Newletter Live In Marseille 16 Avril 2018
Optimisme
Cinquante ans après mai 68, l'écho résonne encore et ricoche aux quatre coins de la France. La moitié de ses habitants est aujourd'hui dans la rue, et pas que les SDF ni les migrants qui marchent à l'ombre, mais les cheminots, le personnel hospitalier, les juges, les retraités, les étudiants et leurs professeurs. Un vague dégoût du peuple empêche les sénateurs de se joindre au cortège pour protester eux aussi contre l'abolition de leurs privilèges. À eux se greffent les automobilistes furieux qu'une machine les aligne et qu'on leur sabote leur vitesse, les ZADistes des terres en friche qui réclament leur droit à l'alternative, les antifas sur le qui-vive face à la recrudescence des milices d'extrême droite avec leurs bastions sociaux enracinés dans nos centre-ville, les pacifistes dont le mouvement s'organise contre le port d'arme tandis que Trump, dans un élan de provocation régressive, tente d'amorcer la troisième guerre mondiale ; et moi qui, zigzagant entre les rats qui promènent tranquillement dans la cour de mon lycée, tente de transmettre la beauté de l'utopie et l'importance de l'humanisme version Rabelais ou Fénelon à quelques mois du bac de français entre deux déflagrations de la manif d'à côté qui font trembler les vitres et se lever de leurs copies les regards inquiets.
L'heure est au bras de fer et à l'opposition comme à la solidarité et aux grands espoirs. La lave qui avale tout sur son passage, brûle, éteint, met en cendre, mais fertilise, nourrit la terre de minéraux, fer, magnésium, potassium, sodium, phosphore, sélénium et calcium droit dans le ventre de la terre. Vers Nantes, 1000 kilomètres au nord-ouest, ça brise, ça démantèle ; les mâchoires d'acier font bombance. Mais " Maintenant qu'il n'y a plus rien / On ne regrette rien / Car il poussera demain / Des squats comme des petits pains " copyright Bérurier Noir 1989. La répression a aujourd'hui autant de facettes qu'un rubik's cube ; sous des apparences inoffensives, elle se caméléonise, se numérise, se blottit, insidieuse, dans notre vie quotidienne, étend sa flaque sur nos doutes en papier buvard, nous coupe l'herbe sous le pied de notre pré carré. Mais bonne nouvelle, la résistance, aussi, déploie ses ailes de Phénix. Individuelle, à petite échelle, qui nous fait réfléchir à nos réflexes de consommateur et à notre utilisation des auxiliaires : être dans l'avoir ou avoir de l'être ; et collective dans la création, l'ouverture au monde des déterminants : le rêve en pleine rave, le rade sur la rade ; le chant, la pétillance et la magie que l'on déterre à grand coup d'exutoire, la catharsis qui oxygène d'une bonne rafale de mistral et des pollutions du passé fait table rase.
Restons optimistes ; nous ne serons pas la grenouille qui meurt à petit feu ; nous serons celle qui bondit, même pas mort, même pas peur, d'une terre en friche à une autre, juste parce qu'elle a vu de la lumière et qu'elle en est repartie réchauffée. Et c'est aussi à Marseille, dans la myriade de lieux de concerts, d'expos ou de création que les petits bonheurs s'articulent. De la musique culinaire et tropicale au Non Lieu en passant par du rebetiko litanique à l'épicerie locale de Cambuza à Gémenos, du faux catch qui envoie des watts à la Machine à Coudre ou le folk de bastingage vieilli en fût de chêne de Mr Thousand & Ramirez au Molotov, la semaine promet d'être chaloupée.
Odliz
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Cette semaine à Marseille
Melchior Liboa au Tam Tam vendredi soir
Parmi les (très) nombreux (je pèse mes mots) concerts que j'aimerais avoir le temps d'aller voir cette semaine et/ou que je pourrais vous recommander pour les avoir déjà vu, j'aimerais attirer votre attention sur le très joli plateau regroupant au Tam-Tam (où je ne suis jamais allé)
De son côté Sami avait cela à vous dire : " Cette semaine une fois n'est pas coutume, un coup de coeur pour le concert de
Vous voilà prévenus !
Si la date de votre concert ou la programmation de votre lieu favori manquent n'hésitez pas à la/les rajouter via ce lien ici : https://www.concertandco.com/annonce.php
SoCalled pour deux soirs - vendredi et samedi - à la Meson
Les disques d'aqui
Il y a un paquet d'année je tombais sur un gars écorché qui chantait seul sur un des quais du Vieux Port ... je venais de faire connaissance du Dié. 3 ans après je le retrouvais en charmante compagnie à la Machine à Coudre. 4 années encore après je découvre qu'il vient de sortir sous son vrai nom Christophe Ferrand un premier album hyper bien enregistré (au Recording Studio Marseille) et arrangé par Florent Silve qui joue un rôle central dans cette transformation puisqu'il est aussi à la réalisation et direction artistique ainsi qu'à tous plein d'instruments. Et quelle réussite ! Tellement que je ne sais pas par quel bout prendre cette chronique. Par sa voix peut être pour dire qu'elle fait terriblement penser à celle de Louis Ville (qui elle-même est régulièrement comparé à celles de Tom Waits ou Arno). J'ajouterai qu'il y a aussi chez lui un côté Paolo Conte ou encore Jo Corbeau (si si je vous assure). Musicalement c'est riche et varié, comme son répertoire l'a toujours été, superbement joué et magnifiquement accompagné par des churs dignes de ceux d'un Leonard Cohen ou d'un Joe Cocker. Les textes parlent d'amour, de travail, de voyages, de Marseille un peu aussi (de façon indirecte) ... ; c'est parfois un peu cru, en tout cas toujours sincère et direct. Ca braille, ça caresse, ça chuchote, ... et au final ça fait mouche. Cela faisait longtemps que je n'avais pas entendu de la chanson française aussi habitée sur disque ; et d'après les échos que j'ai eu de son récent showcase au Lollipop sur scène aussi il est particulièrement impressionnant.
2017 (Bancamp - Free Monkey Records)
Concerts passés
Les chroniques postées la semaine dernière :
* la (deuxième) chronique du spectacle musicale de
* la chronique du concert de
* la chronique d'un bout de la jam session animée par
* la chronique du concert de
* la chronique du concert de
* la chronique du showcase de
Clip de la semaine
- General Elektriks,
- Sloy,
- HANK!,
- Stella Pire,
- the Pleasures
- Dominique A
nous vous proposons
un de plus beau bout de live jamais enregistré et du coup une version extraordinaire de Everything I Say un classique de et avec feu -
si le clip n'apparait pas cliquer ici
Crowdfunding de la semaine
et toujours :