Notre Best of Disques 2006 (Vous pourrez lire les chroniques en cliquant sur les titres)
* Pierre Andrieu : Cat Power - The Greatest ; The Spinto Band - Nice and nicely done ; M. Ward - Post war ; Bonnie Prince Billy - The letting go ; Yo La Tengo- I'm not afraid of you and I will beat your ass ; Cyann and Ben - Sweet beliefs ; Beirut - Gulag orkestar ; Art Brut - Bang bang rock 'n roll ; Herman Düne - Giant
* Pirlouiiiit : Moins de disques marquants qu'en 2005 mais si je dois en citer quand même 3 : Keny Arkana - Entre Ciment et Belle Etoile (mon préféré de loin) ; Cowboys From Outerspace - Sleeping with Ghosts (ils se sont un peu adoucis, un régal) ; Winston Mc Anuff - Paris Rockin' (sautillant, dansant, un poil lassant au bout de la 150eme écoute mais quand meme très agréable)
* Simon Pegurier : The Eraser de Thom Yorke ; Peter von Poehl - Going to Where the Tea Trees Are ; Kid francescoli - Kid Francescoli ; Belle & Sebastian - The Life Persuit ; Sparklehorse - Dreamt For Light Years In The Belly Of A Mountain
* Philippe : Yeah Yeah Yeah's - Show your Bones ; Arctic Monkeys - Whatever People Say ; Poni Hoax - Poni Hoax ; Sufjan Stevens - Illinoise ; Hatepinks - Complete Recordings
* So : Spank rock - Yoyoyoyo (incontournable) ; Le klub des 7 - le klub des 7 (gros coup de coeur, musicalement excellent et très très noir niveau textes mais restent très drole, parfait) / Daedelus - Denies the day's demise (jazzy, très rythmé..) ; Nosfell - Kälin bla lemsnit dünfel labyanit ; Dj Shadow - The outsider (album à la Beck qui part dans tous les sens)
* Ultrateckel : Troy von balthazar - Troy von balthazar (chanson de l'année avec "dogs") ; The Bellrays - Have a little faith ; Nervous cabaret ; Buck 65 - Secret house against the world ; Public enemy - New whirl odor (chanson révolutionnaire et hardcore de l’année : « question »)
* Dazuntski : The Eraser de Thom Yorke ; Tearing Sky de Piers Faccini ex aequo avec Imago de The Butterfly Effect ; Nile de Patrice ; Ferme pas la porte 2 de RPZ, HHP, Mojo and co…
* Douarte : First Impressions of Earth de The Stokes ; L'autre Bout du Monde d'Emily Loizeau ; Show Your Bones des Yeah Yeah Yeah ; Mélanger les Couleurs de Kaolin ; Midi 20 de Grand Corps Malade ; Végétal d'Emilie Simon
* Mystic Punk Pinguin : Elektrolux - Elektrolux ; Ministère des Affaires Populaires - Debout la d'dans ; Art Art brut - Bang bang rock'n'roll ; lamo Race Track - Black Cat John Brown ; Kid francescoli - Kid Francescoli ; Nosfell - Kälin bla lemsnit dünfel labyanit
Coup de projecteur sur la production locale 2006
Elektrolux - Elektrolux (2006, Autoproduit), écouté par Pirlouiiiit
En ces temps agités et de retour du rock n’ roll, veuillez vous préparer à accueillir comme il se doit le nouveau disque du « collectif de musique mécanique » Elektrolux. Apres deux maxis (rapidement épuisés) et quelques tournées (en compagnie de leurs amis de LO notamment) voici enfin leur premier album. Ils auront donc pris le temps (4 ans), mais le résultat est à la hauteur de nos attentes. L'enregistrement (sur 3 ans) et le mixage (par Nicolas Dick) rendent parfaitement justice aux compositions incisives de ce trio marseillais plein d’avenir. De ces 12 titres de rock n’ roll, garage, blues, punk … (Ce que eux appellent du « soviet twist ») magnifiquement interprétés par Седрик (chant guitare), Маню (batterie) et Эрик (basse) se dégage toute la puissance et la rage qui caractérisent leurs prestations scéniques. Que ce soit par leurs instrus hypnotiques (a la The Ex) comme sur Axis of Evil ou Summer song ou leurs morceaux de pur garage poisseux (aussi bons que le meilleur des Cowboys From Outerpsace), on est pris au tripes. La voix du trio tour a tour beuglarde, vibrante, qui elle évoque celles des plus grands (Nick Cave, Johnny Cash, Elvis, … ) n’y est pas pour rien non plus. Tout en restant dans la tradition du rock n’ roll ils arrivent a y incorporer des éléments extérieurs, via des invités le plus souvent, ce qui donne des morceaux qui frisent le sublime comme Sore Eyes (son oud, sa guitare noisy, ses textes en russe, …). Elektrolux est un groupe authentik qui assume ses références et ne cache rie!
n de ses
ambitions (cf la pochette). M’étonnerait qu’ils en laissent beaucoup indifférents.
Kid Francescoli - Kid Francescoli (2006, Les Chroniques Sonores), écouté par Pierre Andrieu
Marseille nous a toujours fait rêver, pour son côté cosmopolite, son soleil et ses joueurs de foot lors de la grande époque de l’Olympique de Marseille… On se souvient en particulier du génial attaquant uruguayen de l’OM, idole du jeune Zinedine Zidane : Enzo Francescoli, qui donne une partie de son nom au groupe marseillais dont il est question ici. Ses dribbles chaloupés, sa classe naturelle sur le terrain et ses buts enthousiasmants (on a encore en tête un génial retourné en pleine lucarne) resteront dans notre mémoire de minot passionné de foot… et dans l’histoire du football. On souhaite donc évidemment à Kid Francescoli de laisser une marque aussi profonde dans le domaine de la musique. Sans en être là, le premier album vient de paraître, ce quatuor dévoile de belles promesses avec sa pop mélangeant, entre autres, les envolées planantes de claviers vintage/guitares façon Grandaddy, les choeurs à la Beach Boys, les rythmes de batterie de Jesus and Mary Chain, les guitares saturées de My Bloody Valentine, les passages électroniques minimalistes et les atmosphères folk pop du label espagnol Acuarela Discos. Le cocktail est aussi frais et coloré que séduisant et accrocheur ; les morceaux gorgés de mélodies, truffés de charmants petits détails sonores et portés par des voix douces et mélancoliques donnent des envies de vacances et de farniente… Un disque idéal pour la saison estivale qui s’annonce, à savourer sur le champ en roulant en Vespa sur une route de campagne baignée de soleil, par exemple. Marseille all stars : 1, Sélection du reste du monde : 0.
Sites Internet : http://kidfrancescoli.com, www.leschroniques-sonores.org, www.myspace.com/kidfrancescoli.
Keny Arkana - Entre Ciment et Belle Etoile (2006, http://www.keny-arkana.com/ - Because Music - Wagram) , écouté par Pirlouiiiit
Le hip hop changerait-il ? En effet cela fait quelques années qu’on voit émerger dans la region des groupes qui chantent autre chose que la cité, les filles, les grosses voitures ou la drogue (citons par exemple HHP, MAP, ou La Swija dans ceux que nous avons récemment chroniqués). La vingtaine à peine entamée Keny Arkana (qui vient s’ajouter a la liste, et peut être même en prendre la tête en terme de notoriété) est pourtant d’une maturité et d’une documentation impressionnante ; ce qui est encore plus frappant quelques semaines après avoir vu un Joey Starr de deux fois son aîné, touchant mais pas du tout impressionnant. Keny confirme en 19 plages tout le bien que l’on pensait déjà d’elle depuis la sortie de L’Esquisse. Ici encore (en dehors de l’intro - un peu pompeuse peut être) pas un morceau n’est a jeter, mais au contraire a écouter, re écouter et faire écouter. On a là l’œuvre d’une artiste attentive au monde dans lequel elle vit et consciente de la porté éventuelle de ses propos, s’autocensurant dès que ses textes sont trop négatifs (comme elle le dit dans le très chouette entretien rapporté dans Marseille : Energie et Frustrations. Des textes très personnels racontant une enfance difficile en foyer (Eh connard, J’viens d’l’incendie ou le plus léger dans la forme !
J’me bar
re) ou sa foie (Prière), des « fictions » sur la rue (Le fardeau) ou l’Argentine (Victoria), des tubes en puissance (La rage du peuple, Le missile poursuit sa lancée), … il ne manque rien a ce disque pour séduire un vaste public. Et pour les distraits qui n’auraient pas compris ou écouté les messages sous jacents, un DVD alter mondialiste (un poil long mais édifiant) vient enfoncer le clou. Si vous voulez en savoir plus sur elle (en attendant que le Pinguin arrive à caler une interview avec elle, ce qui n’est pas évident) ne la ratez pas en concert ou procurer sur disque (Assurément et de loin un de mes préférés pour l’année 2006) !
ps : généralement les chroniques qui me prennent le plus de temps sont celles ou je n’aime pas trop mais cette fois la difficulté était de trier parmi tout ce que je voulais dire donc … d’ailleurs je n’y suis pas arrivé, donc pour ceux qui veulent en savoir un peu plus vous pouvez en lire une autre ici.
David Walters - Awa, écouté par Philippe
Et voilà donc le premier témoignage sur polycarbonate du travail de David Walters ! Repéré sur scène à Marsatac'05 version festival, et revu à la Meson version intime, ce diabolique multi-instrumentiste adepte de la boîte-à-boucle nous avait également charmé dans les deux registres. Il faut dire qu'il en a sous les pédales, capable de bercer dans des comptines créoles comme de lancer des afro-beats enflammés grâve à un invraisemblable arsenal étalé autour de lui et dont il se débrouille tout seul…
Comme David n'a pas démenti, on continuera à appeler sa percu favorite (bricolage bizarre de tiges en métal sur une bassine en ferraille) un didebeliouphone, dont le son est chaleureux et musical (plusieurs tonalités), idéal pour une ambiance caribéenne. Mais il multiplie aussi les instruments : guitares, cristal Baschet et pédales d'effet variées, kazoos, basses et autres objets contondants.
Martiniquais d'origine et grand voyageur, il a posé ses valises à Marseille pour de fructueuses rencontres (Dupain, Lhasa notamment). L'album trahit quand même une envie de bougeotte : d'entrée l'Awa et sa rythmique dub syncopée donne envie de bouger. Plus mélancolique est Mesi Bon Dyé ; comme pas mal de titres, elle est en créole mais on comprend un peu quand même : un cantique de remerciement paysan, trop triste pour être sincère. De toutes façons l'émotion passe, nul besoin de savoir de quoi on parle…
L'album prend son temps dans des dubs exotiques et lents au son finement ciselé (Ouéklé, L'eau de chez toi), flirte en anglais avec l'Afrique (la très belle Don't let me do this), semble invoquer un diable vaudou dans l'inquiétante Souleyman, puis rapper en duo avec lui dans la très incompréhensible Souleyman part2. (avec force human beat box et kazoo). Puis le tout est démystifié dans le sympathique Entre Vous et Moi qui sonne un peu comme du Tété, qui plus est appuyé par une voix féminine chaude comme de la braise. L'étrange dub Sanza (presque du Ez3kiel) conclut le bal, sauf pour l'oreille patiente qui sera récompensée d'un dernier morceau instrumental très doux accompagné de quelques chuchotements et babils d'enfants. Si l'album a un effet apaisant certain, ne négligez pas le fait que sur scène David Walters peut vous jeter un diable dans le corps où il veut et quand il veut. Allez donc vérifier par vous-même en concert !
Cowboys From Outerspace - Sleeping With Ghosts (2006, http://www.chez.com/cowboysfromouterspace/ - Nova Express - Productions Speciales), écouté par Pirlouiiiit
Les Cowboys from outerspace n’ont pas attendu le revival du rock pour faire hurler leurs instruments et onduler leurs corps. Et c’est avec un rythme presque métronomique (période de 1,5 ans) qu’il sortent aujourd’hui leur 5eme album, bien sur, toujours sur le même label ; celui de l’extravagant Lucas Trouble. Si la pochette est étonnamment plus sobre (quelle bande de poseurs !) le contenu lui n’a rien perdu de son énergie ni de son âme (en général lorsque les groupes s’affiche sur leurs pochettes c’est souvent le début de la fin). La bonne nouvelle de celui-ci c’est qu’on peut l’écouter à n’importe quel moment de la journée et qu’on n’est pas obligé de mettre le volume à fond pour l’apprécier pleinement. S’il commence sur les chapeaux de roue avec un Black haired cocktail presque comique mais déchaîné et un Sleeping with ghosts particulièrement entrainant avec ses « ah … ouh ouh ouh », il contient aussi un bon paquet de slow poisseux comme ce I’ve been loving you too wrong mettant en avant le cote crooner de Michl d’ailleurs sur ce morceau et d’autres par quelques nouvelles voix (celles de Cynthia, de TB Noze et de Lucas Trouble). Les solos de guitare sons parfois longs mais jamais pénibles, la section rythmique (assurée par le tandem Bazile - Henry) impeccable. L’accent de Michel et les ambiances countrysantes de certains morceaux comme Fade away ou Australian Singer ne sont pas sans rappeler les Dionysos (dont le chanteur Mathias Malzieu est autre grand anglophone). Sur Grey suede shoes of Rommel wife qui se distingue des autres morceaux par son intro au piano et son tempo résolument jazz … on pense encore a Mathias mais aussi a Tom Waits, en plus déjanté. On se régalera aussi des autres morceaux comme The push in et ses “come on come one” ou encore Too drunk for you !
qui cach
e un vrai morceau entier pour ceux qui n’ont pas de télécommande. En fait écouter les Cowboys c’est un peu comme avoir l’impression de danser dans le bar de Twin Peaks, un mélange de sensualité et de perte de contrôle … comme si la musique et le cadre étaient sont déformés … , mais on continue a avancer en se dandinant.
ElectroDunes - Saharian Vibes (2006, Label METIS, distribution Mozaic Music), écouté par Pirlouiiiit
Première production du Label Metis de l’association marseillaise Nuits Métis qui œuvre depuis de nombreuses années à la rencontre des artistes africains et marseillais.
ElectroDunes, c’est la rencontre répétition du guitariste, compositeur-programmateur barbes.D (ex Jamasound) et des frères Hafid et Houari Douli accompagnés de leur compère Said Touati (ex El Maya).
La rencontre de deux univers que tout sépare. La technologie de la programmation numérique aux sonorités reggae-dub épouse la tradition des chants et des percussions du Sahara. La fusion fonctionne et nous offre un album de 9 plages homogènes qui dégage une authentique identité. Les riddims de Barbes.D, assez lents, tout en subtilité, plantent avec leurs basses chaleureuses une ambiance langoureuse et dansante. Toujours mélodieuses, les compositions lourdes en basses et infra-basses révèlent des arrangements et des lignes de guitares d’une grande délicatesse qui apportent cette légèreté planante tout au long de l’album. Les voix de Houari, Hafid et Said se posent en toute sobriété. Le chant traditionnel du Sahara dans un schéma classique d’appels du leader et de réponses des chœurs se calent parfaitement sur ces rythmiques aux accents dub où delay et reverb sont maniés avec modération. Une belle fusion de deux univers pour cette production originale, malgré des voix qui semblent souvent sur la retenue.
Une retenue qui devrait exploser sur la scène de la Fiesta des Suds, ce samedi 28 Octobre 06, porté par l’ivresse des kerkabous (castagnette du Sahara) et transporter naturellement le public vers la transe saharienne…
Du son : www.myspace.com/electrodunes
On s'fait une bouffe - Un pas d'côté … (2006, (http://onsfaitunebouffe.free.fr/ - DBC-Records), écouté par Pirlouiiiit
Que de chemin parcouru pour ce groupe depuis ce fameux tremplin Avec Le Temps (époque ou le festival mettait le paquet pour apporter un coup de projecteur a la scène locale) qu\'ils avaient remporté. Depuis avec quelques autres (comme les Grosses Papilles par exemple) ils font clairement partie du peloton de tête des groupes de chansons de la région. 2 ans après Portraits crachés, Jean- Marie Bergey (Percussions), Hervé Gasciolli (Piano / Accordéon), Eric Lemaire (Chant / Guitares) et Stéphane Pinna (Contrebasse) (mais sans Sandra) nous proposent 12 nouveaux textes sur des musiques audacieuses. En effet, discrètement mais sûrement On s\'fait une Bouffe est en train de se forger un son propre, condition indispensable pour tout groupe qui veut esperer sortir du lot (de très bons groueps déjà en circulation). Certes la voix et la diction de Eric rappellent toujours un peu les Têtes Raides (sur Il est elle par exemple), à Casse-Pipe, voire carrément Brel (sur Une ville), certes il nous arrive de penser à La Tordue dès qu\'ils chantent à plusieurs (comme sur Bonne manière) ou à Michel Jonasz dès que ça tire un peu sur le « jazz », mais musicalement On s\'fait une bouffe prend ses distances avec les codes de la chanson réaliste ou autre. Avec un piano toujours très en avant, les percus mais aussi la basse et la guitare nous emmènent sur des rythmes latins ou orientaux, sans pour autant laisser tomber la musette, pour un résultat très rafraîchissant. Bref le nouvel album d\'un groupe plus que sympathique, qu'on continue de p!
rendre a
utant de plaisir à écouter sur disque ou sur scène !
Kabbalah - Shlomo (2006, www.kabbalah-music.net), écouté par Heloise Fricout
Quelle réussite cet album ! Si nous n'avions pas autant de plaisir à voir le groupe sur scène, nous pourrions même nous en contenter.
En fait, c'est si bien arrangé et ordonné, qu'à chaque lecture nous nous laissons prendre comme dans une histoire fantastique bien écrite. - D'ailleurs, j'imagine assez Yefayfiyeh dans un film de Tim Burton. –
Mais allons à l'essence, ciel ! SHLOMO (que toutes les bonnes épiceries devraient avoir en rayon), est le premier fruit d'un juste et foisonnant mélange musical, où le jazz lie à merveille des ingrédients venus d'Orient, de Méditerranée, voire d'Amérique. Puisque au-delà de l'héritage klezmer omniprésent, on savoure d'autres influences, actuelles, comme ces bribes de hip hop sur Shlomo Hamelekh ou Baba Yaga, et même rock, sur le planant (bien qu'un peu court) Baym Rebin Palestrina.
Un son inédit (au langage yiddish, anglais et russe), plein d'adresse, et tourné vers les belles richesses du monde.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore Kabbalah, fusion de cinq tempéraments marseillais, avec tout ce que cet attribut peut impliquer comme métissage à l'origine, il est temps !
Fort à parier que bientôt on ne les présentera plus : Stéphane Galeski (chant, guitare, mandole), Uli Wolters (spoken word, saxophones, percussions), Anna Startseva (violon, alto, chant), Gérard Gatto (batterie, percussions, chœurs), et Patrick Ferné (contrebasse, chœurs). Sans oublier quelques invités de passage, comme le dynamique Cyril Benhamou (qui flûte sur trois morceaux).
Moussu T E Lei Jovents - Forever Polida (2006, Manivette Records - Le Chant du Monde – Harmonia Mundi), écouté par Pirlouiiiit
A peine plus d’un an après un surprenant Mademoiselle Marseille avec lequel Moussu T avait pris tout le monde a contre-pied, le revoici déjà, toujours en compagnie de Blu, Jamilson et Fred aka Lei Jovents, pour un Forever Polida tout aussi réussi que le précédent. Toujours dans la même veine « entre tradition occitane et musique noire » (comprendre mélange de reggae et de blues ?), Tatou nous conte ses petites histoires avec en toile de fond la vie dans le sud de la France. Chansons calmes, tranquilles même quand elles sont plus rapides, qui parlent de soleil, de pêche, de femmes, de la mer … bref de façon plus ou moins détournée de Marseille (pour ce que je comprends des passages/chansons en français). Le banjo souvent très en avant donne une couleur particulière aux morceaux qui ne se ressemblent pas tous pour autant. Beaucoup de « provençal » mais suffisamment de français pour que l’on comprenne de quoi il est question. A noter qu’il réussit même aussi la prouesse de chanter avec des expressions très marseillaises comme le « tu crains degun » (dans l’excellente Quant tu n’as que des bons amis) sans sonner pittoresco-folkorique pour autant. Sur les morceaux les plus calmes on pense parfois a Rit (et son reggae tranquille) comme sur Lo libre salabrum par exemple, et sur les plus lyriques (comme Per soleta companhia qui semble tirée de Identités de Idir) on se dirait presque que Moussu T chante en breton ou en corse … Au final encore un disque dont les marseillais n’auront pas a rougir !
ToM - Rue Breuteuil (2006, (Tom Sound Production - La Baleine distribution), écouté par Pirlouiiiit
Découvert en tant que 3ème membre de Nicholson (les touches électro sur scène c’était lui), le voila dans un registre ou on ne l’attendait pas vraiment. Thomas Luraschi dit ToM fait de la chanson que l’on pourrait qualifier de chanson littéraire ou plus simplement chanson parlée. Dès la première MDMA (sur un texte de Frédéric Beigbeder) le ton est donné, sur la forme comme sur le contenu. Les paroles sont déclamées plus que chantées et on a souvent l’impression d’être dans un roman ou d’entendre la voix off d’un polar ou film de détective. Très descriptif on a aucun mal a visualiser les scènes et les petits bruits de la vie de tous les jours renforcent encore cette impression de cinéma. Au niveaux influences / ressemblance on ne pourra pas s’empêcher de penser a Gainsbourg, a Arthur H, a Néry (pour le coté trip hop) ou encore Dominique Viger version Bawon Samdi (sur the sound en particulier). De façon plus ponctuelles on pensera éventuellement aussi a des trucs plus légers genre -M- ou Miro comme sur A guest, ou a Katerine pour le coté un peu dandy décadent. Musicalement c’est assez riche et varié … Tom joue beaucoup de choses mais il est aussi bien accompagné notamment par le Lieutenant Def qui sévit déjà au sein de LoOp et du Départ!
ement H<
/a>, plus quelques invités de marque comme Doodads l’une des moitié de Di Maggio ou encore Germain de Nicholson. Bref voila un disque inattendu, plein de références (littéraires et musicales) qui lassera peut être les plus distraits qui n’ont pas envie d’écouter les paroles, mais devrait séduire les autres.
HHP - Aperçu (2006, Lyrical Lab), écouté par Pirlouiiiit
A l’heure ou les organisateurs de concerts et maisons de disques continuent à glorifier les pseudo artistes de hip-hop qui font l’apologie de la violence (50 cents vient d’en donner la triste preuve lors de son dernier passage à Marseille faisant l’apologie de la violence armée devant un par terre de minots), il est grand temps de passer à autre chose et de parler de ces groupes qui se servent de ce style musical ô combien entraînant et dansant pour faire passer des messages un peu plus positifs voire carrément éducatifs. C’est le cas de Keny Arkana dont la récente mixtape est un bel exemple, mais aussi, et peut être encore un peu plus, du collectif Hip Hop Parallèle. Déjà remarqués pour leur franc parler et leur sagesse dans la mixtape Ferme pas la porte, les 11 membres de HHP déboulent là avec un album plein jusqu'à la gueule (22 titres – ils ont des choses à dire). Leur message passe souvent par des semi fictions sur fond de fait divers comme ce Quand l’état m’a fait ça qui aborde le scandale du sang contaminé à travers le quotidien d’un mari de victime qui pète les plombs ou encore le con, la pute et le maquereau qui met en scène un homme arrêté avec une prostituée. On remarquera aussi le très œcuménique Sans que ça pousse au crime, hymne a la tolérance ou dans un autre style Ma bouteille dénonçant l’alcoolisme de façon particulièrement réaliste. Au niveau de la forme (aux oreilles du fan de rock / chanson que je suis en tout cas) le hip hop de HHP reste assez classique, un peu trop peut-être (et c’est sûrement ce que les fans de hip hop américain leur reprocheront) ; c’est surtout dans le discours que le groupe se démarque et marque. Sérieux mais tout en étant aussi drôle par moments comme dans !
les peti
ts clin d’œil ça et la comme ce « Si je dis qu’je nique l’état c’est le bordel mais si je dis comment et j’l’explique c’est l’plan solennel ». Les multiples chanteurs et écritures contribuent à une richesse de fond et de forme. La seule chose que l’on puisse regretter c’est que certains morceaux très emblématiques comme Activistes présents sur la mixtape comme ne soient pas sur ce disque. Tant pis on ira les re écouter sur scène.
Neurotic Swingers - Sexy & Mysterious (2006, (Lollipop records - Demolition Derby - PIAS), écouté par Pirlouiiiit
L’année 2006 commence bien pour tous les amateurs de rock n’roll. Presque en même temps que l’excellent Sleeping With Ghosts (je ne parle évidemment pas de l’album de Placebo, mais bien du 5eme des Cowboys form outerspace) c’est au tour des Neurotic Swingers de sortir leur deuxième vrai album au nom plus que aguichant. A l’image du très Gasolheads (au moins dans le tire) Please hate me ou de 7 drugs in 7 days tous deux déjà présent sur French Fries Guillotine & Love (sorti exclusivement aux USA) et dont il aurait été injuste de priver le public français, les 12 morceaux (en moins de 30 minutes) vont droit au but et s’enchaîne sans un temps mort ! Si sur cet album les Neurotic semblent avoir renoncé a vouloir rentrer dans les quota (plus un mot de français, ce qui n’a finalement pas beaucoup d’importance puisque ce que l’on retient de chaque morceau ce sont les quelques mots qui constituent le refrain et les riffs incisifs) en revanche comme leurs faux frères de Hatepinks ils ont gardé ce goût pour la provoque amusante avec des titres comme A cop in my car ou You’re my infection. La plupart des titres s’écoutent avec beaucoup de facilité (je veux dire par là que cet album est plus qu’un disque qu’on achèterait à la fin du concert comme souvenir). Ils ont réussi à faire des titres accrocheurs à la Greenday (pour reprendre une vieille comparaison), sans tomber pour autant dans le punk FM. Des titres comme I killed a kennedy, faussement posé au départ ou Brand new wave (pour n’en citer que deux) avec le double chant de Stépha
ne et Raphaël, vont sans aucun doute faire un malheur dans le public lors de leur prochaine tournée japonaise ! Quant a la pochette (superbe) qu’on aurait pourtant plus vu sur le futur album d’Elektrolux, il faut reconnaître qu’elle ne passera pas inaperçue !
Nicholson - Moderne (2006, Les Chroniques Sonores), écouté par Pierre Andrieu
Avec Moderne le groupe marseillais Nicholson livre un premier disque de chanson pop classieux, étrange et fascinant. Il faut néanmoins prendre le temps de l’appréhender lentement ; plusieurs écoutes seront nécessaires pour permettre aux morceaux de s’insinuer dans le cerveau de l’auditeur. La voix et les textes torturés pourront en effet rebuter une partie du public au premier abord… Mais après, c’est un univers singulier qui s’ouvrira à ceux qui se seront donner la peine de donner leur chance à des artistes évoluant loin du mainstream radiophonique actuel. Un choix plutôt courageux, à l’heure où tout le monde imite maladroitement Noir Désir ou Louise Attaque, pour vendre. L’influence principale de Nicholson est clairement Serge Gainsbourg : sa manière de murmurer, de parler sur des musiques superbement composées, les arrangements très pop anglaise sixties qu’il avait choisi pour le génial Melody Nelson… La touche Gainsbourg est également ce qui rapproche Nicholson de Julien Baer et Tanger (pour la voix), mais aussi des Little Rabbits (pour un joli duo avec une chanteuse sexy) et Air (pour les musiques planantes avec claviers vintage, les instrumentaux teintés d’électronique et le soin apporté à la production). Les douze morceaux figurant sur Moderne ont le grand mérite d’explorer une large palette sonore (chanson française, folk, pop anglaise, électro, psychédélisme, touches groovy soul funk… ) et de permettre de voyager d’un ambiance sombre, lancinante et intime vers des paysages lumineux, aériens et oniriques. Ainsi, on obtient un disque qui mérite d’être découvert par tous les amoureux de la pop en français sachant regarder au-delà de nos frontières.
Sites Internet : http://leschroniques-sonores.org/, www.myspace.com/nicholsonfrommarseille.
Pena - P?na (2006, P?na), écouté par Pirlouiiiit
Cela fait des années que le Pinguin me parle d’un gars qui bien que présent a la plupart des concerts punks (en tout cas ceux organisés par Ratakans) fait de la chanson française. C’est vrai qu’on le retrouve sur certains clichés des feu-Gasolheads. Depuis que je l’ai enfin vu sur scène en ouverture d’un festival de barbares a la Machine a Coudre, seul avec sa guitare (même pas électrique) je dois dire que j’attendais ce disque avec impatience. Le résultat est plus que sympathique. 10 titres ou Stéphane Pena nous conte des petites histoires comme peut le faire un Ignatus autre poète de chanson minimaliste a qui il ressemble finalement pas mal. Il semble avoir laissé de coté ses textes les plus politisés, pour des choses plus personnelles, qu’il chante d’ailleurs parfois tout bas comme s’il était un peu gêné (les incidents de la nuit). On sent quand même un réel engagement (et du réalisme !) dans ses propos qui égratignent ou il ne manque pas une occasion pour discrètement condamner la bêtise et la méchanceté. Il écrit bien (ce dont on avait déjà pu se rendre compte en lisant l’incroyable - mais véridique - récit d’une tournée des Hatepinks), a une belle voix qui peut aussi faire penser selon les morceaux a Miossec (sur Jusqu'à demain) ou a Mickey3d (sur Mangeons les bébés). Quand le disque s’est arrêté (après la chanson cachée en anglais !), je n’avais plus qu’une hâte, aller le voir en concert bien vite ! Vous pouvez aller écouter tous ces titres et d’autres ici.
Hatepinks - We are the fucks (2006, Yell Records), écouté par Philippe
Non seulement ils haïssent le monde (qui le leur rend bien) mais en plus, il faut absolument qu'ils aillent le dire à la planète entière. Les Hatepinks, groupe de punqueroque phocéen explosif, jouissif, parfois subversif (mais jamais discursif) et qu'on ne présente plus, s'apprête donc à envahir l'univers. Pour ce faire et comme avant eux leurs non moins pétaradants cousins scandinaves des Hives, ils ont enregistré ici et pour le Japon, non pas un résumé mais, excusez du peu, leurs Oeuvres Complètes. A coup de chansons de 90 secondes en moyenne, il est vrai qu'on peut en caser, des titres sur une galette (43 en tout, dont un exclusivement composé de Motherfuquer prononcés avec un accent atroce !)
Première question cependant, était-ce bien raisonnable ?… Les râleurs diront que la plus grande partie est déjà parue en vinyle, en split-single ou en CD. Et puis y'a-t-il encore quelqu'un qui n'ait jamais ouï l'un de leurs tubes multiplatinés, aux titres aussi évocateurs que Nous sommes les Haines Roses, Ennuyé sur les pilules, Parasites comme moi, Je téléphone aphone, Embrassant les policiers avec mon cul, Drogues micro-ondables ou encore Es-tu un congélateur en plastique ? En tout cas avoir tout ceci sur la même galette en fait une vraie somme, qui relègue les oeuvres complètes de Schopenhauer au rayon des aimables romans de gare. Qu'on en juge, toutes les disciplines ou presque y sont abordées : Sociologie (My friends are assholes), Sexologie (Girl Migraine), Musicologie (Philippe Manoeuvre is a piece of shit), Informatique (Fall in love with a jpeg file), Histoire et culture Phocéennes (My city is sick of pizzas) et j'en passe…
L'ineptie quasi-générale - voire revendiquée - des paroles est cependant sauvée en partie par un chant en anglais, même si à la fin de Sniffing Glass, le chanteur éclate en sanglots de leur stupidité, juste avant semble-t-il de … vomir. Mais peu importe les lyriques, le plaisir est ailleurs… Riffs basiques et foudroyants, basse métronomique et batterie furax, chanteur s'exprimant et bougeant comme s'il avait un piment rouge quelque part, les Hatepinks c'est d'abord une expérience de scène !! Où derrière l'aspect soigneusement entretenu d'une bande de crétins toxicomanes sortant d'un mariage trop arrosé, se cache en réalité un quatuor de performers tout à fait surexcitant, abrasif, qui donne comme une envie de grimper au plafond, écraser des pieds et se faire fracasser le nez, bref de rigoler tous ensemble et de se défouler sur du bon punk-rock 77 régressif (ils sont probablement les meilleurs dans leur catégorie). D'ailleurs tout ceci est déjà archi-multichroniqué sur le site, comme par exemple au pif, ici ?
En tout cas leur tournée s'annonce belle et riche en rencontres ! Gageons en effet que leurs amis les allemands ('200 types bourrés et sympas dans une salle, qui ont tous de la drogue et veulent t'en donner' dixit Olivier Gasoil), sur ce disque de Sehr gut Rock'n'roll, les Teutons donc, goûteront en particulier la poésie subtile de Deine Mutter die Pute, tandis que les Suédois vibreront pour cet hommage à leur culture : Ikea Kitchen (is like a gas chamber). D'ailleurs tous leurs hôtes apprendront avec plaisir que les Haines Roses aiment à Uriner dans vos piscines. Les Japonais eux s'en tirent le mieux : la chanson We are the fucks semblant être une dédicace sincère d'amour au pays qui certes engendra Guitar Wolf et les 54 Nude Honeys… et qui saura certainement leur réserver le meilleur accueil ainsi qu'à ce disque !
Enfin à la 41e chanson, alors que la plupart des auditeurs auront soit perdu connaissance, soit fait une overdose, soit balancé leur hi-fi par la fenêtre, les batcaves et les curistes irrécupérables retrouveront avec surprise une reprise (extra) de Ich Möchte ein Eisbär sein de près de 4 minutes (un miracle que personne n'ait piqué du nez en studio). J'aurai au moins appris quelque chose, presque vingt ans que je pensais que c'était 'Iceberg'… Ah au fait, après les avoir menacés de diverses manières, LiveinMarseille.com a réussi à extorquer, juste à temps avant la célébrité et/ou une prison exotique, une interview aux Hatepinks !