s'est fait lamentablement refoulés. Un de nos potes qui était là n'a rien trouvé de mieux à dire au videur que nous étions le groupe Archive, qui était la tête d'affiche du lendemain. On ne le savait pas encore, mais Archive devait mixer le lendemain, après leur concert dans ce même club. Du coup le patron est venu nous accueillir à l'entrée en s'excusant. Le bruit a vite couru dans la boîte que les mecs de Archive étaient là, du coup plein de monde venait nous parler. On a parlé aux gens en français avec un faux accent anglais ridicule toute la soirée en leur racontant des énormes conneries. Personne n'a rien calculé. C'était quand même du génie cette idée, parce qu'Archive c'est typiquement le genre de groupe dont tout le monde connait le nom mais pas la gueule. J'aurais tellement aimé voir la réaction du patron quand les vrais Archive sont arrivés...
Qui a monté cette mini tournée française prévue en février 2014 ?
Olivier (Perez)de Garciaphone et moi-même !
Tu organises souvent des concerts à Clermont (Troy Von Balthazar etc), comme ça se passe ?
Je fais cela par pure passion. Quand je peux faire jouer un groupe ou un artiste que j'aime bien et que j'ai les moyens de le faire, je ne m'en prive pas, dans l'espoir que les gens qui viendront passeront aussi un bon moment.
Pochette du 1er album de Niandra Lades...
Peux-tu nous parler de l'enregistrement du premier album de Niandra Lades ? Où en est le deuxième album ?
Le premier album a été enregistré par Pascal "POWER" Mondaz (Cocoon, Botibol etc...), qui est un gars bien de chez nous, et qu'on aime beaucoup humainement et professionnellement. Le côté humain est très présent dans Niandra Lades, on ne travaillera jamais avec quelqu'un si le courant ne passe pas, même si le gars est bon. Du coup pour Pascal, le choix s'est fait naturellement. L'enregistrement a été très spontané, faute de temps et de moyens, mais on a été très contents de ce que cela a rendu. Après, avec le temps, tu te rends comptes des erreurs à ne plus faire dans le futur. On bosse d'une toute autre manière pour la préparation du deuxième.
La composition de nouveaux morceaux a-t-elle débutée ? Ton processus de création est-il lent ou rapide ?
Oui, bien avancée même ! La forme globale du prochain album est déjà dessinée ! Tout ce que je peux te dire pour l'instant, c'est que l'ensemble sera plus noir, les contrastes plus importants, pour un tout très rock. Les morceaux du premier album ont tous étés écris il y a très longtemps, certaines chansons comme Strawberry Cake ou Birds datent de 2005/2006. Il est donc normal que les choses changent et évoluent. Sinon en terme d'écriture, je suis très inégal. Je peux composer beaucoup de morceaux en 3 jours et ne plus rien pondre pendant 2 mois.
Comment procède Niandra Lades pour écrire ? Qui fait quoi ? ?
Je compose les chansons et écris les textes, et on arrange avec le groupe en répétition.
Pourrais-tu écrire des chansons pour d'autres artistes ?
C'est un exercice qui me plairait c'est sur, mais comme on ne me l'a jamais proposé, je n'ai jamais essayé. Donc impossible de savoir si j'en suis capable pour l'instant.
Vidéo Niandra Lades (Scène De Bain | Tournée 2010) :
Désormais, le son du groupe du scène est beaucoup plus indie rock, c'était une volonté d'enlever l'étiquette "folk" ou c'est l'émulation scénique entre les musiciens qui fait ça ?
Cela s'est fait naturellement. J'ai toujours été plus influencé par Grandaddy, Chokebore, Pavement et Sonic Youth que par la Folk music en général. D'ailleurs, je n'ai jamais trouvé notre son très folk. Certes il y avait des guitares acoustiques mais les morceaux sonnent plutôt Pop, enfin je trouve...
As-tu un modèle pour le live ?
Je ne sais pas si "modèle" est le mot, mais évidemment il y a des groupes dont l'attitude scénique te touche plus que d'autres. Après le but c'est quand même d'avoir sa propre personnalité et identité de groupe, même si indirectement tu es influencé. J'aime beaucoup le jeu de scène de groupe comme A Place To Bury Strangers, très énergique et en même temps très froid, dans l'esprit Underground, au même titre que j'aime l'attitude de groupe comme Wilco, tout dans la classe et le charisme, sans en faire beaucoup. Après, c'est à toi de trouver ton truc sans copier à l'identique, ce qui est en général bien grotesque.
Comptez-vous essayer d'exporter la musique de Niandra Lades à l'étranger ? As-tu eu des retours positifs après avoir joué en Angleterre par exemple ?
Pour l'instant on va déjà essayer de se faire connaitre en France, ce qui est loin d'être gagné, haha !! Certes, on s'est un peu exportés en Suisse et en Angleterre pour quelques dates, mais il faut être franc, cela ne sert qu'à faire bien quand tu rentres chez toi. Les gens te prennent plus au sérieux quand tu as joué en dehors des frontières, alors qu'au final cela ne reste que des concerts comme les autres. Je te mentirais si je te disais qu'on a rempli les salles. C'est un peu comme les Thugs dans les 90', ce super groupe de Angers qui avait signé chez Sub Pop aux USA (Nirvana, Mudhoney etc...). Tout le monde se fichait de ce groupe, puis en rentrant d'une tournée Américaine désastreuse, où ils n'avaient joué que dans des salles vides, tout le monde les adulaient et s'intéressait à eux car c'était le groupe qui s'était "exporté". Les gens sont bizarres...
Quels sont les endroits où vous préférez jouer ? Pays, villes, salles, festivals etc
Je crois qu'on aime tous jouer partout. Tant qu'on joue, on est heureux !
Rêvez-vous de collaborer avec des musiciens ou producteurs, voire de faire des duos ? Si oui, lesquels ?
Boaf, je n'y ai jamais trop pensé non. J'aimerais bien faire un morceau avec Olivier de Garciaphone. Avec tout le temps qu'on a passé ensemble, si j'avais à faire un choix ce serait lui. Comme je te l'ai dit avant, je fonctionne au feeling donc difficile de donner plus de noms.
Titres parfaits selon toi et que tu mettrais dans ton top 5 ?
C'est dur, je ne sais pas s'ils sont parfaits, mais je dirais :
- Undone (the sweater Song) de Weezer
- King of nails de Sparklehorse
- Let's get Strong de Clues
- I'm only sleeping des Beatles
- Speed trial de Elliott Smith
Redemande moi cela dans 5 minutes et tu n'auras pas le même top !
Les albums cultes pour toi et que tu écoutes très souvent ?
Il y en a plein ! Revolver et le White album des Beatles, les albums de Sparklehorse, d'Elliott Smith, Sumday de Grandaddy, Yankee Hotel Foxtrot de Wilco, l'album éponyme de Clues, Summer in Abadon de Pinback, A taste for bitters de Chokebore, Secret Blood de Shannon Wright, The Trial of von occupanter de Midlake, plus récemment Forever dolphin love de Connan Mockasin... Je peux t'en citer 250 de plus encore !
Tes coups de cur musicaux du moment ?
Le premier album de Speedy Ortiz, Major Arkana. mais surtout un artiste Australien peu connu, Bored Nothing. J'ai pas mal écouté le dernier album de H-Burns aussi ces derniers temps.
Tes projets pour 2014 ?
Tourner, sortir un album, tourner...
Un dernier mot à ajouter ?
Une snare un peu Berlin.
1ère Photo en haut : Joanton
Liens : www.facebook.com/pages/-Niandra-Lades, niandralades.bandcamp.com, twitter.com/NiandraLadesCF, www.rmarecords.com, twitter.com/rmarecords...
Interview réalisée le 30 janvier 2014 par Pierre Andrieu
Envoyer un message à Pierre Andrieu
Voir toutes les interviews et critiques de concerts rédigées par Pierre Andrieu
Niandra Lades : les dernières chroniques concerts
Trainfantome, Lenparrot, La Houle, Niandra Lades, Marble, Veik par Dissy
Fotomat, Clermont-Ferrand, le 27/04/2018
Direction le Fotomat, qui a mitonné en cette fin avril une affiche préparée aux petits oignons pour les fans de découvertes indé pop & rock, avec une brochette de 6 groupes, ce qui... La suite
J.C.Satàn + Niandra Lades par Pierre Andrieu
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand, le 18/02/2016
Moins de monde que prévu au concert de J.C.Satàn dans le club de La Coopé, à moitié rempli par un public un peu amorphe. Les absents ont vraiment eu tort, c'était une très... La suite
Gonzaï Party : Jessica93 + Niandra Lades par Pierre Andrieu
Le Baraka, Clermont-Ferrand, le 23/01/2015
Gonzaï Party de fort bon aloi au Baraka, le truc idéal pour lutter contre la massive attaque de loose intersidérale ayant traditionnellement lieu tous les ans au mois de... La suite
The Delano Orchestra + Niandra Lades (concert de lancement de l'album EITSOYAM) par Pierre Andrieu
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand, le 25/01/2013
Soirée 100% réussie à la Coopérative de Mai (Clermont-Ferrand) pour le lancement de l'album EITSOYAM du désormais fameux groupe clermontois de post folk rock The Delano... La suite