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Entretien avec les Von Pariahs à l'occasion de la sortie de leur album Hidden Tensions et de leur tournée française

Entretien avec les Von Pariahs à l'occasion de la sortie de leur album Hidden Tensions et de leur tournée française en concert

Octobre 2013

Interview réalisée le 08 octobre 2013 par Pierre Andrieu




Paru depuis le 30 septembre 2013 chez Yotanka - Differ-ant, Hidden Tensions, le premier album des franco-anglais de Von Pariahs est une véritable tuerie post punk qui devrait être prétexte à une tournée hexagonale de feu à l'automne 2013. Pour en savoir plus sur le parcours du groupe, l'enregistrement de l'album et les petits secrets du combo basé en Bretagne, nous avons posé quelques questions aux Von Pariahs :





Pouvez-vous raconter brièvement l'histoire (rencontre, débuts etc) des Von Pariahs ?
Théo Radière : Avec Sam, on s'est connus à l'âge de 9 ans, quand il a emménagé en France. On est allés au centre aéré ensemble, on a fait partie de la même équipe de foot et on est aussi allés au lycée ensemble. Les autres (Guillaume, Marco, Hugo, Romain) je les ai rencontrés entre mes 12 et mes 16 ans. On a tous grandi aux environs de Fontenay le Comte en Vendée, et on se croisait soit au collège avec Guillaume, soit en soirée avec les autres.

Vous êtes clairement un groupe de scène, est-ce que cela a immédiatement fonctionné entre vous en live ou est-ce qu'il a fallu un peu de temps ?
Notre efficacité en live, elle s'est un peu forgée par la force des choses. En fait on a tout simplement eu beaucoup plus d'occasions de faire des concerts que des sessions studio. Ça revient moins cher, entre autres. Et puis on n'a pas pris l'habitude du home studio comme peuvent le faire pas mal de groupes aujourd'hui. Quand on a commencé notre premier groupe avec Guillaume, on avait 13 ans. Le seul truc qu'on savait, c'est qu'on voulait jouer de la musique, alors on a joué de la musique. On s'est pas posé plus de questions que ça. D'où notre focalisation sur la scène pendant toutes ces années, et nos performances en live. Mais le studio, ça a aussi des côtés qu'on aime bien. C'est une vraie aventure, une ambiance. Après, cette osmose quand on est sur scène, moi j'ai l'impression qu'elle a toujours été là, mais il faudrait poser la question à des gens qui nous ont vu au début pour être fixé.

Vu le pied que vous semblez prendre sur scène, est-ce que le studio est une torture pour vous ?
Absolument pas. C'est juste très différent. Il y a forcément des moment moins agréables que d'autres, comme sur scène en fait. Mais même dans ces moments là on est clairs dans notre tête. Jamais on se forcerait à faire un truc qu'on vit comme une torture.

Parlez-nous des groupes qui vous ont inspiré et donné envie de jouer de la musique...
À chaque fois qu'on a découvert des artistes entiers, sincères, qui jouaient une musique sans chichis, on a kiffé. Ça nous a permis de nous rendre compte que ce que nous voulions avant tout, c'était transmettre des émotions par un biais franc et direct. Quant aux artistes qui nous ont inspiré, si on devait n'en citer que quelques uns, on n'en citerait aucun.

Visiblement, vu les chroniques de concerts enthousiastes, vous avez réussi à cartonner cette année lors d'un des plus grands festivals français, les Eurockéennes de Belfort... Donc maintenant vous n'avez plus peur de rien ?
On n'a jamais vraiment eu peur de quoi que ce soit. La foule, ça nous tétanise pas, ça nous galvanise. On aime ça quoi.


Von Pariahs - Still Human :



Comment avez-vous réagi au compliment de l'excellent Luz ? "Ian Curtis n'est pas mort, il se bourre la gueule à Nantes avec le plus prometteur des jeunes groupes français, les Von Pariahs, voix interpolesque et son Joy-Strokesien !"
Déjà, on s'est posé la question de savoir comment il avait pu écouter notre musique. Parce que c'était à un moment où, à part localement, on n'avait aucun rayonnement. Il s'est avéré que le type avait tout simplement fouillé sur myspace - ce qui déjà à l'époque, ne se faisait quasiment plus - et il était tombé sur notre musique. En ce qui concerne sa phrase, ce qu'on a tout de suite compris, c'est que c'était élogieux et que notre musique l'avait touché. Mais les noms de groupes qu'il cite ici, c'est son interprétation à lui, et tant mieux. Il s'est approprié notre musique, c'est ce qu'on veut, pas besoin d'aller chercher plus loin. Parce que de toute manière dans chaque artiste on peut en voir des centaines d'autres, en fonction de sa propre culture, de ses propres références. En fait ce qu'il faut bien comprendre, c'est que pour moi, chaque artiste est à la fois une sorte de témoin, qui passe de mains en mains en mélangeant la sueur d'un athlète avec la sueur du prochain - une espèce d'éponge culturelle ; mais il est aussi complètement unique dans la mesure ou toute cette matière passe par lui, sa personnalité, ses codes qu'il mélange à sa manière, sa sensibilité. On ne peut pas nier l'existence du passé, c'est pas pour ça que notre musique en est moins personnelle ; alors qu'on nous compare à tel ou tel groupe, on s'en tape, on fait notre truc comme on en a envie.

Pas mal de temps s'est écoulé entre votre prestation très marquante aux Transmusicales de Rennes 2010, au 4 Bis, et la sortie du disque Hidden tensions... Vous avez trouvé le temps long ?
Pas à un seul instant. On a travaillé comme des mules jusqu'ici. On a enregistré deux EP et un double single. On a fait plein de concerts. Clairement, notre sensation n'a pas été que le temps était long, mais peut-être plus qu'il n'y avait pas assez d'heures dans une journée.

La signature avec le gros tourneur Radical a dû booster votre carrière ?
C'est vrai que Radical a vraiment un très gros réseau, et qui en plus de ça correspond complètement à notre esthétique musicale. Mais après, ta carrière, y'a qu'un seul moyen de vraiment la booster : faire un travail de qualité. Notre musique est bonne, reste plus qu'à la
développer. Pour ça, on leur fait confiance.

Pouvez-vous nous parler de l'enregistrement au Studio Black Box à Angers ?
On travaillé avec David Odlum qui a fait toutes les prises instrumentales de l'album. On a mis les 12 chansons sur bandes en 9 jours, tout enregistré live, et ça a été une putain d'expérience. Avec David le contact est tout de suite passé : il nous a compris. Et si ça n'avait pas été le cas on se serait jamais lancé dans cette aventure avec lui.

Qui fait quoi au niveau de la composition des morceaux ? Travail collectif ou pas ?
Je (Théo) compose les morceaux. Parfois il ne s'agit que d'une ossature harmonique et d'une structure ; mais la plupart du temps je rentre en répétition avec tous les instruments en tête. En fonction de la matière que j'amène, les gars entrent plus ou moins en jeu dans la mise en place du morceau. Et Sam écrit toutes ses paroles et compose quasiment toutes ses lignes de chant.


Von Pariahs - Someone New :



Quand vous avez finalisé votre super titre Someone New, avez-vous instantanément senti que c'était un tube ou est-ce que ce sont les retours enthousiastes qui vous en ont fait prendre conscience ?
Je me souviens quand on l'a jouée pour la première fois en live et que notre ingé son nous a dit, après le concert : "putain les gars, celle-là, c'est un tube". On est ravis qu'aujourd'hui les gens l'apprécient autant, mais pour nous c'est un morceau parmi les autres, et on ne prend pas plus de plaisir à le jouer lui que les autres qu'on a écrit.

Je trouve que sur Hidden Tensions vous avez réussi à garder l'énergie maléfique et la virulence sonique qui fait que l'on ressort laminé de vos concerts tout en proposant aussi des compositions plus calmes et acceptables par le grand public... Qu'en pensez-vous ? C'était une volonté affichée ? Ou vous avez un côté Dr Jekyll et Mr Hyde ?
C'est marrant que tu parles de Jekyll et Hyde, parce que dans le premier titre, Gruesome, Sam évoque ce personnage. En fait, tout n'est pas tout noir ou tout blanc, on aime bien quand c'est violent, mais on apprécie aussi quand ça retombe un peu. Par contre, dire qu'on fait des morceaux plus calmes pour plaire au public c'est quand même considérer qu'aucun morceau violent dans l'histoire de la musique ne soit devenu un tube... Ce qui est loin d'être le cas. Mais de toute manière, nous on n'entre pas dans ce genre de considération. On fait simplement la musique qu'on aimerait écouter.

Un mot sur la pochette de l'album, très réussie...
Une photographie d'une oeuvre sublime intitulée "La Famille Invisible", et qui a été élaborée par Théo Mercier. C'est un plasticien dont l'univers nous a beaucoup plu quand on l'a découvert lors d'une expo au Lieu Unique à Nantes. Du coup on est rentré en contact avec lui pour lui demander d'utiliser la photo de son oeuvre
qui faisait l'unanimité au sein du groupe. Il a eu la grande gentillesse d'accepter, et on lui en est très reconnaissants.





Comptez-vous essayer d'exporter votre musique à l'étranger ? Avez-vous eu des retours en provenance des USA ou d'Angleterre par exemple ?
On compte faire découvrir notre musique à un maximum de personnes. Bien sûr, ils seront libres d'aimer ou de détester, mais nous on veut juste que notre musique parvienne à leurs oreilles. Alors forcément, ça passe par le fait de sortir des frontières. Mais chaque chose en son temps. On n'a même pas encore pu jouer dans toutes les villes de France. L'étranger, on verra un peu plus tard.

Avez-vous fait de belles rencontres artistiques lors de vos tournées incessantes ?
On a rencontré pas mal de gens cool, notamment les Holograms, avec qui on est devenus potes. Des français aussi, comme les Popopopops ou les Concrete Knives. Pégase, mais lui il vient de Nantes. Kid Congo sur une date...

Avez-vous de croustillantes anecdotes de tournée à raconter ?
Des marathons du genre vol à base de vitre du camion cassée en Belgique, vol du pedal board de Marco en Allemagne, des amplis de locs qui au final ne marchent pas quand on arrive sur place. Obligés de traverser Berlin pour en trouver d'autres à 22h30... Mais aussi
des rencontres étranges mais poétiques, comme Carolina, qui a d'ailleurs donné son nom à un de nos morceaux. Une jeune fille qui partait d'Allemagne pour aller voir la mer. On a fait la fête avec elle, en Belgique, et elle est descendue près de Paris... Tellement de choses en fait.

Vous allez tourner intensivement d'octobre à décembre 2013... Comment se prépare-t-on pour un tel marathon scénique ? Sport ? Dopage ? Les deux ?
On continue nos trois répètes par semaine et on trépigne d'impatience. Voilà notre seule préparation. On verra bien comment ça se passe sur la longueur.


Von Pariahs - Skywalking - Live (Nouvelles Scènes 2013) :



Quel est le plus beau compliment qu'on vous ait fait après un concert ?
Un type à Romain, le claviériste : "C'est bien la première fois que le keyboard me fait bander."

Avez vous récolté de mauvaises critiques ou remarques désobligeantes ?
"Chante en français bordel, on est en France ici... Bordel !"

Quels sont les endroits où vous préférez jouer ? Pays, villes, salles, festivals etc ?
On n'a pas vraiment de préférence, si ce n'est qu'on adore les clubs. Mais à partir du moment où le public est en forme et prêt à partager quelque chose avec nous, on est bien.

Rêvez-vous de collaborer avec des musiciens ou producteurs dont vous êtes fans? Si oui, lesquels ?
En réalité, pas vraiment. On fait notre truc, et si un jour on a l'occasion de rencontrer des gens avec qui il se passe quelque chose, humainement, et possède des talents intéressants, alors on sautera sur l'occasion.

Titres parfaits selon vous et que vous mettriez dans votre top 5 ?
J'adore Russian Roulette des Lords of the New Church.

Albums cultes pour vous et que vous écoutez très souvent ?
Monster - REM // The Idiot - Iggy Pop // The Rise and Fall of Ziggy Stardust - David Bowie

Quels sont vos coups de coeur musicaux du moment ?
Le single Follow Follow de Telegram. Et aussi le dernier album de Zombie Zombie.

Projets pour 2013 et 2014...
Tourner, entrer en studio, tourner, entrer en studio... Faire de la musique quoi.

La composition de nouveaux morceaux a-t-elle débutée ? Le processus de création des Von Pariahs est-il lent ou rapide ?
Bien sûr ! On n'arrête jamais de mettre en place de nouveaux morceaux, et ça fait un an qu'on a enregistré Hidden Tensions. Je te laisse imaginer le nombre de tracks qu'on a déjà de côté. Après, concernant le processus de création, il est rapide au début, pour la mise en place. Mais on aime laisser à un morceau le temps de mûrir, et ce n'est que quand on est complètement satisfaits de ce qu'il est devenu qu'on envisage de l'enregistrer. Et cette maturation, eh bien elle est très variable en fonction de chaque chanson. Il n'y a pas de règle...





Les Von Pariahs sont en tournée partout en France jusqu'à la fin de l'année 2013, impossible de les manquer !


A lire également, une chronique du concert des Von Pariahs au Trans Musicales de Rennes 2010.


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