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The Normandy All Stars / Entretien

The Normandy All Stars / Entretien en concert

Paris 15 mars 2014

Interview réalisée le 11 mai 2014 par Jacques 2 Chabannes

Les 12 plages du débarquement en 45 !
(The Normandy All Stars : Interview !)


Au moment où Elliott Murphy s'en revient visiter nos régions Sudistes - concerts ce vendredi 16 mai à Somnières, puis à Nice, dès le lendemain ! - accompagné de son trio de musiciens préféré des Normandy All Stars, retour sur une interview du groupe "Havrais" réalisée le mois dernier à Paris dans la foulée de leur bel album nommé Forty Five(45) ! (chroniqué sur ce site via ce lien)

Un album écrit et composé par Olivier Durand, guitariste/chanteur du trio, dont la Bio est à lire, ci-après :
Originaire du Havre - ville "Rock", par excellence - Olivier Durand accompagne et habille (neuf années, durant) de ses notes "senties" et "mélodieuses", la carrière "Live" et "studio" de l'incontournable "local" : Robert Piazza/ Little Bob (et sa Story" !). Quelques sommités musicales croisées, plus loin - Serge Teyssot-Gay (Noir Désir), Kenny Margolis (Mink Deville), Ernie Brooks (The Modern Lovers), Luz Casal, Jipé Nataf, etc. - il croise la route du légendaire Elliott Murphy (1996). Une association "guitare + composition" qui sert au mieux la musique du fameux Songwriter US, tout en ne cessant de mettre en exergue l'extraordinaire créativité mélodique et l'attaque hors pair de ce virtuose de la six cordes. Un grand du genre Rock !



Samedi 15 mars / rue Beauregard-Paris.
En marge des shows "anniversaire" d'Elliott Murphy au New Morning, rencontre matinale autour d'un pot de café avec Olivier Durand (voix+guitares), Laurent Pardo (basse+chœurs), et Alan Fatras (batterie+chœurs) ; histoire de revenir sur la genèse et les conditions d'accouchement de leur tout récent Forty Five...

Bien que vous soyez mondialement reconnus et passiez vôtre temps à échapper aux hordes déchaînées de Fans Hardcore qui vous traquent jour et nuit, jusqu'à vôtre hôtel, même, parfois... comme c'est encore le cas aujourd'hui vu qu'ils sont des "pleins" à faire le pied de grue dehors en ce moment, à attendre vôtre sortie ou tenter de coller leur visage contre la vitre pour mieux vous apercevoir... faisons dans le "basique" en revenant historiquement et brièvement, sur le parcours musical de la fameuse "section rythmique"...
(Olivier et Alan me désignent alors Laurent d'un signe de tête entendu !)

Laurent (Pardo/basse+chœurs) :
On commence donc par le plus "jeune", je vois (rires)... Bon, ben, en deux mots... j'ai rencontré mon instrument plutôt par "erreur", la basse...

Par "défaut" ?

Laurent
Pas par défaut, non... au lycée, au moment de former un orchestre, comme souvent, on m'a dit : "toi qui joue déjà un peu, tu devrais prendre la basse !"... j'ai fini par en acheter une un peu plus tard et puis j'ai enchaîné avec des premiers groupes, comme tout le monde... puis avec un groupe un peu plus "sérieux", qui a tourné pas mal en France : Mr Moonlight... avant d'enchaîner trois années avec le projet Kid Pharaon de Thierry Duvigneau ! Encore plus tard, avec Fata Morgana, qui a eu un p'tit "buzz" auprès des Medias Français...

Attends... On est en quelle année, là ? 1935/1937 ?

Laurent
... 38 ! Allons, allons, j'suis pas si vieux ! On est au début des années 80, quand j'débute, et puis pour le reste, je suis vite devenu "pro" en fin des années 80, avec ce fameux statut d'"intermittent" qui fait tant débat... et puis, après... Olivier (Durand) m'a proposé, par téléphone, de remplacer Ernie Brooks sur quelques dates...

LE fameux Ernie Brooks ! (NDLR : musicien et producteur membre originel des fameux Modern Lovers, qui a par la suite joué avec Talkin Heads, David Johansen, Laurie Anderson... produit puis joué longtemps sur scène avec Elliott Murphy).

Laurent
Voilà, et puis, ça fait maintenant huit années que ça dure... que "ça" remplace... avec Elliott Murphy !



D'où le statut d'"intermittent" amplement mérité et à prendre au premier degré, pour le coup !

Laurent (entre deux rires et vannes des autres membres du trio !)
Ce qui aura amené nôtre rencontre avec Alan (Fatras) avec qui j'avais parfois joué lors de mon "époque" Mr Moonlight ! Et Olivier, bien sûr... on s'était souvent croisés sur les tournées, on s'disait qu'on devrait jouer ou taper le "bœuf" ensemble un jour, et... voilà pour mon parcours ! Et puis... j'suis pas encore à la retraite, j'espère continuer encore un peu...

T'as encore au moins DEUX belles années devant-toi, vu ton grand âge...

Laurent (dans un éclat de rire) :
Deux belles années, oui... et encore !

Alan (Fatras/batterie+chœurs)
Pour ma part, j'ai commencé la batterie en 1981 ! Je suis totalement autodidacte ! Et puis après, mon premier groupe, c'était en 1983, mais... j'n'vais pas les citer tous parce qu'il y en a eu une trentaine, en gros ! J'vais faire très court...

... Ou bien tu finiras tout seul après...

Alan
Voilà ! Ils étaient tous différents, niveau "style", en plus... Et puis, j'ai rencontré les Scamps et j'ai alors commencé à jouer professionnellement et à en vivre ! En tant qu'"intermittent" également... J'ai également eu la chance d'accompagner Moon Martin pendant deux ans (NDLR : songwriter et musicien US reconnu, auteur de Bad News et Cadillac Walk, entre autres hits !) en 99 et 2000... j'ai même eu la chance de pouvoir aller enregistrer chez-lui à Nashville, puis de tourner avec-lui...

... pendant la tournée du Live officiel ?

Alan
Oui, oui, exact ! En Europe pendant deux ans ! Ce qui m'intéresse dans la batterie, c'est de pouvoir m'essayer à divers styles de musique : j'ai donc joué dans pas mal de styles, entre Acid-Jazz et Punk-Rock ! Et puis, après... exactement la même chose que pour Laurent : Olivier m'a appelé pour faire un remplacement, celui de Danny Montgomery... et depuis, ben... l'aventure continue et j'espère qu'elle continuera encore longtemps !

Olivier (Durand/voix+guitares)
Avec Alan, on s'était déjà croisé tous les deux au Havre... on avait même déjà essayé de faire un groupe autour de mes morceaux...

Alan
En 93 !

Olivier
Et puis en fait, il a oublié d'en parler, mais... il avait fait un remplacement sur six dates, sur la tournée Blue Stories de Little Bob Story, avec qui je jouais !

Alan
C'est vrai que j'ai tournée ou enregistré avec les Roadrunners, et Marc Minelli, aussi !

T'en as oublié pas mal, et des "bons", en plus...

Alan (en se faisant chambrer par ses "pairs")
Ben, j'les ai oubliés, quoi, c'est tout ! Mais j'ai parlé d'Elliott ! (rires partagés).



Dis-moi, Olivier, puisque tu parles d'une époque durant laquelle vous aviez déjà tenté de jouer puis enregistrer tes compositions, au niveau de l'album, en 93... qu'est-ce qui fait qu'il ne sorte que maintenant : c'est une question de temps, de processus d'écriture... d'argent ? Un peu tout cela ?

Olivier
Un peu de tout "ça", oui... C'est pour cela aussi que l'album s'appelle 45, mon âge, au moment où nous l'avons enregistré, c'est symbolique ! Mais... je crois que j'étais enfin prêt à le faire... à me mettre à chanter en "lead", alors qu'avant... et puis, le fait d'avoir Alan et Laurent avec-moi, j'ai profité de nôtre complicité pour me lancer... c'est plus facile en tant que groupe...

Musicalement parlant aussi, bien entendu !

Olivier
Bien sûr ! Y'a une telle complicité entre-nous...

Laurent (rigolard)
Une OSMOSE !!!

Olivier
(Entre deux rires) c'est "ça", oui ! Mais, bon, nous avons aussi eu la chance qu'Alain Digue (producteur exécutif) nous dise : "allez-y, j'avance l'argent !". Après ça, ben, tu y vas de toute façon...

... Il a avancé l'argent pour les sessions "studio" ?

Olivier
Oui !

C'est la seule chose qui manquait pour lancer le processus ?

Olivier
Oui et non ! C'était aussi une question de temps, parce que, avec Elliott, on n'arrête pas de tourner toute l'année... et le fait que je ne me sentais pas encore "prêt" dans ma tête ! Et puis, bon, entre la demande d'Alain... le fait d'enregistrer avec Elliott... qui fait que tu t'habitues à une qualité et ne veut plus enregistrer dans un p'tit studio tout pourave... Sans oublier le rôle de Charles de Schutter à Bruxelles, qui a produit le disque et qui nous a bien arrangé au niveau du prix... trois fois moins cher qu'à l'habitude, en gros... c'est comme une subvention quoi, alors, ben...

Alan
Avec hébergement, en plus !

Olivier
C'est vrai, avec hébergement ! Et les croissants Belges, le matin, en plus !

Laurent
Subvention ? Non, non, j'aime mieux... mécénat, moi ! Ça correspond mieux !



En termes de distribution, comment est-ce que cela se passe ? Où est-ce qu'on peut le trouver ?

Olivier
Pour l'instant, essentiellement lors des shows, après, ou sur certaines plateformes de distribution et via nôtre Facebook ! (www.facebook.com/TheNormandyAllStarsofficial). Mais nous travaillons sur des partenariats à venir au niveau magasins de disques et labels... Blue Rose, en Allemagne, devrait également le mettre sur son site prochainement...

... Eux qui s'occupent également des disques d'Elliott (Murphy !).

Mis bout à bout, cela aura pris combien de temps, en termes de sessions d'enregistrement ?

Olivier
Une dizaine de jours en gros...

Alan
... Mix, compris !

Olivier
En fait, on est parti cinq jours pour finalement enregistrer quatorze morceaux ! Neuf pour les bases rythmiques le premier jour, les cinq autres, le suivant... Nous avons alors pris le temps de réécouter le tout tranquillement... avant que je me mette à "gratter" comme un dingue durant les trois jours suivants (rires !)... que je pose les guitares, les voix... Puis nous sommes revenus, genre, quatre ou cinq mois plus tard... en février... pour les chœurs, les cordes de notre ami Philippe Morino ...

Au niveau des arrangements ?

Olivier
Tout a été fait au Havre, à ce niveau... Puis nous avons ajouté des percussions, des chœurs... Pendant que Charles commençait carrément à mixer, lui...

Rapide, tout de même, comme processus d'enregistrement, pour un album "solide", au bout du compte ! Au niveau des chansons en elles-mêmes, c'est quelque chose que tu portes depuis longtemps ? Ou bien est-ce qu'il y a également des plus "récentes"...

Olivier
Y'a de tout, en fait ! Tu prends Peace Of Mind, par exemple, nous l'avions déjà jouée ensemble avec Alan, il y a près de vingt ans... Même si, tu penses bien que les "anciennes" chansons comme celle-là, j'ai pris le temps de r'bosser d'ssus : les textes, certaines parties, également... elles ont évolué, mais, bon, y'en a pas tant qu'ça, des "vieilles"... J'ai Envie, ça fait près de dix ans, que je l'"ai", mais elle n'était pas encore prête... Quant à 45, je l'ai finie une semaine avant qu'on l'enregistre...

Laurent
Quand t'as autant "envie" pendant dix ans... (sourire énigmatique)... à un moment, faut qu'ça sorte, quoi... (rires francs du trio !).

Dès la sortie du disque, je t'avais dit que je trouvais que celui-ci "sonnait" très "années 9O", dans le bon sens du terme, bien entendu ! Je ne trouve pas du tout que le son soit "daté", non, plutôt lié à ce qui se faisait de très bon en Rock Français à cette époque...

Olivier (armé d'un regard plutôt interrogateur)
Comme les Plimsouls, par exemple ? Sur nos morceaux un peu plus "Pop", oui, ok... Mais, bon... C'est sûr que c'est aussi nôtre culture...

Alan
LE moment où nous avons découvert puis plongé dans la musique...

Olivier
C'est certain que tout le Rock Havrais des années 80, et les suivantes... c'est quelque chose qui nous est très proche, au niveau d'Alan et moi, oui ! En tout cas, NOUS, les plus "jeunes" (regard moqueur lancé à l'adresse de Laurent)... ils étaient proches de nous, tous ces groupes de l'époque... le premier groupe que j'avais, quand j'étais "gamin"... Why Notes, je... crois ? Bref... le mec qui nous avait trouvé nos premières dates de concert était fan de Little Bob, il avait une collection de vinyles de "dingue", il nous faisait écouter Mink Deville, les Plimsouls... nous a fait découvrir beaucoup de groupes de l'époque ! Cette musique-là, on la porte en nous, quoi... Peut-être bien que pour les gens qui suivent Elliott Murphy, ça doit "sonner" un peu trop "Rock Pop", moins Folk, en tout cas...



Ce qui faisait également la marque des groupes Français de l'époque, comme les Roadrunners, les Dogs, Kid Pharaon, les Innocents...

Olivier (il réagit immédiatement au son des Innocents)
Ben, oui ! Tu sais, Jipé... (chanteur/compositeur des fantastiques Innocents) je l'ai "tanné" pour qu'il participe au disque, mais bon, tu l'connais... il est toujours super occupé, tout le temps ! Mais, comme il adorait la chanson How Does It Feel ?, il m'avait dit : "Peut-être que j'écrirai un texte en Français sur ta musique !", mais, bon... il n'a pas eu le temps, finalement...

Autre chose notable, également... parce que c'est à chaque fois "évident" par ici, en nôtre Hexagone : tu n'as pas la même voix lorsque tu chantes en Français, ta langue maternelle, ou bien en Anglais... ce qui fait que cela amène encore autre chose à l'ensemble, comme deux œufs nés du même nid... qui écloraient finalement pour donner deux couleurs de peau différentes... Un problème que ne semblait pas avoir Dominique Laboubée, des Dogs, qui chantait tout indifféremment : avec ce même accent Français, assez inimitable... sans se poser de questions, quoi ! (ils rient d'ensemble à cette évocation).

Olivier
Non, c'est vrai, oui ! Je peux même te dire que l'Ingé son, Charles de Schutter, m'a convaincu d'utiliser deux micros différents ! Il pense également que ça n'est pas pareil... tu n'ouvres pas ta bouche de la même façon, lorsque tu chantes en Français et en Anglais !

... On a même parfois l'impression que l'on n'utilise pas les mêmes "cordes" (vocales) lorsque l'on chante dans les deux langues...

Olivier
Je ne sais pas si c'est quelque chose que font les autres, mais, lui, il aime bien le faire...

Laurent
Il a en un pour les Chinois, un pour les Japonais, un pour les Espagnols... d'ailleurs on en profite ici pour lancer un appel : il lui en manque un pour des voix Grecques !

Je ne pense pas que ce soit difficile d'en trouver actuellement en Grèce, vu leur état général... suffira de mettre une annonce sur le Net, ça en devrait pas être long pour recevoir plein de propositions...

Olivier
J'ai pas hésité, en tout cas, avec Charles, parce que... c'est quelqu'un d'un niveau assez exceptionnel. C'est d'ailleurs pour ça que ça a été aussi rapide...

Alan
... Il bosse super vite, il a une oreille incroyable, aussi... d'où le choix des micros...

Laurent
... Et puis il est musicien, aussi ! Ce qui change tout. Dans ce métier-là, suffit pas d'avoir que des connaissances techniques... C'est bien, oui, mais... faut aussi travailler avec "feeling"... c'est son cas !

Que de louanges !

Laurent (il fait "non" de la tête !)
Une seule chose, par contre, faut pas toucher à son café, jamais ! J'ai essayé une fois, au début, il m'a dit (avec accent, s'il vous plait) : "J'te préviens, si tu touches à c'café, je t'attache la bite à l'arrière de la voiture et je te fais faire le tour du périphérique de Bruxelles !" (rires partagés).




Est-ce que vous avez des photos, de ces instants très "intimes" et "festifs" ?

Laurent
Non ! J'y ai pas touché ! J'y ai donc pas eu droit... y'a des choses comme ça, euh, comment dire... non !

À partir du moment où c'est toi, Olivier, qui amène les morceaux... comment est-ce que vous intervenez ou vous répartissez le travail, tous les deux ?

Laurent
En fait, contrairement à ce qui est dit... nous sommes les "nègres" d'Olivier, lui, signe, mais nous, on écrit dans l'ombre... (ils rient tous trois)... bon, ben... notre contribution, c'est principalement notre travail de groupe...

Votre "vécu" en tant que groupe, quoi...

Laurent
Voilà ! Lorsqu'il arrive avec une compo, un riff de guitare ou une idée, on sait tout de suite, à environ 80%, quelle direction il va prendre, grâce à notre vécu de musicien... comment le mettre en valeur, aussi, d'ailleurs, je dois le dire ici : Elliott (Murphy) me doit tout !

Avant vous, il n'était rien, enfin, pas grand-chose...

Laurent
Exact ! C'est un travail de "groupe", en tout cas...

C'est quelque chose que vous avez pris l'habitude de développer avec-lui ? Il vous laisse un grand champ d'action ?

Olivier (il se redresse illico)
Oui, oui, total ! À part quand il veut quelque chose de précis, comme avec les bassistes... il aime bien "taquiner" les bassistes et a toujours des idées dessus... après, on fait c'qu'on veut !

C'est un instrument ingrat, vrai ?

Laurent (il baisse les yeux puis la tête, genre bassiste "battu")
Tu vois ? Très ingrat, oui !

Il vous laisse donc toujours des options ? Après il ""prend"... ou "pas" ?

Laurent
C'est très "open" ! Complètement, oui !

Le fait d'avoir développé cela avec lui, ces dernières années, vous aura donc permis d'aller au bout de vos idées plus vite et de façon "naturelle", exact ?

Laurent
Oui, oui. Dans la continuité ! À la limite, sans se poser de questions, quoi !

Alan (affirmatif de ton)
Tu ne réfléchis plus, en fait...

Laurent
Tu cherches à faire le maximum pour que le "truc" sonne... c'est tout !

C'est instinctif ?

Laurent
Y'a une part d'instinct, oui, qui a été développée avec notre passion commune de la musique mais... y'a aussi le reste... que tu développes avec le travail : c'est la combinaison des deux qui permet d'y arriver, au final... Une combinaison d'inné et d'acquis... de feeling et de passion... ce qui nous permet de rentrer facilement dans le vif du sujet ! C'est vrai qu'on ne passe pas beaucoup de temps dans la recherche, en fait... Olivier arrive avec sa chanson écrite en amont, son couplet/refrain/pont, il nous arrive de mettre un peu de poivre, un peu d'sel dessus, mais...

Alan
... Dans la structure, on amène des choses aussi... on propose des choses, mais... Si on prenait un autre batteur, bassiste, ou bien un autre guitariste qu'Olivier, ça sonnerait différemment aussi... sans cette alchimie. Bien aussi, mais... différemment !

Olivier
Une chose que nous avons apprise, rapport à Elliott... c'est à se concentrer très vite sur une toute nouvelle compo pour y trouver not'place très vite... c'est aussi instinctif, oui, mais c'est aussi une question de concentration... J'ai déjà dû t'en parler, mais, pour l'album Beauregard(Elliott Murphy/1998), par exemple... J'étais tellement concentré dessus, sur mes parties, que, quand il a fallu les jouer "live", après, il a fallu que je les réapprenne carrément... parce que j'étais tellement à fond, sur l'instant, hyper concentré, que je ne savais plus, au final, si j'avais utilisé un "capodastre", ou bien quel type précis d'accordage... il y a un moment où tu es là, tu es concentré, tu bosses la chanson, tu fais attention au texte, à ce qu'il amène aussi, comme sensibilité...



... C'est de cette façon également, qu'est "né" Forty-Five...

Laurent
Ben... oui ! De façon très naturelle... la suite logique de ce travail avec Elliott !

Olivier
L'autre avantage, celui de travailler avec Charles... c'est qu'on pouvait être tous les trois dans la même pièce ! Souvent, dans les autres studios, tu es séparé des autres et il n'y pas ce côté "physique"... cette importance d'être au contact du batteur, quand tu joues... il te voit... tu accompagnes ses gestes ou ses frappes... la base rythmique est totalement "live", sur ce disque...

Est-ce que ce "challenge", celui qui vous a réuni afin d'enregistrer ce premier effort d'Olivier, à quarante-cinq ans, n'aurait pas pu être également "inhibant"... au final ? Quels étaient les enjeux, en fait, pour vous !

Olivier
On avait juste envie d'être fiers de nous, de montrer ce que nous savions faire... quoi !

Laurent
C'était pas vraiment un "challenge", parce qu'on avait envie de le faire ! Après, y'a le Père Noël qui est arrivé et nous a dit : "Tiens, avec "ça", tu peux l'faire !". Ce "ça" se transforme alors en quelques liasses d'Euros, et... c'est bête, oui, mais ça passe par-là ! Parce que... l'envie, le savoir faire, les compos, tout était là, quoi, après... il a été le "déclencheur"... Merci Alain, donc ! C'est LE producteur financier, et, dans ce métier-là... t'es aussi dépendant de ce "ça" ! Tu sais, y'a ce fameux dicton "musicien, crève-la-faim !" et... c'est pas exactement "ça" non plus, mais... on roule pas sur l'or non plus, enfin... pas d'quoi financer un album de ce niveau-là, voilà !

Tiens, justement... Lorsque vous n'êtes pas avec Elliott sur la route... vous vivez de quoi et comment...

Alan
On joue un peu avec d'autres, mais, nous sommes surtout profs de musique, tous les trois, dans la même école... au Havre ! Au CEM : Centre d'Expression Musicale !

Olivier (rigolard)
Toi qui parlais du Rock Havrais des années 80, tout à l'heure, ben... presque tous les profs viennent de la mouvance Rock de ces années-là ! Frandol, chanteur des Roadrunners, y est prof' de guitare... le guitariste des CityKids est directeur pédagogique... le guitariste des Roadrunners, aussi, Alan, donc... Nico Garotin, batteur de Little Bob... c'est une école de musique actuelle, faite par des mecs qui savent de quoi ils parlent !



Y'a du "vécu", effectivement !

Olivier (enjoué du ton)
C'est pas forcément très "théorique", par rapport à d'autres écoles, mais...

Alan
... Et c'est pas plus mal...

Olivier
On est capable d'aider, de mettre en garde, de dire vite ce qui peut l'faire... ou pas !

Quelles sont les catégories d'âge ?

Alan
Ça va de 6 ans, à... des retraités !

Laurent (yeux dans l'vague !)
De la pédophilie à la gérontophilie ! (éclat de rire général : d'abord gêné, puis franc et massif !)

Alan
Tu vas pas l'mettre, quand même... non ?

Non, non... mais... j'ai désormais un titre !!! Une accroche aguicheuse...

(NDLR : désolé, les gars ! Faut jamais se fier à un humain, alors, pensez, un journaliste...)

Laurent
Blague à part... les élèves sont quelque part très contents d'avoir des profs qui ont du vécu... qui sont dans le circuit "Pro"... les profs de musique ne sont pas généralement des praticiens en "live", généralement ! Et puis, quand on dit aux gamins : "la semaine prochaine y'aura pas cours, parce que nous serons en tournée aux Etats-Unis !"... c'est toujours mieux que pour la communion du p'tit ou des vacances au ski ! Y'en pas mal qui viennent quand on joue au Havre, aussi...

... Ça génère des vocations, donc !

Olivier
Oui, absolument, mais... ils se rendent compte aussi des difficultés économiques liées à cette vie, à cette activité !

... Que tu auras également attendu d'avoir 45 ans pour pouvoir enfin sortir un disque... c'est parlant pour eux, non ?

Olivier
Oui ! C'était déjà pas facile à notre époque, mais alors, aujourd'hui... (yeux dans l'vague !)... Mais, bon, la jeune scène Havraise avance et il y a du talent ! Et le CEM aide bien, à ce niveau...

Bon, ceci étant précisé... on va plutôt finir tous les deux, Olivier, vu que c'est tout de même toi qui compose...

Au niveau de l'écriture de l'album... des textes... Olivier... Cela sonne assez comme une sorte de "bilan" de vie... au final !

Olivier
Un "bilan", j'sais pas... plutôt un "regard" sur le temps, la vie ! Des questions sur des choses qui se passent ou se sont passées autour de moi, de ma vie... comme Peace of Mind, durant laquelle j'ai pensé à Bertrand Cantat ! Qu'est-ce que j'aurais bien pu faire, moi, dans telle ou telle situation... si j'étais "militaire", également, est-ce que je pourrais tuer des enfants, des civils... d'autres questionnements, aussi, qui font que t'aimerais parfois avoir des réponses à certaines questions récurrentes, afin d'être un peu moins stressé au quotidien, dans ta tronche !

De nombreux questionnements, en effet, ainsi que la remise en question de "choix" : savoir ce qu'il est bon de faire ou ce qu'il eut fallu faire ou privilégier aux moments "dits" importants de sa vie... est-ce que c'est empreint de nostalgie, d'un regard constant sur le passé, ou plus tourné vers le futur...

Olivier (il hausse les épaules d'interrogation)
Je pense que c'est plus tourné vers le futur, l'avenir... enfin, c'est toujours difficile à dire, parce que tu te rends compte souvent, parfois longtemps après... de ce qui s'trouve dans ce que tu as écrit et c'que tu voulais vraiment dire... Après... y'a des choses précises et "conscientes", également ! Par exemple, pour Enjoy Your Stay, je pensais essentiellement à ma fille aînée qui a vingt ans et qui a eu pas mal de problèmes, connu des périodes difficiles, dans sa tête... c'était une façon de lui montrer qu'il faut surtout profiter de la vie. Que t'es là, aussi, que...

... Que t'es passé par là aussi, que tu connais ces "passages" délicats...

Olivier (il opine du chef)
Il y a eu aussi des textes plus "marrants", ou plus axés sur le rêve, ou le cauchemar, l'imaginaire... Pour Fortress, par exemple... j'ai réécouté à fond ce que j'avais enregistré niveau rythmique et mélodie, et suis parti à fond "dessus" parce que j'ai eu des images, des visions... des images furtives du Nom de la Rose, par exemple, c'est pour cela que je parle de moines, aussi, j'étais plutôt "barré", à ce moment-là...

Et tu as laissé "courir", donc... Par contre, autre chose... Cela fait maintenant des années que tu parles et chante quotidiennement en Anglais, comment tu te sens, en termes d'écriture, dans cette langue qui n'est pas la tienne, la maternelle... en termes de "facilité" d'écriture...

Olivier
C'est de mieux en mieux ! J'écris actuellement des nouveaux morceaux, et... je commence à être plus fluide. Après, j'envoie l'tout à Elliott pour les faire corriger, voir si tout "roule"...



Il avise seulement, ou bien il réagit et propose ?

Olivier
C'est plus pour corriger, mais, pour Enjoy Your Stay, par exemple, au début... il m'a tout de suite dit : "Pourquoi tu as écrit ça ? Tu ne dis rien, dedans... quel est ton but ? Écrit autre chose !"...

... C'est vrai que les textes qui ne veulent rien dire, ou pas grand-chose, ou qui racontent juste des faits de vie, des amourettes d'ado, des soirées alcoolisées, l'envie de danser ou baiser, dans l'histoire du Rock, ça ne cours pas les rues... enfin, ça n'concerne pas plus de 90% des morceaux, quoi, et puis, ça n'a jamais marché, en plus... (rires partagés à quatre !)... Mais bon, avec Elliott, il y a toujours eu cette volonté d'excellence, niveau écriture, qui l'aura peut-être handicapé, paradoxalement, niveau "grand public", au final...

Olivier
C'est vrai ! Mais, c'que j'avais écrit était totalement "bateau"... sans intérêt ! Après, il s'est souvent borné à me dire, sur d'autres : "Tu as des pistes à suivre, c'est pas mal, va plutôt dans cette direction, suis plutôt cette piste..." ! Il me donnait parfois juste un ou deux mots, pour que cela fasse écho... m'amène ailleurs... Sur d'autres, il a à peine retouché quelques fautes d'accords ou conjugaison... Rien de plus !

Pour finir... la scène ? En tant que groupe, pour la promotion de ce bel album...

Olivier
Ben, en fait, il en manque "un", parce que nous sommes quatre, sur scène... on joue avec un de mes grands potes Stéphane Lebourg qui est chanteur/guitariste d'un groupe du Havre qui s'appelle Les Red Lézards, dont j'ai produit deux albums, d'ailleurs... écrit des chansons... Elliott a même joué avec eux... bref, à la sortie du studio, on s'est vite dit qu'on avait besoin de quelqu'un sur scène, surtout lorsque je pars en "solo"... ça créée immédiatement un vide, "derrière"... ça fait retomber l'énergie, aussi !

Quoique, le Rock s'est plutôt bâti en mode trio, à la base...

Olivier
Oui, mais, tu vois, toutes ces guitares, acoustiques et autres, qui se trouvent sur l'album et qui en font le son... juste tout seul, après, ça ne sonnait pas, quoi... il nous fallait absolument quelqu'un ! C'est lui, d'ailleurs, lorsque j'ai commencé à jouer avec Elliott, qui m'a rencardé dessus : j'avais alors que deux disques d'Elliott ! Lui, par contre... C'est lui qui m'a aussitôt fait découvrir des choses, qui m'a tout de suite apporté la compile Paris-New York, pour que je connaisse mieux... C'est un grand Fan de Dylan, de Woody Guthrie, de Pete Seeger, des Innocents, aussi... on parle le même langage et, humainement, il est aussi super cool ! Et puis, tu sais, c'est super difficile de faire rentrer quelqu'un dans une histoire, comme ça... Et puis, vu qu'il est chanteur aussi, on se retrouve avec quatre voix... quelque chose qu'on a commencé avec Elliott, qui nous a encouragé à chanter... et qu'on a gardé sur scène, avec Stéphane, Laurent et Alan. C'est bien, quatre voix...

... Un truc qui a plutôt bien réussi aux Beatles, par exemple... et à pas mal d'autres groupes, aussi... qui n'venaient pas seulement du Havre, en plus !

Olivier
Les p'tits mecs qui venaient de Hambourg, c'est ça ?

En parlant d'aller et venir... vous vous dirigez vers où, désormais...

Vers la promotion du disque... et puis, des concerts aussi, même si c'est difficile à trouver aujourd'hui et qu'on tourne beaucoup en parallèle avec Elliott...

Laurent
... Et, qu'actuellement, la culture se casse la gueule... les gens ont plus envie de dépenser leur argent pour boire un coup... dans la nourriture, ou pour se loger, aussi... ce qui est normal... plutôt que d'aller voir un concert, un spectacle de danse, ou de théâtre... Nous avons beau tourner depuis des années et êtres des musiciens "confirmés", on est des p'tits jeunes en nôtre nom, avec ce disque, et... on se retrouve devant le même "mur" que tous les autres...

Le mur du "son", en l'occurrence...

Laurent
On peut l'dire comme ça, oui... ça finit bien tout l'truc ! (rires partagés).

Pour plus d'infos et shows à venir :
www.facebook.com/TheNormandyAllStarsofficial).
www.elliottmurphy.com
Perdu À l'Est/vidéo officielle : https://www.youtube.com/watch?v=hh9zTPLMuVs


Elliott Murphy : les dernières chroniques concerts

Elliott Murphy / Interview en concert

Elliott Murphy / Interview par Jacques 2 Chabannes
Paris, le 25/03/2020
Greetings, From Beauregard, Paris, France... Interview d'Elliott Murphy: réalisée depuis son canapé Parisien, le Mercredi 25 Mars 2020. (J+9, après l'instauration du... La suite

Bertrand Belin + Elliott Murphy + Red (20ème anniversaire de La Coopé) en concert

Bertrand Belin + Elliott Murphy + Red (20ème anniversaire de La Coopé) par Pierre Andrieu
La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand, le 03/03/2020
Dans le cadre des festivités pour le 20ème anniversaire de La Coopé (dont le "point d'orgue" était la venue des dramatiques Indochine quatre jours plus tard, il est bon de... La suite

Elliott Murphy en concert

Elliott Murphy par Jacques 2 Chabannes
New Morning Paris, le 15/03/2019
Paris Au(x) Soixante-Dix Printemps ! Préquelle La queue des futurs spectateurs du soir s'étire doucettement tout du long de la rue menant au fameux New Morning. La température... La suite

Elliott Murphy en concert

Elliott Murphy par Jacques 2 Chabannes
Salle Jean Moulin Le Thor, le 14/11/2015
Après le Déluge... (It Takes A Worried Man !) Ce samedi 14 novembre 2015, deux heures durant, Elliott Murphy (accompagné des "mythiques" Normandy All Stars) aura su éloigner,... La suite

Normandy All Stars : les dernières chroniques concerts

Elliott Murphy en concert

Elliott Murphy par Jacques 2 Chabannes
Le New Morning - Paris, le 14/03/2014
"The Day After Tomorrow..." (Juste Une Histoire Parisienne...) Pour être totalement honnête - pour peu qu'il soit prouvé que la période (politique et économique) actuelle... La suite

Olivier Durand : les dernières chroniques concerts

9e Nuit du Blues : Immigrants + Candye Kane + Elliott Murphy & Olivier Durand en concert

9e Nuit du Blues : Immigrants + Candye Kane + Elliott Murphy & Olivier Durand par Jacques 2 Chabannes
Arènes - Cabannes, le 06/07/2013
Preachin' Blues (La Nuit du Blues de Cabannes !) C'est la "9e" édition de ce beau festival entièrement dédié à la musique Blues sous toutes ses formes, et cette seconde soirée... La suite

Entretien avec Olivier Durand en concert

Entretien avec Olivier Durand par Jacques 2 Chabannes
Le New Morning - Paris, le 08/04/2013
Originaire du Havre - ville "Rock", par excellence - Olivier Durand accompagne et habille (neuf années, durant) de ses notes "senties" et "mélodieuses", la carrière "Live" et... La suite

Elliott Murphy en concert

Elliott Murphy par Jacques 2 Chabannes
le New Morning - Paris, le 15/03/2013
"Elliott le Magnifique !" (Coming Home (Twice) Again...) Préquelle : C'est devenu une tradition en Murphyland - pays imaginaire monté de toutes pièces par les fans Espagnols... La suite

Interview d'Olivier Durand à l'occasion de la sortie de son album Let's Play It en concert

Interview d'Olivier Durand à l'occasion de la sortie de son album Let's Play It par Jacques 2 Chabannes
Le Havre, le 13/06/2020
Interview du guitariste Havrais Olivier Durand, à l'occasion de la sortie de son album Let's Play It (autoproduction/Juin 2020) Salut Olivier ! Tout d'abord, destiné à celles... La suite