Newletter Live In Marseille 20 Novembre 2017
Vroum !
New Delhi, Inde, 8 novembre 2017 : 1 000 microgrammes de particules PM2.5 par mètre cube d'air, soit 40 fois la valeur limite pour la santé de l'OMS (qui est de 25), record chinois battu ! On a calculé que simplement respirer cet air sans rien faire, correspondait à fumer 44 cigarettes par jour. Paris, France, 15 novembre 2017 : la couverture de Charlie Hebdo fait curieusement écho à cette informa-tion en proposant à un foetus de porter un masque à gaz in utero (afin de se prémunir contre le gly-phosate/Roundup de Monsanto). J'ai pris il y a 15 jours, depuis un bateau pour le Frioul, des photos assez déprimantes de la pollution qui stagnait au des-sus de la rade Sud de Marseille (loin des gros navires à panache soufré noir, donc), à 10:15 le matin (en dehors des heures de pointe, donc), pendant les vacances de la Toussaint (avec beaucoup moins de circulation, donc), par une journée étonnamment douce et sans vent (pratiquement sans chauf-fages allumés, donc)...
Oui, même quand rien de ce qui pollue le plus l'air n'est proche ou en marche, nous baignons déjà dans une atmosphère délétère, nous aussi, dans la deuxième ville de France, même si on se tient gé-néralement (hors pics de pollution) sous la barre fatidique des 25 microgrammes de l'Organisation Mondiale de la Santé... En rappelant qu'en PACA on estime à 2 500 le nombre de décès prématurés dus à l'air, ce qui par règle de trois et compte-tenu du fait que nous sommes la ville la plus polluée de France (à jamais les premiers ?), nous fait sans aucun doute un bon 1 000 morts prématurées par an ... rien qu'à Marseille et environs ! "Hé Tonnetong, pourquoi tu tousseuh ?"
Mais qu'on se rassure ! Des petits malins, des Winners 2.0 confiants dans la technologie et le design pour sauver l'espèce humaine (...et non pas la planète, vous vous rappelez ?) ont lancé début octobre 2017 un crowdfunding pour la fabrication de masques anti-pollution à porter en toutes circonstances pour vos déplacements ! Rien que leur nom est tout un programme : "Rejoignez la Mask Genera-tion" ! Et cette jolie promesse : "Take control from the air we breathe !" Prenez le con-trôle de l'air que nous respirons... Excellente nouvelle d'abord, le masque existera pour homme, femme, et même enfant avec des zolies formes d'animaux (pour certains sans doute bientôt dispa-rus "in real life" à l'issue de la 6ième extinction de masse, en cours). Ah mais attention, le masque coche toutes les cases, hein : certifié CE, "made with love from France" (ça s'invente pas), et il est "environmentally friendly" selon Laura Cooper, illustre co-fondatrice (et illustre co-nnasse) de la boite qui souhaite pouvoir vous le vendre bientôt. Rassurez-vous, vous allez vite comprendre pour-quoi j'insulte ainsi cette brave fille.
Cynisme extraordinaire, le premier usager du masque qu'on nous présente est... un conducteur de scooter (de loin, le truc qui pollue le plus, ramené à la pollution émise par kilo de barbaque transpor-té, oui, même devant les plus gros 4x4 !). Tout comme le fondateur de la boite, un certain Simon Sow (à qui je passerais volontiers les testicules au moulin à viande), lui qui se vante d'y avoir pensé en faisant de la moto en ville... "Oui je sais, je suis le problème, mais j'ai ma solution et je t'em-merde, toi le p..é de cycliste, toi la c...e de piétonne enrhumée, avec ta poussette et ton morveux qui tousse !"... Le Trumpisme à l'état chimiquement pur existe déjà en France ! Autre cynisme du film de propagande de cette abomination : les en-fants l'utilisent pour rouler en trottinette dans un parc (rare zone de la ville où la pollution peut être un peu moindre), tandis que la femme roule sur la passerelle Simone de Beauvoir, face à la Biblio-thèque François Mitterrand... Zone également notoirement peu polluée comparée à d'autres à Paris, surtout depuis que la "khmère verte / bobo dingo" Anne Hidalgo a eu le courage incroyable, je n'ose pas dire les c... mais quand même, de rendre enfin les quais de la Seine interdits à la circulation mo-torisée...
Entre nous, un filtre qu'on veut efficace (comme ce FFP3 de la marque 3M, qui équipera les fameux "masks") doit évidemment se changer tous les jours, et il coûte à ce jour 34,90 € la boite de 20 sur Amazon (soit 1,75 € le masque). Mais qu'est-ce que 638 euros par an, pour respirer mieux,... à multi-plier par le nombre de membres de la famille ? Une paille ! D'ailleurs on nous avait bien avertis - sur le mode de la plaisanterie - qu'après avoir payé pour boire de l'eau emplastifiée (souvent plus chère que de l'essence raffinée, si si ! alors pourquoi ne pas boire directement du diesel ?), on aurait un jour à payer pour respirer de l'air filtré... Une fois encore, la réalité dépasse la fiction, il ne tient qu'à vous de la cofinancer ! Ah au fait ! Les nano-particules sur le filtre FFP3 c'est cadeau, en espérant qu'elles passeront pas trop, trop dans votre système respiratoire, vos cellules pulmonaires et finalement votre sang, ce qui reste à craindre puisqu'elles sont elles nanométriques par définition... Bon, je vous fais grâce de l'appli annoncée avec le masque et qui va vous dire en temps réel la pollution rue par rue : c'est marrant que eux l'aient déjà, alors que Airparif à Paris, et Airpaca à Marseille (les seuls déten-teurs agréés de données sur la pollution de l'air à Paris et à Marseille, donc) travaillent encore à sa conception dans leurs Fablabs respectifs... Mais on est plus à un mensonge près pas vrai ?
Et puis je serais salaud (et j'abuserais de mes connaissances de technicien de la qualité de l'air) si j'ajoutais en plus que l'efficacité de ces masques anti-pollution contre les particules fines (PM2.5) et ultra-fines (PM1), les plus toxiques pour les poumons et qu'il laissera évidemment passer, est très loin d'être démontrée ! Que d'oser affirmer qu'il va arrêter des virus (dont la taille n'excède généralement pas 250 nanomètres... c'est à dire encore 4 fois plus petits que les particules ultra-fines) est du pur foutage de gueule... Que quand on a une bonne crève ou une bonne allergie, un tel masque permet évidemment aux miasmes que l'on émet par la bouche et le nez de survivre bien au chaud, entre le masque et notre figure, d'y prospérer comme dans une boite de Pétri sur le tissu protecteur du film, pour enfin nous revenir multipliés et tout revigorés dans le système O.R.L. ... Beurk ! Ou plus préci-sément encore, de vous révéler cruellement que l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l'Ali-mentation, de l'Environnement et du Travail (ANSES pour les intimes) s'est auto-saisie en 2017 pour travailler sur l'efficacité, et d'abord sur l'absence de danger pour la santé de ces masques, et n'a pas encore osé rendre ses conclusions (cf pour les plus curieux, son programme 2017, page 13, où elle énonce ses nombreuses réserves...).
Soit dit en passant, même l'argumentaire sanitaire des idiots masqués est bidon, puisqu'ils prétendent en introduction que la pollution de l'air tue 5 fois plus de gens que les accidents de la route en France... Alors que 48 000 décès prématurés par an (source EQIS/ASPF 2016), divisé par environ 3 500 morts sur les routes, ça fait... 13 fois plus de morts ! Le chauffard qui t'aura pas renversé en scooter pourra encore te tuer avec son pot d'échappement... Bienvenue dans un monde de merde ! Ah, et sinon, le Salon de l'Auto ouvre ses portes au parc Chanot le 24 novembre. Avec un peu de chance, Simon et Laura seront là sur un stand pour vous proposer de cofinancer leur merveilleux produit ! A porter évidemment en voiture aussi, puisqu'il a été mille fois démontré (mais là, la place me manquerait, désolé) que c'est bien dans une voiture, à l'intérieur de l'habitacle, qu'on respire les plus fortes concentration de pollution due au trafic routier. Join the Mask Generation !
Philippe
N'hésitez pas à réagir à cette newsletter en écrivant directement à mrmiolito@yahoo.fr qui nous fera suivre
Cette semaine à Marseille
https://www.concertandco.com/ville/marseille-aix/billet-concert-3.htm
Beaucoup de choses cette semaine dont l'étonnant festival (qui porte bien son nom)
Si votre date manque n'hésitez pas à la rajouter via ce lien ici : https://www.concertandco.com/annonce.php
Cadeaux
* la chronique de
extrait : " [...]Charles William "Chuck" Prophet se révèle, d'emblée, comme un showman EXCEPTIONNEL. Dès le premier accord, il a TOUT juste ! TOUT. La diversité des facettes du bonhomme saute, immédiatement, aux yeux : songwriter de génie (quelles chansons !), grand guitariste, très bon chanteur, showman fabuleux (même si nous l'avons dit il y a deux lignes, suivez merde)... Les influences majeures (Dylan, Stones, Lou Reed, Waylon Jennings...) sont digérées et les chansons sont du "pur" Prophet, soit un mélange insolent de classe, de nonchalance et d'énergie à la fois. C'est compliqué, d'être énergique et nonchalant en même temps mais il y ARRIVE Chuck. [...]"
* la chronique de
extrait : " [...]On change d'ambiance pour un décor plus squelettique et fluorescent comme à l'image des Punish depuis leurs débuts. Mélange de sonorités métal.. punk et electro comme ils savent si bien le faire. Les lumières laissent entrevoir les corps fluo qui se déhanchent de manière sexy sur les titres et interludes entre les morceaux. Mention spéciale pour le déhanché de VX 69. Chaque mor-ceau se voit être mis en scène, un autodafé survient au milieu du set entre deux danses sexuées. La pyrotechnie est parfaitement maîtrisée. [...]"
* la chronique de
extrait : " [...] La chanteuse rousse incendiaire et ses 8 musiciens venus du Portugal font une mu-sique festive et classe, avec quelques titres de haute volée comme le single "I'm not your regular wo-man", "It's today" ou encore "Release me". Cette Marta a la voix et une énergie assez redoutables, façon pile électrique, rarement à sa place, elle danse, taquine son groupe voire simule une dispute de couple avec le guitariste. L'ambiance est au rendez-vous avec un public désinhibé à souhait, le show est des plus classiques mais de qualité. Pour la ballade "So long", la rousse incendiaire est assise de-vant la fosse et rivalise de sensualité, et sera également allongée tout comme certains musiciens sur un autre titre, non sans une certaine malice. [...]"
Le livre de la semaine
Ci dessous (avec sa permission) le #282 (que vous trouverez aussi sur CnC par là puisque comme vous allez el voir il s'agit de la chronique d'un concert )
À chaque fois, Paris me remet a ma place dans la société : sur le bas coté, insignifiant, indésirable. La vie au pas de course, tête baissée, des autochtones, empêche l'estropié de rejoindre les autres fourmis sur le sentier... Le séjour est moins cauchemardesque que le précédent : à choisir entre souffrance physique ou psychologique, j'ai choisi la première. Bon choix, sur mes béquilles, j'ai des airs de doc-teur Octopus du pauvre, mais au moins, on me voit un peu plus, comprendre on me bouscule comme une personne valide. Quelle illusion de nous croire plus évolués que les bêtes, notre fonctionnement est exactement pareil, la seule différence, c'est que les animaux ne connaissent pas l'hypocrisie... Ce soir, Trisomie 21 à la Machine du Moulin Rouge. Histoire confidentielle des groupes cultes, ceux dont la mèche n'a pas eu le temps d'atteindre le bâton de dynamite, malgré toutes leurs flagrantes qualités artistiques. Le critique gland (pléonasme) les mettra dans la catégorie new wave, voire post-rock, pour les plus snobs d'entre eux.
Pénétration dans l'ex-salle à cancan. À l'intérieur, on y voit ces fameux imperméables verts, conte-nants des tourmentés hululants, ces engins tristounets qui enrageaient les punks de la première four-née, talibans de l'apparence comme n'importe quels autres talibans de la mode. Talibans tout court. Comme souvent dans les endroits branchés, le présent ressemble à s'y méprendre au passé. Beaucoup de monde. Assis dans un recoin, je mets les cheveux devant les yeux, et je contemple le parquet en remuant du crâne. Avec T21, c'est de circonstance. Petit discours plein d'hésitations du chanteur, parlant du temps, qui ne bouge pas malgré les rêves.
À travers le rideau de crin, je vois cependant la masse humaine réunie pour ce concert remonte-temps. Il pourrait être content, le César de salon, mais il se noie, dans la marée d'hominidés, il se noie, dans la solitude de sa douleur, il se noie, dans la tristesse et la rage, il se noie, dans la vague froide qui surgit sur scène pour recouvrir la fosse, il se noie, dans un gobelet en plastique...
On est lookés, j'espère que quelqu'un repérera mon t-shirt dellamorte dellamore, une âme sur ou frère de plus, sensible et maladroite. Mais seul Gin remarque, et je l'aime. Jeunes nostalgiques d'une époque qu'ils n'ont pas connue, en voila bien une de fête triste, le sépia teinte la foule en souvenirs envolés. Pour quelques secondes, ils rassemblent leurs poussières en fantômes balançants. Cette mu-sique met l'ego sous cloche, afin de nous laisser contempler chacun le sien, une activité sclérosé et sclérosante, idéal pour les foutraques paralysés...
Le Norvégien (qui est là) enrage : les gens ne dansent pas, et regardent ses gesticulations avec du mépris minable dans leurs yeux chassieux de moitié-vivants. Pire, le bar ferme une demi-heure avant la fin du spectacle. Il est vingt-deux heures. On danse comme des mongoliens sur la dernière chanson, puis on s'en va. Ce concert était très bien, Eric, fan depuis trente ans, tout hébété de bonheur, confirme. On a toute les difficultés du monde à retenir le Norvégien de revenir tout casser. Non-consommateur d'alcool, je partage malgré tout son désir de razzia : je n'aime rien de plus que le chaos, la peur, et la mort. On ne se refait pas. Mais pour le coup, ce spectacle nouvelle vague-après-punk était la bande son idéale !
(Gros bisous à Dark Bébér !)
SOUTENONS
https://www.helloasso.com/associations/quatre-sans-quatre/collectes/asile-quatre-sans-sous
https://www.helloasso.com/associations/aspiro/collectes/que-ventilo-continue-de-paraitre