Newletter Live In Marseille 28 Janvier 2019
Prédictions
C'est amusant de constater que dans le monde d'aujourd'hui, aussi technologique, mesurée/modélisé et connecté soit-il, la recherche de "Ce Qui Va Se Passer" (autrement dit, la prédiction du futur immédiat) relève toujours autant de l'incertitude... Bon, c'est vrai, rechercher une information fiable voire exacte de "Ce Qui Doit Se Passer" (par exemple parce que quelqu'un s'y est engagé), peut encore être en partie sécurisé. Par exemple à propos des gilets jaunes, on parlait l'autre fois de la différence entre l'information circulant sur Facebook, média totalement irresponsable, et celle des journaux papier, médias avec un directeur de la publication pénalement responsable en cas de mensonge avéré. L'un des deux a objectivement plus de chances de se tromper que l'autre ! Mais il n'empêche qu'avec le bien connu syndrome du "PFH" (le Putain de Facteur Humain), un journal (aussi sérieux et honnête soit-il) peut toujours être démenti le lendemain d'un truc qu'il a fortement affirmé, par l'action réelle de l'humain, par définition faillible et mouvante. Exemple : le dogme du "3 % max de déficit imposé par l'UE" est totalement indépassable un jour pour un certain Président de la République, et ce même Président de la République annonce le lendemain un "blast fiscal" à 10 milliards d'euros, en s'asseyant sur le même déficit, qu'il fait joyeusement péter pour calmer des mécontentements... Etonnant, non ?
Mais alors, quand il s'agit de prévoir des choses un peu plus complexes dans le monde du "Ce Qui Va Se Passer", il faut bien avouer qu'on vasouille encore plus complètement, même en déployant des moyens technologiques très importants. Je me suis fait cette réflexion après avoir pris en flagrant délit de ratage complet (et en prévision à moins de 24 heures !), deux sites web de prévisions météorologiques (dont l'un est payé par nos impôts...) ! C'est ainsi que ce samedi 19 janvier à midi, j'ai accepté de reporter une rando dans les Calanques au lendemain dimanche 20 janvier... puisque ces deux sites affirmaient de concert qu'il allait faire dimanche, pile le même temps que samedi et en l'occurrence, du beau temps ! Dimanche matin, constatant avec dépit qu'il faisait finalement, putain de merde, très gris, un peu humide et pas chaud du tout, je suis retourné rageusement voir les 2 sites qui, benoitement, annonçaient désormais qu'en effet, ce dimanche allait être gris, ah ben zut alors, désolé, on s'est trompés ! Il faut saluer en passant leur capacité à se mettre à jour en temps réel c'est-à-dire, s'agissant de prévisions météorologiques, absolument trop tard pour être utiles à quoi que ce soit.... La météorologie est donc une science de la prédiction, basée sur des mesures et des calculs et qui devrait être exacte en théorie, mais qui est développée par des outils imparfaits et donc, se trompe quand même en pratique...
A l'opposé du spectre, j'ai réalisé récemment que l'astrologie, que je tenais pour ma part depuis toujours (en scientifique de formation) pour une vaste fumisterie, et en tout cas pas pour une science, pouvait néanmoins produire des résultats tout à fait étonnants, si l'on observe son aspect per-for-ma-tif - j'ai découvert ce mot tout récemment, je l'avoue ! Verbe performatif (Larousse) : se dit d'un énoncé qui constitue simultanément l'action qu'il exprime - par extension, se dit d'une affirmation qui rend quelque chose vrai, ou encore plus vrai, juste en la disant... Si je te dis que tu es belle, tu vas probablement me sourire et donc le devenir, ou le devenir encore davantage... Ca marchera aussi si jamais tu me dis que je suis moche et que du coup, je me mets à tirer la gueule : ce sont des affirmations per-for-ma-ti-ves ! De même, prenez quelqu'un qui croit dur comme fer à son horoscope et donc, à l'astrologie : dites à cette personne le samedi 19 janvier, qu'elle va péter la forme ce dimanche 20 janvier, et il y a de grandes chances qu'elle aille quand même marcher dans les Calanques, même sous les nuages, parce qu'elle aura une patate d'enfer ! Au contraire, dites-lui qu'elle va être un peu déprimée et se sentir fatiguée ou "attention aux maux de tête" le lendemain, et il y a de grandes chances qu'elle passe sa journée du dimanche en pyjama, affalée dans son radassier avec un verre d'aspirine à la main, et ce même s'il fait beau dehors !
Démonstration éclatante (enfin, je trouve) : un même jour, l'intelligence numérique de dizaines de satellites géostationnaires et du plus gros calculateur de France, n'auront pas réussi à prédire à 24 heures le temps qu'il allait faire (puisque la météorologie n'est pas performative), tandis qu'un horoscope probablement écrit en copié/collé par un tâcheron (voire par un logiciel), aura pu prédire à des milliers de gens leur état de santé ressenti et donc au final, réel (puisque l'astrologie est performative...). Une science prédictive exacte mais qui ne marche pas si bien, contre une science prédictive fantaisiste mais qui ne marche pas si mal... C'est quand même un peu déstabilisant, même pour nous les cartésiens, non ?
Alors pour revenir à la musique (puisqu'un bon copain, après trois bières, m'a dit récemment qu'il trouvait que mes éditos récents parlaient vraiment de tout et n'importe quoi sauf de musique, ce qui est vrai) : avec 20 ans d'expérience de chroniques et une assez bonne connaissance de la scène musicale locale, j'ai la faiblesse de croire que le collectif de LiveinMarseille peut être, à sa façon, un média performatif également ! Si on vous annonce ici - connaissant les groupes à l'affiche, son lieu, ou son prétexte - qu'un concert va sûrement être génial, et si du coup vous y allez en étant convaincu qu'il va l'être... Et si en plus un ou plusieurs musiciens (nombre d'entre eux étant lecteurs de cette newsletter) ont lu aussi notre propos et y arrivent donc sur scène gonflés à bloc... Il y a d'assez fortes chances que le public soit encore un peu plus déchaîné (et donc, que l'ambiance ce soir-là soit encore meilleure), que les groupes soient encore un peu plus motivés (et donc, que la musique soit encore meilleure) et donc au final... que le concert que nous vous annonçions comme génial (ce qui reste théoriquement risqué bien sûr), s'avère effectivement ... vraiment génial !
Conclusion : vous devriez vraiment toujours aller voir les concerts dont Pirlouiiiit (ou quelqu'un d'autre) vous annonce ici qu'ils vont être géniaux, car il y a vraiment de fortes chance que ce soit... "Ce Qui Va Se Passer" !
Philippe
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Cette semaine à Marseille
On vous l'annoncait la semaine dernière, Fantazio, profitera d'être encore là au moins jusqu'à mardi pour se produire à l'Asile 404 avec Francesco Pastacaldi et Javier Campos Martinez pour un concert qui n'est plus surprise depuis quelques jours déjà. Attention, ouverture des portes à 19h30 et concert terminé à 22h maxi
Cette semaine j'ai été contraint de bouclé la newlsetter et l'envoyé ce soir (dimanche) pour être sûr d'insister sur le passage
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Sinon retrouvez toutes ces dates et les autres via :
https://www.concertandco.com/ville/marseille-aix/billet-concert-3.htm
si vous avez aimé Hank feat. David Lafore lisant l'Oiseau Bleu à la Meson samedi, vous aimerez surement la version chantée par Monsieur Vertigo à la Meson ce samedi
Et si la date de votre concert ou la programmation de votre lieu favori manquent n'hésitez pas à la/les rajouter via ce lien ici : https://www.concertandco.com/annonce.php
Le livre de la semaine
Moi ce que j'aime, c'est les monstres (My Favorite Thing Is Monsters) de Emil Ferris , chez Toussaint Louverture lu par Odliz
Moi ce que j'aime, c'est les monstres est cette épopée graphique dans le Chicago populaire des années 60 où la petite Karen Reyes tente de percer le mystère du meurtre de la mystique Anka, sa voisine juive, tout en se frayant un chemin entre les fantômes du passé, les loups garous qui la guettent derrière les murs de son appartement en sous-sol ou à l'école et les personnages-croquemitaines qui peuplent son quotidien.
Emil Ferris nous embarque dans un univers sans frontières où horreurs réelles, imaginaires voire fantasmées cohabitent sur le même palier. On se plonge dans l'Allemagne Nazie comme au cur des tableaux du musée, lieu repère de la narration, où l'inspiration naît et rebondit derrière l'apparent mutisme des huiles. Le microcosme de Karen est dépeint sans fard dans un onirisme débridé ; la volute de son regard sensible masque à peine l'alcoolisme, la pauvreté, la maladie ou la méchanceté gratuite qui rôdent au fil des pages. Ce qui n'empêche pas la tendresse, même bancale, de venir cautériser la plaie, sous le regard inquisiteur d'un félin mythologique ou d'un lapin protecteur.
Moi ce que j'aime c'est les monstres est le fruit d'un travail titanesque, pour lequel l'auteure a dû réapprendre à écrire, en se scotchant un stylo à la main, après qu'elle ait contracté le virus du Nil Occidental dans sa forme la plus destructrice. C'est peut-être de là d'où l'uvre tire sa force, une renaissance cathartique qui emmène l'héroïne marche après marche dans un voyage initiatique à travers les pages de ses illustrés horrifiques qui font tache d'encre sur son quotidien comme sur son enquête.
Une uvre majeure aux nombreuses distinctions dont on attend fébrilement la suite.
Crowdfunding de la semaine
* Usken se lance un projet de financement participatif pour le mixage et le mastering de son premier album ! A diffuser sans modération ! (en gros vous pouvez pré-acheter leur futur album voire plus). Allez on leur donne un coup de main car là ils ne sont qu'à 13%
par ici : https://fr.ulule.com/usken-album/
Clip de le semaine
Tellement emballé par le week-end / carte blanche d'anthologie de David Lafore je vous mets là la clip d'une de ses invitées (de samedi), à savoir Ottilie [B] dont j'étais sans nouvelles depuis longtemps et que j'ai retrouvée avec plaisir (et qui sera bientôt de passage à l'eolienne).
si le clip n'apparait pas cliquer ici