Lors de leurs concerts à Clermont-Ferrand, Tony Violon au violoncelle avec distorsion, et Jerry Profond au chant et aux gesticulations multiples, nous ont fait toucher du doigt ce qu'est l'esprit du rock ‘n' roll avec un grand "r" ! Comme ils se présentent habillés en queue de pie, le spectateur inexpérimenté se dit que "la musique classique, c'est chiant". Que nenni ! Car si Violon Profond a pour but de redonner ses lettres de noblesse au heavy metal symphonique, son credo est aussi de redynamiser la musique de chambre. Leurs spectacles sont de purs moments de rock ‘n' roll à voir et à revoir !
Pour connaître les secrets du hard-rock de chambre, quelques petites questions s'imposaient :



Le nom du groupe effraie un peu les gens ("Ouah, ça fait penser à "Gorge profonde" !"), qu'est ce que ça veut dire exactement ?
Jerry Profond : "Ça ne veut rien dire du tout mais ça vient de la traduction de Deep Purple : "violet profond" en bon français. Comme Tony joue du violoncelle, on a pensé à "Violon Profond" comme nom de scène ! Voilà l'explication...

Pourquoi êtes-vous si méchants et pourquoi un tel manque de respect pour cette magnifique chose qu'est le hard rock ?
Tony Violon : On reprend des morceaux de hard rock parce qu'on est méchants et qu'on aime le hard rock. C'est aussi simple que cela. Le heavy metal, c'est de la musique de méchants ! On ne tourne pas le hard rock en dérision, ça nous plaît et on respecte cette musique ! C'est important pour nous.

Avez-vous été particulièrement marqués par les groupes que vous reprenez ?
Tony : Oui ! L'autoroute de l'enfer et TNT d'AC/DC mais aussi l'As de pique de Motörhead ou Casser la loi de Judas Priest ont bercé nos jeunes années. On a pas mal écouté de hard rock dans notre jeunesse.

Est-ce que vous aviez des posters et des autographes de ces groupes ? Est-ce que vous vous précipitiez à leurs concerts ?
Jerry : Je devais avoir un badge d'AC/DC. En relief !
Tony : J'ai vu AC/DC en concert... en vidéo malheureusement ! On a fait la première partie de Motörhead à Lille avec un autre groupe, on a donc croisé Lemmy !




Et maintenant que vous êtes grands, vous écoutez quoi ?
Jerry : Pas mal de trucs mais pas forcément du hard rock. On écoute ce qui est rock ‘n' roll. Ça peut être du classique, du hardcore, de la musique improvisée, du jazz, de la chanson française mais il faut que ça soit rock ‘n' roll !

Vous reprenez une chanson de Boris Vian, ses textes vous ont-ils marqué ?
Jerry : Oui, si ça parle de sang, ça nous plaît ! Le titre est rock ‘n' roll, donc on le reprend avec plaisir !

Sur scène, vous vous vantez d'avoir fait le conservatoire, est ce que c'est vrai ?
Tony : Oui, j'ai appris à jouer du violoncelle au conservatoire.
Jerry : Et moi, tu ne me poses pas la question ? A ton avis, je l'ai fait ou pas le conservatoire ?

Je ne sais pas, dis moi ...
Jerry : Et bien, aussi bizarre que ça paraisse, j'ai fait un an de conservatoire pour apprendre à chanter ! Je conseille vraiment la natation à tous les chanteurs, c'est l'idéal !

Comme Iggy Pop ! Maintenant, il va nager tous les jours, ça lui évite de se droguer !
Tony : Il faut qu'il se méfie, il pourrait facilement replonger !



Avez-vous eu des problèmes avec des fans de hard rock outrés que vous repreniez leurs chansons fétiches à votre manière ?
Tony : Non, on a jamais eu de problèmes de ce genre. Au contraire, les fans viennent nous féliciter de reprendre ces titres. On traduit les paroles en français pour les faire partager aux hardrockers.

Il y a donc une vertu pédagogique dans votre démarche ?
Jerry : Oui, tout à fait. Au lieu de remuer la tête bêtement, sans rien comprendre, les Français peuvent désormais comprendre de quoi parle le groupe Deep Purple dans Fumée sur l'eau : la chanson raconte l'incendie du Casino de Montreux, près du lac de Genève.

Quelles sont les réactions du public en général ?
Jerry :Très bonnes, on a déjà joué devant des publics hystériques. Nous avons été obligés de rejouer un concert entier tellement ils hurlaient ! D'une ville à l'autre, les réactions sont différentes.

Jerry, te mets-tu en condition pour être si énervé sur scène ?
Jerry : Non, pas vraiment. Le fait de jouer du rock ‘n' roll me conduit à me comporter comme ça : faire le chien, me retrouver dans une poubelle, me jeter sur les gens.



Est-ce que vous arrivez à vivre de votre musique ?
Jerry : On est intermittents, donc on gagne notre vie avec les concerts. On joue avec plein de musiciens différents à Lille ou à Toulouse. Violon Profond est un de nos projets, il y en a beaucoup d'autres. Je joue de la batterie dans le groupe Lazzi. Nous avons formé un boys band avec Tony Violon.
Tony : Je collabore aussi à divers projets musicaux. On fait des concerts avec Violon Profond un peu partout, ça dépend des opportunités. On joue dans des bars, des festivals de théâtre de rue, des squats et même des églises parfois... On a fait beaucoup de festivals de théâtre de rue avec Violon Profond : Aurillac et pas mal d'autres.

Avez vous déjà croisé les Marcel et Son Orchestre sur Lille et appréciez vous leur musique ?
Jerry : Oui ! Le batteur de Marcel et Son Orchestre est un pote. Nous ne sommes pas super fans de ce qu'ils font mais ils ont une bonne démarche et un bon esprit. Il faut avoir envie de faire la fête, leur musique est festive !

Pas de problèmes d'égo, de groupies, de drogues, comme dans le groupe Guns ‘n' Roses ?
Tony : Non, aucun problème de ce genre. Il n'y a pas de guitar hero !

Avez-vous une adresse et un numéro de téléphone pour que les personnes gérant des salles ou des festivals puissent vous contacter en vue d'un "show" ?
Tony et Jerry : Oui, bien sûr ! "Violon profond", Arnaud Marcaille, 2 rue Meurein, 59800 Lille. Le téléphone : 03/20/42/04/69 ou 06/15/33/64/33."

Bonne route et "Let there be rock" ! ! ! ! !

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(Photos : Flore-Anne Roth)