Accueil Marseille - Aix Newletter Live In Marseille 25 Novembre 2019 : Le retour
Samedi 21 décembre 2024 : 6880 concerts, 27252 chroniques de concert, 5420 critiques d'album.

Newletter Live In Marseille 25 Novembre 2019

Le retour

Kanjar'Oc by Pirlouiiiit 23112019
Kanjar'oc pour son dernier concert en 2019 ...

Depuis une bonne heure je suis là en train de découper les vidéos floues (mais belles) de Louis Ville, en mettant en forme cette newsletter bien en retard (ce qui m'aura pris 2h30 chrono), tout en me demandant ce dont je vais vous parler dans cet edito ... une fois encore du fait que la vie est courte (dans le sens la vie est belle profitons en), que la musique live provoque des sensations magiques, qu'il n'y a semble t il jamais assez d'heures dans la journée et de jours dans le semaine pour faire tout ce qu'on aimerait faire, de ce très beau double plateau ce week-end au Makeda, du fait que certains marseillais ne se rendent vraiment pas compte de la chance qu'ils ont d'habiter dans une ville aussi active (je parle de tous les beaux concerts qui ont lieu tous les soirs dans tous ces lieux), du fait que j'ai découvert avec stupéfaction que lorsqu'on appelle Allo Mairie pour leur demander de venir effacer des tags sur son mur ils le font (mais ne font pas sur le mur du voisin même si on le demande pour lui), que je suis étonné que personne n'ai tenté de gagner 2 places pour le concert à l'Espace Julien, que plus une photo est tirée en grand plus elle est jolie (je fais allusion aux murs du Makeda), qu'il me faudrait désormais des lunettes pour lire mais que je n'en ai pas le temps de toute façon, .. bref rien que j'ai envie de développer plus que ça ...

Et puis en plus avec tout ce que vous avez à lire en dessous la chronique de disque de Philippe (2 Guy), la chronique de livre de Philippe (tout court) et le chronique de film de Fred (B), je m'en voudrais de vous retenir plus longtemps !

Très bonne semaie à toutes et à tous,

Pirlouiiiit

N'hésitez pas à réagir à cette newsletter en écrivant directement à mrmiolito@yahoo.fr qui nous fera suivre

Cette semaine à Marseille

Elektrolux by Pirlouiiiit 23052009
Elektrolux à l'Intermédiaire il y à peine plus de 10 ans

 
Cette semaine, encore beaucoup de concerts ... si j'avais 10 ans de moins (et surtout le quantité de travail que j'avais il y a 10 ans) voilà quel serait mon programme de la semaine
 
* lundi 25/11 - Drose (indus des states) à l'Intermédiaire
 
* mardi 26/11 - Klaus Johann Grobe + Musique Chienne + Martedì Nero au Molotov
 
* mercredi 27/11 - the Stems (Legendary Aussie Power Pop - Europe Heads Up) + Doc Vinegar au Molotov encore
 
* jeudi 28/11 - Victor Plantey chante Dylan à Cat's Commodity à 19h et puis pour ceux que ça dit Thylacine à l'Espace Julien (cf section cadeau)
 
* vendredi 29/11 - plein de chouettes choses ce soir mais ce sera sans hésiter (conflit d'intérêt oblige) Splash Macadam au Molotov puis Parade + Neurotic Swingers + Ooh Wee! + De la Crau au Makeda

* samedi 30/11 - même chose en pire et ce sera Conger!conger! + Elektrolux (dernière chance de les (re)voir) + Cowboys From Outerspace + Venus as a Boy toujours au Makeda... que j'aurais couvert en d'autres circonstances / temps (si je n'étais dans l'orga du premier / si j'étais plus frais) en alternance avec Les Playboys + Shaky Things + The Zemblas au Molotov
 
* dimanche 01/12 - je serais bien allé voir Marion Rampal et P.F Blanchard à la Meson mais je peux pas j'ai David Lafore
 
 
je vous rappelle que ceci est une sélection très subjective (par définition) et que l'agenda sur le site est mis à jour tous les jours ... aussi je vous invite à aller voir les détails sur https://www.liveinmarseille.com

Cadeaux

Saga

Cette semaine nous avons 2 places (offertes par la SAS) à vous faire gagner pour le concert de Thylacine le 28/11 ... pour cela il suffit de m'enovyer un mail à pirlouiiiit at yahoo.fr en me citant 4 groupes que vous allez rater si vous gagner ces places pour le concert à l'Espace Julien

Le film de la semaine

Saga

Vice de Adam McKay vu par Fred B

Vice d'Adam McKay. A la fin des années 90, les cinéphiles du monde entier furent éblouis par deux polars anglais à la mise en scène et au ton explosifs : Arnaques, crimes et botaniques et Snatch. Il ne fallut guère de temps pour consacrer leur auteur Guy Ritchie comme un monstre du 7em art et placer en lui des espoirs Tarantinesques. C'était sans compter sur son homme de l'ombre, Matthew Vaughn, probablement le vrai génie derrière ces deux bons films, ce qu'il démontra dès sa première réalisation, l'excellent Layer Cake et avec la suite de sa carrière, quand le plus grand fait artistique de Guy Ritchie fut son mariage avec Madonna.
De la même manière, j'avoue vouer un culte à Will Ferrell. Electron libre du Frat Pack (cette bande de comédiens passés par le Saturday Night Live et ayant connus leur heure de gloire dans les années 2000 dans des productions Apatow : Ben Stiller, Jack Black, Vince Vaughn, les frères Wilson), acteur au potentiel comique apparemment infini, Ferrell a trimballé sa grande carcasse et son air d'abruti fier de lui dans des comédies mortelles comme Présentateur vedette, Ricky BobbyStep Brothers.
Au final, attribuer au seul Ferrell la paternité et la réussite de ces films est probablement faux, en plus d'être injuste. Les meilleurs films de Ferrell sont en réalité des films d'Adam McKay.
Envisager cette filmographie sous cet angle permet de voir se dessiner des thématiques personnelles qui rendent cette oeuvre extrêmement cohérente : Ron Burgundy questionne la masculinité toxique et les changements dans la société, Ricky Bobby le regard porté sur les américains, Step Brothers l'évolution de la génération X, The Other Guys était déjà un film sur la crise des subprimes. Dans ce cadre là, le virage pris par McKay avec The Big Short et maintenant Vice est tout sauf surprenant. Adam McKay est un cinéaste éminemment politique qui, en nous vendant les premières années un humour pipi-caca (selon ses détracteurs), nous passait en contrebande un point de vue engagé sur l'état du monde.
Vice est le biopic de Dick Cheney, homme politique américain omniprésent dans les arcanes républicaines depuis une quarantaine d'années, vice président de l'administration de George W Bush tout en étant une personnalité d'une grande discrétion et cultivant le secret autour de sa personne.
Ce film, à charge, tente de démontrer l'influence déterminante de Cheney, véritable marionnettiste de l'ombre qui va façonner le monde que nous vivons, du réchauffement climatique à la montée de Daech en passant par la merveilleuse "théorie du ruissellement".
Surtout, il va démontrer les motivations derrières des décisions aux conséquences souvent dramatiques. Bien évidemment, ces motivations ne sont jamais idéologiques mais toujours le résultat du lobbyisme et du pantouflage, synonymes euphémisants de corruption.
Comme dans The Big Short, le fond est béton, mais la forme est incroyable, la mise en scène dynamique, le montage ludique, le tout résultant dans un film didactique mais limpide, violent mais drôle.
Qui dit biopic dit forcément "performance d'acteur" (le truc que je déteste), mais pour le coup Christian Bale est tellement bon qu'on oublie Christian Bale, et ça fait du bien.
Bref, un cinéaste spécialisé dans la comédie a sorti un grand film en 2019 sur une figure maléfique, un film à la portée politique forte, justifiant la colère du peuple, et incarné par un acteur en état de grâce.
Et le sujet de ce film n'est pas un ennemi de Batman.
Pendant ce temps, Will Ferrell, pourtant accompagné de John C Reilly se ridiculisait dans le très mauvais Watson et Holmes.
C'était McKay le génie.

Le livre de la semaine

Saga

Histoire Du Rock à Marseille, 1980-2019 de Pascal Escobar , chez Le Mot et le Reste lu par Philippe

"Histoire du rock à Marseille, 1980-2019". Rien que ça ? Mais qui a osé, qui ? Un fada ?! Quelqu'un aurait du lui dire, quand même, qu'il n'y aurait que des coups à prendre ! Couvrir 40 ans d'un coup, déjà, quand un premier tome (de Robert Rossi) ne faisait "que" 21 ans (1960-1980)... Ensuite, revendiquer implicitement l'exhaustivité, puisqu'on ne parle pas ici de "Une" histoire du rock : un petit article minuscule en plus dans le titre, et tout aurait été différent - choix de l'éditeur, paraît-il ? Pourtant en tant que chroniqueur, cette feinte est bien connue et inattaquable : appelez un texte "ma" Rue du Rock, et personne ne pourra se plaindre de ne pas s'y retrouver, puisqu'on sait que vous ne pouvez pas avoir tout vu ! "Mon" histoire du rock à Marseille, ça aurait pu marcher aussi ?


Car fatalement, l'auteur Pascal Escobar en a oublié ou écarté donc, des gens, des groupes et même des lieux, malgré un très gros travail d'enquête, entériné par une indexation précise, et sans doute une ligne éditoriale argumentée. Mais la vie est ainsi faite que les rues de Marseille (comme celles d'autres villes), sont pleines de gens qui ont fait du rock, dans leur jeunesse, que ce soit il y a 5, ou il y a 50 ans... Des gens dont certains ont bien marché à leur époque, ont rempli des salles petites et grandes, ici ou même ailleurs, ont sorti un disque qui s'est vendu (au moins à la hauteur de leurs espérances), ont organisé un festival, ont tourné en France... Des gens dont certains ont peut-être tutoyé les sommets, au détour d'une date où ils ont ouvert pour des stars, ou au cours d'un festival d'envergure où pour une fois, ils n'étaient pas programmés en ouverture... "Je me voyais déjà, en haut de l'affiche", refrain connu...


D'ailleurs l'histoire de la plupart des groupes racontés dans le présent livre se finit elle-aussi comme ça, comme celle des groupes non cités : sur une désillusion ou une perte d'envie collective, après une brêve période passée dans la lumière, mais avec des souvenirs et des anecdotes pour toute une vie. Et après s'être vus une fois au moins, un soir dans une salle comble, souvent au siècle dernier, en train précisément d'écrire eux-aussi une page de l'histoire du rock... Et l'ayant fait, assurément, dans certains coeurs ! Mais peut-être, justement, pas complètement dans une mémoire collective, une qui soit à l'échelle de toute la ville... et de 4 décennies ?


Alors évidemment, les rêves ayant généralement été remisés depuis, avec la guitare qui sèche dans sa housse au grenier, ouvrir un tel livre et ne pas s'y voir, pour un rockeur de 25 ou de 75 ans, c'est forcément une violence symbolique, au moins un demi-tour de couteau remué dans la plaie ancienne d'une vie en rock qu'il avait peut-être rêvée... ou même brièvement vécue ! Des gens ont forcément été vexés, frustrés ou peinés hélas, et c'est humain ! Mais de toutes façons, si on y réfléchit un peu, le problème d'écrire l'Histoire, c'est toujours le même, non ? L'Histoire de France par exemple, que je sache, elle a bien été écrite à rebours, depuis Lagarde & Michard, et uniquement du côté des hommes / des gagnants / des colonisateurs... Les femmes / les perdants / les colonisés l'auraient donc écrite très différente, et certain.e.s l'ont fait, d'ailleurs, avec la même légitimité, et ça raconte évidemment tout autre chose ! Essayez donc d'écrire l'Histoire collective de ... qui que ce soit, et dans le meilleur des cas, vous ne mécontenterez que la moitié de ses protagonistes !


Autre erreur peut-être, en faire un peu partie, de cette histoire ? Car Pascal Escobar a été lui-même musicien et activiste de la scène rock ! Gagnant en un carnet d'adresse bien fourni, ce qu'il y perd forcément, un peu, en objectivité... Il n'a pourtant pas spécialement insisté sur les nombreux groupes où il a joué : on en voit au moins un qu'il n'a pas cité, et un autre qu'il a déjà raconté ailleurs (un papier superbe dans Dig It !, sur son groupe adolescent...). Il semble qu'il n'ait pas non plus honteusement surévalué des groupes de copains et autre frangin (son propre frère étant une rock star notoire)... Même si oui, c'est vrai, quand on connaît un peu la scène rock locale (modestement, c'est notre cas), on trouve sans difficultés des groupes ou artistes qu'il a seulement cités (voire zappés), et qui auraient mérité une vraie entrée. Ou d'autres qu'il a un peu évoqué ... mais qui nous ont paru plus importants et "historiques" à Marseille, justement, que ce qu'il en retient. Pour qui ça intéresse - personne, a priori ! - on gardera en tout cas notre propre name-dropping pour nous, et chacun se fera bien le sien !


Bon, et alors, qu'est-ce que tout ça peut foutre ? Rien. Car il se trouve qu'après 5 paragraphes à disséquer les défauts de ce livre, tout ça n'enlève rien au plaisir simple et immense... de le lire, voire de le dévorer !


Car seul quelqu'un ayant vécu les choses de l'intérieur pouvait capter aussi bien l'ambiance moite et furieuse d'une Machine à Coudre ou celle parfois un peu dingue mais aussi gastronomique de la Maison Hantée, l'esprit du Lollipop Music Store, havre actuel du rock phocéen, entre autres (13 entrées de lieux). Et c'est assez fort, voire émouvant, pour les endroits qui ont fermé (ou beaucoup changé) depuis, tout comme pour ceux qui tiennent le coup depuis 10 ou 30 ans... Les témoignages choisis et mis en tête de chapître, sont eux aussi étonnants et parfois un peu remuants, en terme de bons et mauvais souvenirs, et font en tout cas rouvrir de jolies capsules temporelles à leurs témoins.


Et sinon, il y a quand même plus de 80 groupes chapitrés, dans 12 styles de musiques rock différentes, chacune introduite par un article... C'est déjà pas mal et pour ces groupes-là, c'est une mine d'informations et d'histoires. Est-ce que c'est la totalité du rock à Marseille sur 40 ans ? ... Est-ce que la Terre est plate ? Non évidemment. Mais bien malin qui pourrait la décrire entièrement, la planète rock de Marseille, et en 350 pages maximum, SVP... Est-ce que l'auteur devrait avoir une fessée pour s'être trompé sur l'année d'ouverture de Lollipop p.201, et une autre pour l'orthographe de "thrash metal", page 40 ? Assurément, ce sera fait ! Mais on s'en remettra, et lui aussi. Quant à la très riche collection de photos présentées, bonus vraiment appréciable, elle ressort en outre le passé parfois boutonneux (voire pire, frisé) de jeunes cons prêts à bouffer le monde depuis Aubagne ou Carry-le-Rouet... et devenus d'honorables rockeurs à tête grise aujourd'hui : il faut avouer que c'est assez marrant !


Au final donc, ce n'est certes pas l'encyclopédie définitive du rock à Marseille, qui aurait alors dû faire un tome de plus (et qui n'aurait sans doute pas été aussi plaisante à lire). Et que personne n'écrira probablement jamais, d'ailleurs. Mais déjà, une vraie somme sur le sujet, occupant un espace béant et à combler d'urgence ! Nous sommes nombreux à nous être impliqués, un peu ou beaucoup, pour faire vivre et connaître cette scène rock locale, éminemment riche et foisonnante... Et il est bon de savoir qu'à l'heure d'Internet (qui a peu de mémoire, malgré ce qu'on croit) et pire encore, des réseaux sociaux (qui eux, n'en ont pas du tout), quelqu'un de sérieux et de courageux a pris le temps !


Le temps d'arrêter la course folle du FoMo et du prochain Event sur FB... De s'asseoir, prendre un bloc-notes, se gratter la casquette et suçoter un crayon, et d'écrire un putain de livre sur ce sujet : le rock à Marseille, celui qui berce nos vies... Un livre imparfait, mais beau, aimable et très prenant, qu'on va ensuite pouvoir poser dans une putain de bibliothèque, elle-même un peu de traviole, mais à laquelle on est très attaché aussi... Parce que la perfection n'est de toutes façons pas de ce monde... Parce qu'aucun rockeur de Marseille n'a finalement joué au Royal Albert Hall, et que du coup, tout le reste n'est que littérature. Et que faire de la littérature avec du rock, justement, ce n'est déjà pas rien... Alors merci, Monsieur Escobar !

PS : Release party au Makeda avec deux très belles affiches rock, les
29 et 30 novembre 2019 !

Les disques d'aqui

Saga


Moon Râ écouté par Philippe 2 Guy

Quintet phocéen en activité depuis le début de la décennie, Moon Ra sort son second album, cette fois-ci chez The Weird Beard, un label anglais dévolu aux musiques psychédéliques et à ses avatars. Le groupe a soigné son "art work" avec comme pochette la photo en gros plan de la peau d'un pachyderme, et ce disque se trouve d'abord en format vinyle aux couleurs assorties aux tons de la pochette (le label a la particularité d'éditer des vinyles exclusivement en couleurs). S'il n'y a pas de lien réel entre le fond et la forme, cette esthétique soignée est réellement à la hauteur du contenu. Le groupe s'illustre dans un genre instrumental qui mélange habilement space rock, stoner, psyché et krautrock et les structures complexes des morceaux révèlent le goût de ses membres pour le post rock. L'album est constitué de six titres dont un seul dure moins de cinq minutes. Mais si la musique de Moon Ra est exigeante, elle n'en est pas moins très accessible et directe, et peut plaire aussi bien aux amateurs de "classic rock". Le groupe s'est bien rodé sur les scènes marseillaises et des environs, et a acquis une assurance et une très bonne maîtrise instrumentale nettement perceptibles sur ce disque. Ce second album frappe aussi par la maîtrise du son et la qualité de la production et des compositions. Le premier titre, Spy's Uniform, commence comme le Pink Floyd planant du début des années 70 pour s'achever par des guitares furieuses dignes de Monster Magnet. Le second, Burn in / Burn out, plus apaisé, débute par les arpèges d'une guitare qui se mêlent à un motif de clavier très psyché, traversés par les déflagrations de la seconde guitare, qui envoie des riffs presque noise. Le clavier, très en avant, utilise différentes palettes de sons, comme celui de l'orgue Hammond. Mais aucun instrument ne prend le dessus sur l'autre, il y a une vraie alchimie de groupe, chacun est à sa juste place. On a en plus affaire ici à des musiciens en pleine possession de leurs moyens qui ne tombent jamais dans l'esbrouffe instrumentale ni la démonstration technique. Le troisième titre, Snowpiercer, démarre en trombe comme le meilleur Hawkwind et nous embarque direct dans un trip en direction de Mars pour ensuite nous faire planer dans le vide spatial grâce à une superbe nappe d'orgue et un solo de guitare plaintif et acide. Le groupe excelle dans les montées en puissance suivi d'accalmies où les guitares et le clavier, qui peuvent s'appuyer sur une section rythmique solide et puissante, donnent libre cours à leur sens mélodique. La groupe semble justement accorder une importance particulière aux ambiances et aux mélodies, leur musique est en cela très cinématographique et sollicite l'imagination. La face B s'ouvre sur Alkaid, mon morceau préféré de l'album, porté par une pulsation rythmique implacable et répétitive digne de Neu ! ou Can et un riff de guitare heavy à la Hawkwind (encore eux) sur lesquels le clavier et une seconde guitare très pysché s'entremêlent. Même si les influences du groupe sont très marquées, elles sont bien digérées et les musiciens font preuve de finesse et d'inventivité. Il y a toujours un motif d'orgue ou de guitare qui vient surprendre l'auditeur. Le groupe a réellement travaillé les arrangements sans rien perdre de sa spontanéité. Dead Mustaine (un hommage au chanteur pas encore mort de Megadeth?) est sans doute le titre le plus direct et rentre dedans de l'album et sonne comme du stoner rock dégraissé, avec un superbe break qui me rappelle les moments les plus déjantés de King Crimson. Le dernier titre Remontada démarre de manière très calme avec des roulements de batteries tribaux et un son d'orgue qui évoque celle des Doors et s'achève de manière frénétique par un motif répétitif joué "ad lib" à la manière des japonais de Acid Mother Temple. Cet album, réellement abouti, est donc une vraie réussite. Il révèle toutes ses richesses au fur et à mesure des écoutes et ne présente aucun moment faible. On a affaire ici à un groupe d'une grande inventivité et d'une grande musicalité. Ceux qui ont pu voir et apprécier Moon Ra sur scène pourront constater que toutes les qualités du groupe se retrouvent sur ce disque et on espère qu'il rencontrera ainsi une audience plus large et amplement méritée auprès de tous les amateurs de "spacestonerpyschékraut" et des autres.


2019 (The Weird Beard)

Clip de la semaine

Après Rachid Taha et La Rue du Rock 2018, Sleaford Mods, Thomas Fersen plutôt que David Lafore, Vanwho plutôt que SovoX, Hervé André, Karim Tobbi, Les Frères Morvan, La Pluie , Richard Gotainer ...

Je ne pense pas vous l'avoir déjà mis dans cette newsletter, contrairement à leur premier clip pop, je veux bien sûr parler des immenses Sloy, ceux à cause de qui vous recevez cette newsletter (pour certains) depuis 20 ans, puisque ce fut le premier groupe qui m'a donné envie de défendre ceux que j'aimais et que je trouvais injustement sous exposés (en termes de couverture médiatique). Bref si je recommence à vous raconter ma vie à la moindre occasion je ne suis pas près de me coucher, voici donc leur deuxième "tube " : planet of tubes/ ... (et si vous le laisser filer jusqu'à la fin vous tomberez ensuite surement sur leur premier live à NPA) ...

qui s'il n'apparait pas ci dessus (ce qui est bien dommage) est visible en cliquant ici