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Soma (interview)

Istres 10 mars 2003

Interview réalisée le 10 mars 2003 par Ed Dazuntski

A l'occasion de leur concert le 14 mars, à l'Usine à Istres, en 1ère partie d'Eskobar, j'ai rencontré les membres de Soma pour une petite interview. Mis à part Tom Tom, le bassiste à la monstrueuse 5 cordes et autre fretless 6 cordes, tous étaient présents, à commencer par Lionnel (guitariste-chanteur) chez qui l'entrevue se déroulait, Tom (le batteur), Seb (également guitariste) et Jean-Philippe (clavier). Voici donc l'essentiel de ce qui s'est dit ce dimanche (l'essentiel car j'ai dû omettre une partie des propos que j'avais recueilli pour ne pas faire trop long).

Première question, très peu originale, comment vous définiriez votre musique ?

Yo : C'est pas facile de répondre à cette question quand on fait pas vraiment un style de musique qu'on peut ranger dans une catégorie bien définie. En fait, on préfère que ce soit les gens, qui écoutent ce qu'on fait, qui nous classent comme ça mais en gros, je dirais que notre musique est un mélange de pop et de métal, disons sans faire de clichés, de la pop avec des envolées métal.
Mais on s'attache surtout à la mélodie dans nos chansons, c'est ce qu'on recherche en premier, tout en gardant un côté punchy, très énergique. On essaie aussi de ne pas tomber dans la facilité avec des lignes de basse, de guitare ou de chant, élaborées, beaucoup de breaks à la batterie et toute une ambiance au synthé ; de façon a ce que chacun trouve son plaisir dans le groupe et que tout le monde soit au même niveau.

Seb :Il y a aussi beaucoup de mélancolie dans notre musique, je pense que c'est ce qui nous caractérise et ce qui démarque un peu de la Pop disons classique qui est souvent plus jovial.

Comment vous fonctionnez en règle général pour composer ?

Yo : J'ai souvent une idée assez précise de la compo dans ma tête au départ, et je compose principalement à la guitare acoustique, parfois seul, parfois on se complète avec Seb ou même Jean-Philippe ou Tom Tom. En fait, on tourne plus ou moins les uns les autres pour avoir une idée plus précise du morceau à plusieurs. Mais bon, la majeure partie du temps, on arrive en répèt' avec les compos encore écrites uniquement à l'acoustique et dès qu'on est tous ensemble après, ça va plus vite.
Parfois, on arrive au final à peu près à ce que j'avais imaginé au début et puis d'autres fois quand j'avais pas d'idées en tête vraiment bien définies parce que la base à la sèche était très basique par exemple, je suis carrément surpris du résultat car le morceau change complètement de figure comme c'était le cas pour Realise notamment.

Seb : Y'a des morceaux pour lesquels ça été assez rapide comme le tout dernier J'en rêve par exemple. Là, on est arrivé, on a joué ensemble dessus, on a tous mis notre petit truc et finalement on a pas eu besoin de trop se prendre la tête puisqu'on savait déjà ce qu'on voulait. Y'a d'autres morceaux, c'est plus délicat.

Vous avez subi pas mal de remaniements successifs qui n'ont pas du être faciles à gérer (ndlr il y a eut 4 ou 5 changements dans le line up depuis sa formation en 96 et le groupe est sous sa forme actuel depuis seulement 1 an et demi), Tom, toi par exemple, comment as-tu géré le fait de remplacer quelqu'un au sein du groupe ?

Tom Au tout début quand je suis arrivé, il y a un an et demi, j'ai du apprendre les anciens morceaux et les travailler comme ils avaient été écrits, notamment parce qu'il fallait enregistré le 4 titres. Mais très peu de temps après, on a commencé à composer d'autres chansons alors je n'ai pas vraiment eu le sentiment de remplacer quelqu'un. J'ai mis à peu près 5-6 mois à rattraper en quelque sorte le retard dans une ambiance un petit peu tendue car on ne savait pas trop où on allait. On se retrouvait avec l'ancien groupe plus le nouveau et on savait plus trop quelle direction prendre. Finalement, on a redéfini tous ensemble le concept du groupe pour repartir sur de bonnes bases et on a fini par abandonner la grande majorité des anciens morceaux.




Vous avez intégré il y a peu, un clavier en la personne de Jean-Philippe. Comment ça s'est passé et à quel moment vous en avez ressenti le besoin ?

Yo : Après que nous ayons réussi à redéfinir notre identité de groupe, le besoin à commencer à se faire sentir petit à petit. Mais, je dirais que le déclic, pour moi en tout cas, c'était il y a 5 mois quand j'ai redécouvert Faith No More, je me suis rendu compte que ça offrait énormément de possibilités. A ce moment, on avait pas mal de morceaux terminés mais on souhaitait les compléter avec un synthé car on avait une vision assez objective de ce qu'on voulait atteindre. Pour la reprise de Depeche Mode (Enjoy the silence) par exemple, c'était vraiment nécessaire je pense. Donc, on s'est mis en quelque sorte à la recherche d'un clavier, on a rencontré Jean-Phi et ça a tout de suite collé, voilà.

Ca fait un peu plus d'un an que le 4 Titres (In the Princess' Arms) est sorti, il me semble que cela ne correspond plus vraiment à ce que vous faites aujourd'hui ?

Yo : Non, en effet ça ne correspond plus vraiment.

A quand le prochain alors ?

Yo : Il n'y a pas vraiment de prochain à proprement parler. Parce que en fait, bon... Cet enregistrement a été à la fois une bonne et une mauvaise expérience car on était un petit peu pris entre deux feux, entre l'ancien et le nouveau groupe en quelque sorte et ce sont les vieilles compos, si on peut dire, que nous avons enregistrées. Donc, on a tiré pas mal de leçons de ce court passage en studio même si on était encore un peu timide, pas encore conscient de ce qu'on voulait faire.

Seb : Aujourd'hui, on a cette démo qui nous suit et on a pas vraiment de moyens d'en enregistrer une autre. Alors du coup, on continue à prospecter avec celle-ci et Lionnel s'est acheté un petit 8 pistes numériques pour qu'on travaille chez nous sur nos nouveaux projets. Ca reste une prémaquette mais ça nous permet de voir venir en attendant de réenregistrer quelque chose en studio, un 4 titres ou plus on verra.

Jusqu'à présent tous les textes étaient exclusivement en anglais. Désormais, vous vous mettez un peu au français. Ce n'est pas trop dur quand on ne l'a encore jamais vraiment fait et pour quelles raisons, vous vous y êtes mis ?

Yo : Comme pour le clavier, l'envie s'est fait sentir au fur et à mesure. Bon, c'est vrai qu'à travers les différents concerts qu'on a fait et les personnes qu'on a rencontré, c'est souvent un reproche qu'on nous a fait. Alors, on a fini par s'y mettre. D'abord très timidement, avec juste des petits passages en français et tout le reste en anglais parce que comme tu le disais, quand tu n'as jamais écrit dans ta langue maternelle ce n'est pas facile du tout. Mais on s'y met de plus en plus, on commence à le travailler aussi au niveau de la musique. Parce que si tu veux, le français tu peux pas le caler où tu veux parce que sinon, tu le fais mal et quand tu veux le faire bien comme il faut, il faut bien réfléchir sur quoi tu veux chanter.

Seb : Pour revenir sur ta 1ère question, étant donné qu'on fait de la pop et du métal, on a aussi bien des morceaux speed que des morceaux calmes, des chansons mélancoliques et des chansons beaucoup plus rentre dedans. Et en fait, on jongle un peu sur ces deux styles pour n'en faire qu'un seul et le français, on va plutôt l'adapter sur ce qui est calme et posé pour le moment. On continuera à faire des textes dans les deux langues.



Il y a un peu plus de deux mois, vous avez fait la 1ère partie de Nihil, dans quelques jours celle d'Eskobar, ça fait quoi ?

Tous : C'est terrible !

Seb : La 1ère partie de Nihil, c'est arrivé un peu subitement dans le sens où on ne s'y attendait pas vraiment. En plus, on ne connaissait pas du tout ce qu'ils faisaient. Alors, on s'est intéressé à leur musique, moi ça m'a beaucoup plu, peut-être plus que les autres et c'est pour ça que personnellement ça m'a fait vachement plaisir. Après, j'ai pas trop envie de faire de comparaison entre les deux. Disons qu'avec Nihil, on se rejoignait par le côté rock assez puissant et avec Eskobar, c'est le côté pop et mélancolique encore une fois, qui nous ressemble. Alors, ça peut montrer qu'on est capable de faire les deux ;

Qu'est que vous écoutez en ce moment ?

Tom : moi, en ce moment, j'écoute pas mal d'électro avec des groupes comme Air ou Roudoudou.

Yo : Plein de trucs, beau coup de jazz et de musiques manouches : Mike Stern, Samarabalouf... Après, j'aime beaucoup Tool, le dernier Silverchair, Katatonia... Et plein d'autres trucs encore.

Jean-Phi : mais j'ai pas vraiment des goût bien arrêtés en musique. J'écoute de tout quoi, vraiment de tout. On va dire que ça peut aller de la variet' comme Bruel, au métal, en passant par l'électro...

Seb : moi je suis en plein dans ma période New Age en ce moment. J'écoute Depech Mode à fond à fond par exemple, mais aussi du Katatonia ce qui n'a rien à voir. Tom Tom, lui par contre il est très métal, il aime bien Glassjaw, Dream Theater...

Pas de français ?

Yo : Si si... On se sent très proche musicalement de Kaolin, on aime bien Luke, Miossec, Renaud, Mickey 3D ... Y'en a plein !

Quel a été votre parcours musical, à chacun ?

Seb : Je fais de la guitare depuis onze ans maintenant. J'ai rencontré Yo il y a 7 ans. A l'époque, on a monté un petit groupe qui s'appelait Ancestra...(rires), on était tout jeune. Après, moi je suis parti de mon côté faire quelques petits groupe et je suis revenu dans Soma, il y a un peu plus de 3 ans.

Jean-Phi : A la base, j'ai commencé le synthé il y a une dizaine d'années avec un pote qui m'a montré quelques petits trucs comme ça. Après, j'ai joué tout seul pendant pas mal de temps, j'ai juste joué dans un groupe de reprise quand j'étais à l'armée. Sinon, je jouais uniquement tout seul et à force, j'avais le sentiment de ne plus avancer. Là, depuis 5 mois que je suis rentré dans le groupe, je suis à fond dedans et j'arrête pas de jouer.

Yo : Moi je joue de la guitare depuis près de dix ans maintenant. J'ai donc fait un premier groupe avec Seb, puis j'ai formé Soma avec 2 potes il y a environ 6 ans. Après plusieurs échecs scolaires et diverses réorientations, j'ai fais l'école de musique de Cavaillon pendant deux ans et je suis désormais intermittent du spectacle. Je donne des cours de guitare, je joue dans un orchestre et dans une formation de guitare manouche.
Tom Tom, qui lui joue de la basse depuis 6-7 ans, était avec moi à l'école et c'est comme ça qu'on a décidé de jouer ensemble il y a deux ans et demi je crois.

Tom : Je joue de la batterie depuis 4 ans et ça fait un an et demi que je suis dans le groupe. Avant j'avais joué un petit peu de guitare et un petit peu de piano mais c'était juste comme ça.

Pour finir, y'a-t-il quelque chose qui vous révolte en ce moment ?

Yo : La guerre c'est moche et l'amour c'est beau ! (rires). Non, sérieusement, moi ce qui me fait chier en ce moment, c'est le statut des intermittents du spectacle.

Seb : Moi, ce qui me saoule un peu, c'est que ce soit si peu ouvert pour le rock dans le Sud. Pour jouer dans les salles, c'est pas facile du tout comparé au nord de la France par exemple. Et ça, ça me gave.

Merci à ces Messieurs de Soma et merde pour cette 1ère partie d'Eskobar.

photos noir&blanc Jean-François bleubleu, couleur Ed Dazuntski

 Interview réalisée le 10 mars 2003 par Ed Dazuntski


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