Chronique de Concert
Jack the Ripper
Lorsque j'arrive la bas il y a beaucoup de monde. La salle ne pouvant contenir qu'un peu plus de 150 personnes, les gens qui n'ont pas réservé sont obligés d'attendre pour voir si certaines personnes qui ont réservé mais ne sont pas arrivés sont vraiment absentes. Il y a beaucoup de monde mais pas le groupe qui parti de Genève le matin vers 11h est coincee sur la route en raison des conditions climatiques ... damned ... j'essaie de me convaincre qu'ils vont arriver dans les 5 min faire les balances en un temps record et que je pourrai rentrer avant minuit a la Friche ... mais je n'y crois déjà qu'a moitie ... et comme après minuit les invits sautent et que le concert est sûrement complet ... bref, je lirai la chronique de Art Kraft ... j'essaie de ne plus penser a ça et j'attends ...
La troupe de Jack The Ripper finira par arriver a 9h15 ... on assistera alors a un installation du matériel et des balances qui se passent étonnement bien. Pas de signe d'énervement ou de fatigue (sauf de la part de l'ingé son qui est assez tendu et donne des ordres assez sèchement depuis la console). Le public patiente gentiment, le groupe fait son possible pour se dépêcher et 1h20 (qui ne me m'ont pas parues si longues) après ils s'éclipsent se changent et reviennent.
On découvre enfin le chanteur, qui n'ayant pas d'instrument n'a pas participé aux balances. Je dois bien avouer qu'a l'écoute des très bons disques je ne m'attendais pas a quelqu'un de déconneur ou très communicatif, mais la je suis quand même surpris. Rarement vu quelqu'un qui a l'air aussi torturée. Dans son pantalon blanc, veste noire, une chemise noire a pois blancs (plutôt classe), il s'approche du micro timidement, regardant avec une certaine méfiance le public qui doit être un peu surpris aussi. Les cheveux déjà un peu en bataille, cigarette au bec, avec ses yeux grands ouverts, il ressemble à un animal apeuré. Ses yeux et ses lèvres brillent, lorsqu'il chante son visage tremble ! Il est réellement impressionnant. Il s'exprime dans un anglais aussi bon que sur disque, avec un petit cheveu sur la langue que je n avais pas du tout remarqué auparavant. Le reste du groupe est assez varié ... avec comme point commun un certain discrétion (il faut dire avec un chanteur pareil !).
Si celui au clavier n'est pas très souriant, le guitariste de gauche donne au contraire tout le temps l'impression d'avoir envie de rigoler mais de se retenir, le batteur dans le fond est un grand gaillard qui me fait penser a Cantat, le bassiste qui se tient toujours très droit (avec une coupe qui me fait penser aux mecs de Einstürzende Neuboten) et donne l'impression d'être tout le temps en train de réfléchir a des trucs sérieux, le guitariste de droite au contraire dégage une certaine bonhomie et a même l'air un peu dans la lune. Ils seront très vite rejoints par une violoniste assez concentré (on comprendra mieux pourquoi a la fin) et un trompettiste qui vient toujours faire sonner son instrument au bon moment (le reste du temps il s'éclipse en fond se scène ou danse).
Si je décris tout le monde comme ça (avec des éléments très subjectifs) ce n'est pas complètement gratuit, c'est pour essayer de faire ressortir la drôle d'impression que j'ai ressenti en les voyant. Ils donnent l'air de venir d'horizons assez différents (pourtant le guitariste "de droite", le bassiste et le chanteur ont le meme nom de famille ...). Pourtant musicalement ils s'entendent parfaitement et le résultat est la petite magie que l'on connaît. Une musique riche et élaborée quelque part entre Nick Cave / Theo Hakola, Leonard Cohen (dont ils reprendront d'ailleurs First we take manhattan) avec aussi un petit coté Pulp et une grosse dose de Sixteen Horsepower.
Le seul truc que je pourrais leur reprocher c'est la trop grande homogénéité de leurs morceaux. J'avais adoré I'm coming et lorsque j'ai ecoutee Ladies First, je suis a nouveau tombé sous le charme mais après coup je me suis rendu compte qu'il ressemblait beaucoup au précèdent. Il était donc aussi bon et parfaitement bien espacé dans le temps. Sur la longueur j'ai presque senti un peu de lassitude. Si pris indépendamment chaque morceau est superbe, mis bouts a bouts ils ont tendance a se ressembler un peu trop et peuvent finir par lasser.
Je serais tenté de dire que c'est l'inconvénient de chanter en anglais, car il est assez difficile (pour moi) de suivre les paroles en directe, pourtant cela ne me gêne pas du tout chez un groupe comme the National (avec qui on peut leur trouver pas mal de points commun d'ailleurs, avis aux fans !) car les morceaux de ces derniers sont beaucoup plus variés même musicalement. En fait il manquait peut être juste un ou deux morceaux un peu différent, comme celui au cours duquel le chanteur s'excite sur un tambour, qui auraient pu rompre la "monotonie" du tout ... En fait ce concert était un peu a l'image des leur disques très bon(s) mais qui pourraient être un peu plus varié.
Le live aura quand même était pour moi l'occasion de comprendre des bouts de paroles que je n'avais pas bien écouté sur disque comme ce "i was born to die of cancer, no matter if i smoke" très approprié pour un groupe dont la plupart des membres fument sur scène. Sinon comme y fait allusion Yeah dans sa très jolie et juste chronique, le chanteur a finir par sauter dans le public en hurlant, et ayant cru faire peur a un garçon (il y avait de quoi, mais en fait le garçon s'est ensuite éloigné pour aller aux toilettes), il s'est alors excusé gentiment ...
A ce moment la nous avons pu le decouvrir sous un nouveau jour, plus calme, plus "normal" et attentionné ce qui fut un réel soulagement pour moi. Ca m'a en effet un peu rassuré de voir que en dehors des ses chansons il avait l'air plus tranquille, car a force de le voir, trembler et transpirer de la sorte en chantant je commencer a souffrir avec lui.
Un autre petit bémol a ce concert : j'ai trouvé le regisseur ? du groupe un peu trop présent / pas assez discret sur scène. Je sais que les balances n'avaient pas été faites dans les meilleurs conditions, mais de le voir aller et venir si souvent au beau milieu des morceaux avait tendance me distraire un peu et a me faire sortir de l'ambiance. Le fait qu'il n'y ai pas d'arrière scène accentuait la chose puisqu'on le voyait souvent faire des signes au loin a l'ingé son. Par contre sa participation aux choeurs a coté du trompettiste était sympathique.
A la fin, après un rappel de trois morceaux, le chanteur reviendra saluer le public avec la violoniste, pour nous apprendre qu'elle remplaçait en fait au pied levé la violoniste du groupe absente ... ce qui expliquait les quelques indications qu'il lui donnait pendant le concert (ce qui m'avait un peu surpris). Bravo a elle car j'ai vraiment cru qu'elle jouait depuis toujours avec eux ! Et aussi chapeau a tout le groupe ce soir car après avoir passé plus de 10 heures sur la route et n'avoir mangé que quelques sandwichs en arrivant, ils se sont vraiment donnés a fond pendant une bonne heure et demi.
Bravo aussi encore une fois a l'association Bouche a Oreille pour nous proposer un programmation dont la qualite aurait de quoi faire palir de jalousie certains programmateurs des grandes villes.
Set list (recopiée) :
From my veins to the sea^, Hungerstrike at the supermarket^, Escape#, Goin' down^, I was born a cancer^, Dog meets wolf*, Old stars^, First we take manhattan (Cohen), The Assassin*, Her ghost#, The apemen, the bride and the butterfly^, White men in black^, Martha#, Party in downtown#, Feral buddleia#
Rappel :
I used to be a charming prince^, Vargtimmen^, Waltz, for my girlfriend joe#
^tiré du dernier Ladies First (oct 2005)
#tiré du 2eme album I'm coming (mars 2003)
*tiré de 1er album The Book of Lies (sept 2001)
Site de Jack The Ripper : https://jack.ripper.free.fr/
Site de Doun : https://www.doun.fr/
A lire également sur Concertandco : 2 chroniques de disques de Jack The Ripper.
Critique écrite le 30 janvier 2006 par Pirlouiiiit
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