Newletter Live In Marseille 15 Janvier 2018
2018
Inutile de lutter, les choses se sont fait naturellement ... aussi en ce vendredi soir alors que l'offre était plus que alléchante et que j'aurais en temps " normal " aller dans 4 lieux différents : Lollipop, l'Ostau dau pais marsheles (pour découvrir Kaardan), le Poste à Galène (pour revoir Iraka) puis la Casa Consolat pour finir la soirée avec Farouche Zoe, j'ai décidé de ne "faire" que le showcase du Lollipop et de rentrer chez moi en famille. Ainsi j'ai eu moins de photos à trier, 3 chroniques en moins à écrire, je me suis couché beaucoup plus tôt et moins fatigué et j'ai même pu regardé un film (Devil Doll). (re) bref ...
tout ça pour dire qu'il y a toujours autant de bons concerts, toujours de nouveaux lieux qui ouvrent (et certains qui ferment), toujours autant de bons groupes et assos motivées pour nous faire découvrir des artistes tous plus talentueux que les autres et que nous ne mesurons pas toujours la chance que nous avons d'habiter dans (ou à proximité d')une ville aussi culturellement animée que Marseille et qu'avec un peu de curiosité et la volonté de s'affranchir du diktat de la télévision (voir de celui de la presse dite spécialisée). Il vous en coûtera en général moins d'une dizaine d'euro (bière comprise) et la satisfaction d'avoir découvert quelque chose par vous même peut être même sans influence directe de la publicité ... bref (c'est le dernier bref) je voulais vous souhaiter d'être curieuses et curieux et que cette année 2018 soit non seulement belle mais aussi pleine de bonnes surprises musicales (mais pas que) ! Et si en plus vous avez envie de raconter les concerts auxquels vous assistez à ceux qui (comme moi désormais) trouvent/prennent moins le temps de sorttir, je vous rappelle que vous pouvez le faire par ici : https://www.concertandco.com/critsais.php
Pirlouiiiit
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Cette semaine à Marseille
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Cadeaux
* la chronique des
* la chronique de
* pour la chronique du suberbe solo de
Le disque de la semaine
2017 (PinkNoColor - FB - La Meson)
Le film de la semaine
Je ne sais même pas pourquoi il faudrait vendre ce film. Toute personne normalement constituée devrait être ravie de se ruer voir un film où Jessica Chastain est sur pratiquement chaque plan. Les rares sceptiques pourront également profiter du grand et putain de beau gosse Idriss Elba (aka Luther, son plus grand rôle à ce jour, dans une série méconnue), magnifique en avocat sceptique, et même d'un petit rôle tout à fait poignant de Kevin Costner, qui joue son père et trouve ici une forme de rédemption magnifique.
La miss brillante et de bonne famille; accidentée du ski de compète où elle aurait du devenir championne, a organisé des parties de poker renommées pendant des années, sur les deux côtes des USA, tutoyant les stars puis peu à peu, les mafiosi russes... qui ont fini par lui poser de sérieux problèmes alors qu'elle se tenait soigneusement à la marge de la légalité, mais du bon côté.
Acteurs et actrice brillantes (elle est sublime aussi par ailleurs, mais çe n'est pas de sa faute), mise en scène scorsésienne - on a parlé à tort du Loup de Wall Street au féminin, mais c'est bien plus d'un Casino au féminin qu'il s'agit ! Récit mené tambour battant à la première personne en voix off, dans un monde de requins et/ou de paumés accros au poker, Molly's Game raconte cette histoire vraie, reprise par le scénariste Aaron Sorkin (entre beaucoup d'autres, il a signé le brillant The Social Network). Au fait, le fameux Mr X du film, acteur connu, est Tobey Maguire (aka Spiderman), et ce n'est pas un spoiler, juste un éclairage intéressant sur celui que je croyais être un gendre idéal... Glamour et suspense, brillant thriller qui parle aussi d''identité et d'accomplissement de soi-même contre les autres. Super hot, brûlant même, et le tout (ce n'est pas un spoiler non plus) sans montrer plus de 30 centimètres carrés de l'épiderme d'une des plus grandes actrices du 21ième siècle !
Le livre de la semaine
Ci dessous (avec sa permission) le #341
(27 août 2017. 22h33. Marseille, Stade Vélodrome. Match OM-Monaco.)
-Aux Aaaaarrrmmeuh !
-Aux Aaaaarrrrmmeuh !
-Nous sommes les marseillais !
-Nous sommes les marseillais !
-Et nous allons gagner !
-Et nous allons gagner !
-Allllez L'Ohémeu !
-Alllez l'Ohémeu !
"OhOhwowololololohohohwowolololoooOhohwowolololoohohwowololo-lo! OhOhwowololololohohohwowolololoooOhohwowolololoohohwowololo-lo !"
(27 août 2017. 22h36. Marseille, Cours Julien)
-Aaaaaaoouuuuhhhhhhhh !
Ce n'est pas la pleine lune qui déclenche la transformation du loup-garou du karaté marseillais, mais bel et bien le chant des supporters, les soirs de match. Ce "aux armes", scandé par des dizaines de milliers de fans de foot. Et où qu'il soit dans la ville, les vibrations galvanisantes parviennent à lui, chatouillent ses particules lycanthropiques, et transforment Pierre Sabiani, honnête conseiller municipal, en homme-loup crapuleux.
Le Plateau. Dénominateur commun des quartiers de la Plaine, du Cours Julien, de Notre-Dame-du-Mont, et de toutes les rues qui vascularisent l'ensemble. Vu du ciel, on dirait une soupe instantanée renversée. Tous les vermicelles se sont éparpillés au hasard, et les morceaux de poulets entre, forment les pâtés de maisons. La rumeur du stade, comme un monstre lointain, grogne par intermittence au dessus des réverbères.
Une ombre saute de toit en toit. Un oeil aiguisé pourrait la voir se dessiner sur les nuages placides, qui dérivent comme des baleines endormies, mais c'est essayer de suivre une puce hyperactive du regard.
Elle se pose sur une corniche surplombant le carrefour biscornu où se rejoignent la rue Saint Pierre, la rue de Tilsit, et la rue des Trois Frères Barthélemy. C'est le loup-garou.
De son poste d'observation, il entend de la musique remonter sous ses pattes.
"depression existentielle, soldes de tout comptes, la véracité des faits, reste, à prouver.
Panpan cucul
Panpan
Panpan cucul
Panpan
Panpan cucul
Panpan
Panpan culcul
Panpan
Panpan culcul ..."
C'est le salon de tatouage en bas. Quelques punks sans allure entrent, et sortent, et viennent, et partent. Dans sa semi-conscience d'animal sauvage, il reconnaît certains visages. Voici John, Gin Tony, Lou, Thomas, le grand maigre qui boite, plus Franky dans la nuit, et d'autres amis, en train de fumer des clopes. De mauvaises proies. Tomber sur ceux-là ne ferait qu'enlever des copains. Les bars autour sont du même acabit : deux ou trois personnes postées à l'entrée, verres à la main, ou sur les tables. Non. Eux, ils savent. Eux, ils connaissent la bête.
Le loup-garou écoute un peu le concert, opine du museau en rythme. Soudain, sa truffe humide se fige, et ses oreilles pointues se dressent. Il y a du gibier à proximité.
Simone, soixante douze ans, clopine sur le Cours, à proximité de la bouche de métro. La fièvre du Vélodrome se transmet a Pierre Sabiani, qui est, malgré son indifférence pour le ballon rond, le jouet des acclamations du public. L'équipe vient de marquer un but, aussi à t'il faim. Très faim.
Simone, soixante douze ans, ronde et boiteuse, attend que le feu passe au rouge pour traverser. En face, trois jeunes larrons ensurvetés, pantalons de sauterelles, et casquette serre-cortex, interrompent leur discussion. Clip, clop, clap, clip, clop, clap, fait la vieille chose qui déambule sous leurs tarbouifs. Clip, clop, clap, clip, clop, clap, c'est un tripode usagé, essoufflé, déglingué, une personne âgée, avec une canne pour tout bouclier. Simone, soixante douze ans, machin, et fière de l'être, traîne sa carcasse, les dépasse, et trace sur la place, au milieu du trottoir doré par les lampadaires. Le trio reprend le conciliabule. Accents forts, mots en papier de verre, exclamations aggressantes...
Soudain, une masse énorme tombe à leur pied. Mais le gros sac lourd qui vient de dégringoler du ciel n'est pas un gros sac lourd : c'est le loup-garou prêt à frapper !
Deux des gars s'enfuient aussitôt, de part et d'autre de la rue des Trois Frères Barthélemy, celui qui reste se retrouve nez à crocs avec le canidé surnaturel. Une atmosphère de Grèce Antique remonte des auto-bloquants. C'est la saveur de la malédiction. Les éclairages artificiels accentuent les ombres que porte la créature humanoïde. Une tête de triangle pleine de poils et de dents, un rictus carnassier posé sur une veste d'université, un maillot de foot azur et blanc, un jean râpé aux genoux, et des baskets boueuses. Alors que sa victime inonde ses sous-vêtements d'effroi, incapable de hurler, le loup-garou passe son bras autour de ses épaules, commence à lui tapoter la cuisse à petit coups de genou, et lui sussure d'une voix crépie à l'esgourde :
-Tu connais,
Karaté ?
Karaté ?
Karaté ?
Karaté ?
Karaté?
Karaté?
Karaté ?
Karaté ?
Karaté ?
Karaté ?
Karaté ?
Le lascar n'est plus qu'une boule de peur et d'urine, recroquevillée sous un distributeur de billets, à la merci de son bourreau. Mais il est déjà reparti gambader sur les tuiles, son butin en poche : un joli portefeuille de neuneu, dans lequel il pille une belle carte de transport en commun, un billet de vingt euros, plus un peu de mitraille. Le loup-garou est satisfait, il va pouvoir s'acheter un kebab bien juteux à l'Olympien, sa gargotte favorite.
Les platanes écorchés, prisonniers des trottoirs, envoient implorer leurs bras malheureux vers le ciel obturé. Des cages en métal s'énervent sur la route, sous les regards absents des fenêtres et des statues d'immeubles. Un vent froid nettoie la rue des Trois Frères Barthélémy, léchant les murs et embrassant les graffitis humides. Des papiers gras volent au dessus des merdes de chiens. Deux rats se bagarrent sous un tacot huileux, tandis que la lune gibbeuse jette son oeil blanc à travers l'embrasure d'un cirrus. Le stade est en fusion. Victoire six à un. Tandis que les hourras s'agitent dans les tribunes, un cri puissant plane à l'unisson sur le Plateau, pétrifiant de frissons les habitants du soir.
-Aaaaaouuuhhhaaalllél'OooohééééémmmmouuuuuuhhhhHHhh !
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