Interview de Dissonant Nation
Samedi 17 octobre. Pour l'ouverture de sa saison, l'Escale d'Aubagne accueille quasiment toute la scène rock marseillaise. On y croise les activistes de Lollipop, le label Relaxo-matic qui régalait la veille à la Machine à coudre, toute la bande de Sud Side qui présentait pour la première fois ses orgues motorisées, etc... Sur scène, les Holy Curse ont succédé aux A-phones avant un happening d'une Diva russe qui se trémoussait sur une bande son électro dans un garage. Mais durant la soirée, les conversations des uns et des autres ne tournaient qu'autour d'un seul sujet. C'est qui, Dissonant Nation ? Car le set de 45 minutes du groupe d'Aubagne qui a ouvert la soirée en avait marqué plus d'un ce soir-là. Et pour cause, on a très rarement l'occasion de voir 3 minots de 18 ans balancer un rock avec autant de fougue, de maîtrise technique et de présence scénique. 10 jours plus tard, rencontre avec Lucas et Mathieu, chanteur et batteur d'un groupe dont on risque d'entendre parler dans les mois à venir.
Comment est né le groupe ?
Lucas (chanteur) : J'ai répondu à une annonce au lycée Curie d'Aubagne début 2008.
Mathieu (batteur) : C'est moi qui l'ai mise. J'avais déjà un peu joué dans d'autres groupes et là, je voulais monter un groupe à moi. J'avais déjà le bassiste, il ne me manquait plus que le guitariste-chanteur.
Lucas : j'ai été le seul à répondre et je crois que tout de suite, il y a eu une alchimie entre nous trois. On a fait notre premier concert en février 2008, quelques semaines seulement après notre formation.
Mathieu : notre bassiste nous a quitté à l'été 2008 et Loïc est arrivé. C'est vraiment là que Dissonant Nation est né.
Quelles sont vos influences ?
Lucas : The Hives, les premiers Whites Stripes et Bowie dans sa période glam
Mathieu : Le punk-rock à ses origines, Joy Division, Sonic Youth, the Horrors. Loïc, lui, est passionné de jazz.
De quelle formation vous sentez-vous proches sur la scène marseillaise ?
Mathieu : De personne en fait. Pas parce qu'on ne le veut pas, mais nous habitons toujours tous les 3 à Aubagne. De fait, nous demeurons à l'écart de la scène marseillaise.
Lucas : on apprécie les Jolis et tous les gens qui tournent autour du Lollipop, mais on se dit bonjour, sans plus.
Ce n'est pas trop difficile d'être à ce point à l'écart ?
Mathieu : je ne pense pas. Nous n'avons jamais vraiment eu de problèmes à Aubagne, tout simplement parce que nos parents respectifs nous ont toujours soutenu. Au début, on répétait dans ma chambre en version acoustique car j'habite quand même dans un immeuble. Heureusement, la voisine d'au-dessus avait Alzheimer...
Lucas : aujourd'hui, on répète dans la cave de mes parents, on peut mettre les amplis. Quant à Loïc, il a arrêté l'école en seconde avec l'accord de ses parents pour se consacrer à la musique...
Mathieu : ça va même plus loin car comme aucun de nous n'a le permis, ce sont nos parents qui nous conduisent pour les concerts et qui nous ramènent.
Pas trop la vie de rock star, ça !
Mathieu : C'est certain qu'on n'a pas monté un groupe pour se rebeller face à nos parents ! On a monté un groupe car on joue tous les trois de nos instruments depuis 5 ans et qu'à un moment, c'est plus excitant de le faire en groupe que chacun de son côté. S'il y a de la rébellion chez nous, c'est plutôt par rapport à notre génération. Tous les jeunes de nos âges ne veulent plus sortir, ils ont le cul vissé entre la télé et l'ordinateur. Ils passent sur vie sur Facebook ou myspace et deviennent complètement cons. Notre groupe, c'est une réponse à ça. Le rock demeure une musique basique et profondément physique. Quand on est sur scène, on se donne à fond.
Votre présence scénique est quelque chose d'assez impressionnant, surtout si on met votre âge en face.
Lucas : Quand on est sorti de notre premier concert, j'ai su que c'était sur scène que je me sentais le mieux. À chaque fois, ça me fait la même chose. 5 minutes avant de monter sur scène, je me transforme. J'ai la voix qui mue, je sens mon corps s'électriser, j'ai des picotements dans les jambes, j'ai envie de sauter sur tout le monde. C'est comme une décharge électrique qu'il faut que j'évacue. Alors que je suis plutôt réservé dans la vie et même carrément bloqué avec les filles, sur scène, j'extériorise tout. Aujourd'hui, c'est clair que j'ai plus besoin de la scène que d'une petite amie.
Mathieu : On travaille aussi bien nos compos que nos enchaînements pour proposer un set où il y est le moins de temps morts possibles.
Le côté mèche de cheveux tee-shirt, slim, c'est pas un peu trop caricatural ?
Lucas : C'est comme ça que je me coiffe et que je m'habille tous les jours.
Mathieu : On ne pense pas à notre look sur scène, on se concentre juste sur notre musique.
Etes-vous suivi par un professionnel ?
Mathieu : Pour l'instant, c'est Thierry Noygues, le programmateur de l'Escale d'Aubagne, qui nous conseille. C'est grâce à lui que nous avons enregistré un 5 titres. C'est lui qui nous conseille pour trouver des dates de concerts, qui nous fait rencontrer des gens.
Lucas : Il y a également Yvi Slan avec lequel nous avons enregistré le 5 titres et avec qui nous allons retourner en studio en février pour mettre en boîte de nouvelles chansons.
Un album en vue ?
Mathieu : Ce serait bien, mais... Nous avons juste gagné une semaine d'enregistrement au studio Hypérion à Marseille...
Où serez-vous dans un an ?
Mathieu : Loin d'Aubagne, j'espère. Si j'ai mon bac et mon permis, j'ai déjà prévenu mes parents que les études supérieures, ce ne sera pas pour moi. À l'été 2010, j'espère qu'on sera tous les trois sur la même longueur pour faire le grand saut.
Lucas : On aimerait bien s'installer à Rotterdam ou Berlin, quelque part dans le nord de toute façon. Et puis, jouer, jouer, jouer.
www.myspace.com/dissonantnation / www.virb.com/dissonant_nation
Interview réalisée le 02 novembre 2009 par Stephane Sarpaux
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