Guillaume Pervieux ? Ce nom ne vous dit peut être rien comme ça, mais si vous habitez du côté de Marseille et que vous fréquentez un tant soit peu les salles de concerts et que vous avez une petite préférence pour le rock il y a de grande chances que vous l'ayez déjà vu sur scène. Enumérer tous les groupes dont il a fait partie serait trop long, mais on ne peut pas passer sous silence John dans lequel il assurait la basse et une partie du chant aux côtés de Isabelle Casier (qui continue sur Paris sous le nom de Pollyanna) et Cédric Leroux (autre multi instrumentaliste de talent, exilé à Helsinki). Depuis quelques années Guillaume cache derrière le nom de Quaisoir un nouveau projet plutôt chanson (mais toujours très rock) en français qu'on a eu l'occasion d'apprécier sur scène (notamment en première partie de Bonnie Prince Billy ou Dominique A). Son premier album (JeSuisVivantEtVousEtesTousMorts) sort à la fin du mois de mai sur le label marseillais des Chroniques Sonores... saisissons cette occasion pour lui poser quelques questions.



Tout d'abord, d'ou vient ce drôle de nom ?

Je dirais que c'est le personnage d'un roman que j'ai adoré, ou alors un plat japonais inédit, ou alors un petite ville paumée au fin fond du Minnesota, ou alors le nom du chat de ma voisine...

Quaisoir c'est qui d'autre ?

Céline, qui chante avec moi depuis presque trois ans, contre vents et marées, et dont l'influence se ressent de plus en plus sur la manière que j'ai de concevoir les morceaux, Mathieu, qui officie comme bassiste, Olivier, le batteur, et le petit nouveau, Eddy, qui nous a rejoint à la guitare, avec qui je fais aussi de la bande dessinée. Ils me suivent généralement pendant les concerts, selon le "budget", sinon sur l'album, j'enregistre seul, avec l'aide ponctuelle d'autre gens, ça dépend des morceaux.

Vivez-vous de votre musique ?

Je dirais plutôt que l'on essaye de faire vivre notre musique...

Comment décrirais-tu votre style ?

Desmotsdusondubruitparfoisdeslarmesdelajoiedeshistoiresdelaviedusangdestripesdel'air !

La genèse de ce disque ... ou ? quand ? comment ?

Tout s'est fait à Marseille, sur plusieurs années, c'est un peu un condensé de tout ce qu'a été ma vie tout ce temps... On a enregistré, petit à petit, à la maison, de manière très artisanale. D'ailleurs, l'artisanat, c'est un concept que je défends bec et ongles, depuis longtemps. Y'a pas de mot qui m'emmerde plus que "professionalisme", je trouve que ça tue l'amour, et puis
ça crée une distanciation malsaine avec les gens. Non, la musique, ça n'est pas dur, le tout c'est d'avoir les bonnes idées au bon moment ... Essayez, vous verrez...



D'abord la musique ou d'abord les paroles ?

En fait, je pars plutôt d'une ambiance, ou d'un état d'esprit. C'est très dur d'être en condition pour écrire une chanson, ça va au-delà de l'inspiration, c'est un truc qui m'échappe totalement. C'est juste qu'à un moment, on a un truc à dire, je crois. Sinon, j'écris avec la guitare sur les genoux, ça fait une très bonne table.

Le titre est assez noir, ce qui ne se ressent pas forcement dans tes chansons ... es tu pessimiste ?

Non. En fait, c'est une phrase issue d'un roman culte de Philip.k.Dick, Ubik. Ca résumait totalement ce que j'avais envie de faire passer, comme un sorte de mantra que l'on se répète en boucle pour se rassurer, se protéger de l'extérieur. Je ne suis pas pessimiste, au contraire, mais, je sais pas, j'aime plutôt parler de ce qui m'attriste ou m'emmerde que de ce qui me réjouit... Une question d'éducation musicale, je pense...

Tes textes sont parfois assez abstraits ... de quoi parles tu en général ?

Tu trouves ? Je sais pas, c'est vrai que l'on a peut-être pas toujours les clefs pour comprendre ce que je raconte, ou alors je ne suis pas assez clair, mais finalement ça me plait assez, le fait que tout le monde y comprend ce qu'il veut... C'est comme une deuxième lecture, en fait on s'approprie ce que je fais et on l'adapte à sa sensibilité, à son vécu, c'est plutôt pas mal, non ? Sinon, globalement, ce sont, soit des histoires, soit de l'autobiographie, soit des fantasmes, soit des déceptions amoureuses, soit pas grand-chose.

De qui te sens-tu le plus proche musicalement ?

The microphones, The decemberists, The books, Sparklehorse, Do make say think, Bonnie Prince Billy, Barbara.



Avec qui pourrais-tu imaginer /aimerais tu faire un duo ?

Kate Bush.

Qui admires-tu le plus comme artiste (musical ou pas) ?

Douglas Coupland, William Gibson, David Calvo, The microphones (encore), Mamoru Oshii, Robert Crumb, Chris Ware, Neil Gaiman, Alan Moore, ouaouh, non, ça prendrait la journée, je suis trop boulimique de tout ...

Ton meilleur souvenir de concert (sur scène ou dans le public)

Sur scène, j'ai oublié, mais sinon, oui, Nick Cave, lors de son premier passage au théâtre du Moulin, c'était long, intense, incroyablement physique et incroyablement fort. A la fin du concert, il a invité toute la salle à venir picoler avec lui au trolleybus, et il y est vraiment allé, ivre mort. Un grand moment.

Ton pire souvenir de concert (sur scène ou dans le public)

Au Poste à Galène, un soir, j'ai eu une extinction de voix, plus rien ne sortait de ma bouche, je ne pouvais même plus parler. On m'a injecté 80 grammes de cortisone pour tenir le coup, et puis on a joué. C'était atroce.

As tu eu l'occasion de tourner hors de Marseille ? Est-ce prévu prochainement ?

A l'extérieur, rarement, sauf récemment, mais bon, avec la sortie de l'album, beaucoup de dates se profilent... Quelques-unes : à Nice, au Staccato, le 24 Juin, dans les arènes d'Arles le 28 juillet, avec Luke et Deportivo ...



Tu as toujours joué dans beaucoup de groupes ... parles nous de tes différents projets participation et du rôle que tu y joues.

J'aime faire beaucoup de choses, je m'ennuie vite... Je fais du Fender Rhodes dans un groupe d'ambient appelé Astrïd, on a déjà sorti un album chez Arbouse Recordings il y a six mois, on prépare le prochain. J'officie également comme bassiste dans une groupe de rock appelé Nation All Dust (ndP : groupe dans lequel le bassiste de Quasioir est chanteur-guitariste ; voir chroniques ici), on fait du bruit énergique et mélodique, au stade de la démo pour l'instant.

Tu es aussi scénariste du très bon premier album de bd dessiné par Eddy Vaccaro (un de tes ex bassiste) ... comptes tu continuer là dedans aussi ?

Oui oui, on travaille sur un nouveau projet, ça s'appelle "La promesse", ça sortira sûrement dans le courant de l'année, voire l'année prochaine ... Sinon, Eddy a réintégré le groupe, à la guitare.

Un plus grand dynamisme de la scène musicale au Nord, mythe ou réalité ? Une explication ?

Je sais pas, mais bon c'est vrai que Marseille, quand on écoute du rock, c'est pas terrible... Une histoire de tradition, peut-être ? Mais bon, méfions-nous des idées reçues...



A mes yeux et oreilles Marseille a une très grosse activité musicale dans tous les styles ... pourtant Marseille semble parfois boudée par pas mal de tourneurs (notamment pour tout ce qui est pop-rock) ... et j'entends souvent des gens se plaindre en disant qu'il n'y a pas grand chose malgré la centaine de concerts par semaine dans la région. En tant qu'artiste comment ressens-tu la situation ?

C'est une situation un peu compliquée, et je ne suis pas très à l'aise pour en parler. Arrêtons un peu de nous plaindre, et déplaçons-nous aux concerts, payons les entrées, dans ce cas peut-être que plus de tourneurs s'occuperont de notre ville.

Penses-tu que l'information passe bien ?

Oui, il y a pas mal de médias qui la relayent, des radios indépendantes, des magazines... de ce côté-là, je ne pense pas qu'on ait à se plaindre.

Pour finir peux tu me citer 10 groupes marseillais (en précisant leur style) :

Ouhlà, euhh... Nicholson (chanson moderne), Kid Francescoli (pop), David Lafore (chanson poétique et arrosée), Troublemakers (électro cinématique), Lo (garage), Kill the thrill (noise émotionnelle), Cowboys from outer space (punk-rock), Homosupérior (disco violente), Heidi (pop electro), Finders Keepers (electro rock).

Plus encore des questions à la noix ... et si Quaisoir était ...:

... un animal : Un cheval de labour.
... une couleur : Le blanc, la somme de toutes les autres.
... un plat : Une délicieuse choucroute en boîte.



- Pour nos lecteurs marseillais ou de la région :

un conseil restau : Passez à la maison, on se fera une bouffe.
un conseil bar : Passez à la maison, on boira un coup.

Contact : Quaisoir@leschroniques-sonores.org - https://www.leschroniques-sonores.org

Dates à venir :
- 30 mai, sortie de l'album
- 07 juin Quaisoir sera l'invité de l' Oreille Qui Gratte à Radio Agora FM (show case)
- 24 juin concert avec My Diet Pill au Staccato, Nice
- 28 juillet concert avec Deportivo et Luke au Théâtre Antique de Arles

Lire aussi les chroniques de concert et de disque de Quaisoir.